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La bonne méthode pour désherber les betteraves sucrières

Désherber des betteraves sucrières a toujours eu la réputation d’être une opération délicate. Trop tôt, et vos betteraves passent de vie à trépas. Trop tard et vos parcelles ressemblent à tout sauf à un champ de betteraves…

Ajoutez le plan Ecophyto 2018 et ses réductions de dose, vous avez réussi à démotiver la plupart des planteurs. Pourtant une réponse semble se dessiner, combiner le désherbage sur le rang avec le binage entre le rang.

Le binage, une technique ancestrale

Le binage et son action mécanique de désherbage sont connus depuis longtemps. Quasi oublié dans les années 1990, le procédé retrouve des adeptes dans certaines cultures notamment en agriculture biologique, où il reste le seul moyen efficace de désherbage. Des progrès ont été réalisés pour guider la bineuse au champ et permettre de réaliser un binage avec une seule personne. La réalisation d’une trace au sol par le semoir offre un guidage de qualité correcte de la bineuse lors de son passage. L’usage d’un système de caméra permettant de suivre le rang donne de bons résultats. L’auto-guidage du tracteur avec un montage rigide de la bineuse sur le tracteur est maintenant une réalité si on utilise un guidage RTK.

Le binage trouve ses limites sur le rang où la bineuse n’a pas d’action. Il reste donc un intervalle d’une douzaine de centimètres où se situe la betterave mais aussi des adventices parfois redoutables comme le chénopode. Jérome Hary, agriculteur et planteur de betteraves essaie depuis maintenant trois ans d’apporter une réponse simple à cette difficulté avec son Ecopulve.

Désherber uniquement le rang de betteraves

Sensible aux préoccupations de la société mais aussi à l’économie, Jérome Hary a créé sa machine faute de l’avoir trouvée sur le marché. Exploité au sein de la Cuma qu’il anime, l’Ecopulve 12 rangs (soit 5,4m rangs) désherbera plus de 90 hectares de betteraves avec 3 passages durant la campagne 2014.

Une des premières questions qui vient est : « Pourquoi ne pas avoir combiné les deux opérations de désherbage et de binage sur une seule machine ? » La réponse technique est implacable : selon Jérome Hary, « ce sont deux opérations incompatibles en désherbage de betteraves. Il faut désherber tôt le matin avec une hygrométrie élevée pour faire jouer au mieux les matières actives et biner par temps sec l’après-midi pour éliminer au mieux les adventices.« 

L’usage de désherbants de dernière génération du type Betanal Booster semble apporter les meilleurs résultats techniques. Les solvants performants associés à une matière active souvent connue permettent d’en tirer le meilleur parti et finalement de minorer le coût de l’intervention grâce à une dose minorée des deux tiers.

Bien gérer le traitement sur le rang

Il a fallu également adapter la pulvérisation en utilisant des buses avec un angle de projection de 40°. Afin de projeter la bouillie sur environ 17 cm de large. Une des difficultés spécifiques est l’absence de recroisement entre les buses. Cela a pour conséquence directe de rendre inégale la dose sur la largeur de projection, Jérome Hary estime que l’application n’est réellement efficace que sur 15 cm de large. Il est donc nécessaire de bien régler la rampe et de vérifier la bonne projection. Une fois ces précautions prises, l’Ecopulve suit la trace réalisée par le semoir.

La dose de bouillie est donc réduite dans les mêmes proportions avec seulement 40l/ha sur un tiers de la surface. Sur la pleine largeur, cela reviendrait à appliquer 120l/ha soit une dose assez conventionnelle.

Un chantier confortable grâce au guidage RTK

Si l’Ecopulve est guidé par une trace au sol, le tracteur lui profite d’un autoguidage RTK. Cela donne un confort de conduite autorisant à surveiller de façon permanente l’ensemble, sans devoir se concentrer sur le volant. Le tracteur suit sa trajectoire et limite ainsi la correction à apporter sur la rampe, particulièrement en dévers ainsi que sur les petits incidents de parcours pouvant se présenter durant le chantier. La vitesse du chantier peut s’établir à environ 13 km/h.

Biner efficacement

Réussir son binage, c’est aussi intervenir au moment opportun. Cela nécessite de réunir les bonnes conditions météorologiques mais surtout de bien raccorder la zone de traitement chimique avec le binage. Laissez un espace libre et vous ne manquerez pas de voir des chénopodes dans votre champ ! C’est le constat réalisé par Jérome Hary en 2013 avec une rampe légèrement trop basse de 2 cm, des socs de bineuse légèrement usés et un printemps humide peu favorable à l’intervention.

Un bilan très flatteur pour la réduction de dose

L’application de la dose sur un tiers de la surface permet d’utiliser un tiers de produit par rapport à une solution de pulvérisation conventionnelle. Au final, seule 40 l/ha de bouillie sont appliquées à la dose recommandée par le prescripteur. Ecophyto 2018 est déjà une réalité pour les pionniers de l’agriculture durable.

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