Jérôme Hary et deux des associés de la Cuma des Quatre chemins, dans le Nord, projettent de réduire des deux tiers la consommation de produits phytosanitaires sur les 100 hectares de betteraves qu’ils cultivent. Ils créent un groupement d’intérêt économique et écologique pour faire reconnaître leur projet.
La performance écologique, n’est pas l’apanage des agriculteurs convertis à l’agriculture biologique ou à l’agriculture extensive. Producteurs de 100 hectares de betteraves dans le Nord, Jérôme Hary et deux de ses collègues de la Cuma des quatre chemins, la recherchent depuis des années.
Aussi, l’objectif de réduire de deux tiers, la consommation de produits phytosanitaires sur leurs cultures de betteraves en deux ans et demi n’est qu’une nouvelle étape du projet environnemental de leur exploitation. Et le groupement d’intérêt économique et environnemental (GIEE), qu’ils ont créé, a été l’occasion de formaliser leur initiative.
« Quand nous avons appris leur création, nous n’avons pas hésité à adhérer au dispositif », déclare Jérôme Hary.
Le site internet du ministère de l’Agriculture lui rend hommage : « Son projet s’inscrit complètement dans la philosophie du programme de transition collective de l’agriculture française du ministère de l’Agriculture tout en maintenant le niveau de production et la rentabilité financière des exploitations ».
Sur l’exploitation, les résultats obtenus et l’expérience acquise profiteront évidemment aux autres associés de la coopérative, mais ils seront aussi diffusés par la Fédération régionale des Cuma auprès des autres Cuma de la région Nord Pas-de-Calais et de leurs membres.
Sur les parcelles de betteraves de Jérôme Hary, le désherbage est à la fois mécanique et chimique. Il est mécanique entre les rangs et chimique sur les rangs. Au total, cinq à six passages (3 x 2, ou 2 + 3) sont nécessaires durant chaque campagne.
La réussite de cet itinéraire technique exige beaucoup de vigilance. Le désherbage mécanique n’est efficace que si les adventices ne sont pas trop enracinées et si il est opéré par temps sec. Et le désherbage chimique est possible tant que les feuilles de betteraves ne font pas écran sur les adventices. Le pulvérisateur employé est un prototype doté d’une rampe de 18 mètres spécialement construit pour répondre aux besoins de Jérôme.
Financièrement, Jérôme Hary n’escompte aucun bénéfice particulier. L’économie de produits phytosanitaires attendue sera compensée par des frais de mécanisation supplémentaires (davantage de passages sont nécessaires, usure accélérée de la bineuse) et par le coût en plus de la main-d’œuvre consacrée aux parcelles de betteraves.
Jérôme Hary ne s’attend pas non plus à bénéficier d’aides supplémentaires puisque le programme de développement régional du Nord Pas-de-Calais ne prévoit pas de financement spécifique pour les GIEE. Mais il pense que son groupement permettra à sa Cuma et à l’ensemble des associés d’être prioritaires pour recevoir des subventions à l’acquisition de nouveaux matériels nécessaires pour poursuivre la mutation de leur exploitation. Par exemple, l’achat d’une nouvelle bineuse pour remplacer celle qui est actuellement utilisée.
En fait, le GIEE renforce la démarche avant-gardiste adoptée par Jérôme Hary depuis qu’il est à la tête de son exploitation, visant à anticiper les nouvelles réglementations environnementales.
Ainsi, depuis plus de 10 ans, le groupe d’agriculteurs s’est engagé dans une démarche d’évolution des pratiques plus respectueuses de la vie du sol, ou de la qualité de l’eau : non labour, réduction des intrants sur blé, désherbage mécanique sur blé et colza, allongement des rotations avec introduction de cultures légumières…
Selon Jérôme Hary, cette stratégie d’anticipation est efficace pour rendre chaque nouvelle règle instaurée moins contraignante. « Car quoi qu’on en pense, « l’écologisation » de l’agriculture est incontournable ».
En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/la-bonne-methode-pour-desherber-les-betteraves-sucrieres/1079 (WikiAgri avait déjà interviewé Jérôme Hary, sur le désherbage des betteraves).
Ci-dessous, un passage avec l’Ecopulv 36.
De gauche à droite : Guillaume Balique, Hélène Lepève, et Jérôme Hary, céréaliers et betteraviers.