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Blé, attendre la dernière feuille pointante pour le diagnostic de nutrition azotée

Les blés sont actuellement entre épi 1 cm et 2 nœuds. Un apport trop précoce ne sera pas valorisé à l’optimum, mieux vaut attendre le stade dernière feuille pour ajuster la dose, avec, dans l’idéal, un outil de pilotage.

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Pour bien piloter, une seule recommandation : attendre au minimum le stade « dernière feuille pointante » avant de procéder au diagnostic de nutrition azotée. Pour l’apport, mieux vaut choisir les formes solides [ammonitrate, NexenTM/NelixTM, Utec®46], garantes d’une bonne valorisation de l’azote, en rendement comme en protéines.

Des conditions idéales pour piloter

Contrairement à l’année passée, les blés ont bénéficié d’une période pluvieuse fin mars (figure 1), induisant une efficience globalement correcte des deuxièmes apports d’azote.


Figure 1 : pluviométrie journalière, du 01/03 au 05/04/2015

Station météorologique de Fagnières (Marne). Source : Arvalis-INRA


Ces apports ont généralement été réalisés quelques jours avant l’arrivée de la pluie (figure 2).


Figure 2 : pluviométrie cumulée du 24/03 au 04/04/2015

Source : Arvalis-Météo France


Dans les situations où les producteurs ont anticipé fortement le deuxième apport d’azote en solution, par rapport au stade « épi 1 cm » [apports vers le 10-15 mars], les conditions sèches et venteuses des deux semaines suivantes ont provoqué des pertes par volatilisation. Les dernières références régionales montrent que, dans ces conditions climatiques, les pertes d’azote peuvent s’élever jusqu’à 20 % de la dose appliquée pour la solution azotée.

Quelle que soit la date du deuxième apport d’azote, anticipée ou non, le diagnostic de nutrition azotée réalisé avec les outils de pilotage (Farmstar, N-tester,…). intégrera les conditions de valorisation.

Ne pas précipiter les apports

Avec souvent 1 000-1 200 tiges >3 feuilles/m² dénombrées cette année dans les essais Arvalis-Institut du végétal, le potentiel d’épis/m² n’est pas limitant. Un troisième apport d’azote trop précoce [au stade « 2 nœuds »], peut entraîner une consommation de « luxe », en alimentant des tiges qui, soit ne monteront pas à épis, soit feront très peu de grains. Rappelons que la densité optimale d’épis pour notre région est de 600 à 650 épis/m², avec des records à 800-850 épis/m², donc bien loin des comptages de tiges réalisés cette année.

Du point de vue de la dynamique de nutrition des blés, on observe souvent des besoins réels en azote à partir du stade « dernière feuille ». Avant ce stade, l’azote du deuxième apport est encore en cours d’absorption par les plantes. Un diagnostic de nutrition azoté trop précoce est donc inutile.

Valoriser au mieux le potentiel des blés en rendement et protéines

Entre un objectif de rendement calculé au mois de février sur la base des cinq dernières années, et le potentiel de vos blés fin montaison, il peut y avoir des écarts significatifs. Le pilotage du troisième apport d’azote constitue un levier important pour adapter la dose d’azote au potentiel de production et de qualité [teneur en protéines]. C’est une réelle voie de progrès, car, selon une enquête réalisée en 2014, seulement 25 % des parcelles de blé sont pilotées !

Concernant la stratégie d’apport [date/forme], un troisième apport en ammonitrate à dernière feuille comparé à un apport en solution azotée à 2 nœuds, permet de gagner en moyenne 2 à 3 q/ha et 0,3-0,5 % de protéines.

Alexis DECARRIER, Philippe HAUPRICH (Arvalis – Institut du végétal)

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