eta 10 semaine 33 couverture

ATS: Plus d’intelligence dans les pratiques.

Ludovic Renon à la tête de ATS basé dans le Nord s’implique fortement visà vis de ses clients pour les aider à prendre leur indépendance économique et à trouver les pratiques créatrices de valeur dans leurs exploitations.

Ludovic Renon n’est certainement pas un entrepreneur comme les autres. Son truc à lui, c’est la technique – le conseil. Avec ses clients il est capable de discuter pendant des heures de rations de vaches laitières, mais également de marge brute et bien sûr d’agronomie. « Tout est circulaire en agriculture et pour nourrir les animaux, il faut d’abord s’intéresser aux sols », explique le jeune entrepreneur basé dans l’Avesnois au Petit Fayt au cœur de la « Suisse du Nord », réputée pour ses herbages, et sa production de Maroilles. La proximité technique qu’il a su créer est visiblement attendue par les agriculteurs qui sont de plus en plus nombreux à lui faire confiance. Depuis onze ans que le jeune entrepreneur s’est installé seul à son compte, il a fortement développé son activité et compte aujourd’hui huit salariés à temps plein. 

« Avant de devenir entrepreneur en 2007, j’ai bourlingué presque15 ans à essayer de trouver des terres et une ferme pour m’installer. Je voulais devenir éleveur, mais lorsqu’on est hors-cadre cela reste très difficile. Finalement c’est grâce à deux amies que j’ai trouvé l’opportunité de reprendre du matériel auprès d’une ferme qui cessait son activité et de devenir ainsi entrepreneur », retrace Ludovic. A l’écoute du terrain depuis le départ, le jeune homme s’est très vite orienté au service des éleveurs et notamment par la maîtrise de la chaîne verte et des fourrages.

Ludovic ne se contente pas d’être à l’écoute. Derrière une demande, il creuse la problématique du producteur pour identi- fier comment il pourra lui rendre au maximum service, quitte à proposer des solutions nouvelles. « Je suis avec eux pour détricoter pas mal d’idées reçues ou de dogmes qu’on a pu leur mettre dans la tête. Encore aujourd’hui, la charrue est souvent passée de façon systéma- tique et ils sont incités à appliquer de lourds programmes de protection phytosanitaires. Pourtant aujourd’hui les agriculteurs n’ont plus le choix. Pour gagner un peu de compétitivité, ils doivent mettre plus d’intelligence dans leurs pratiques et prendre plus d’indépendance. Si je parviens à les amener dans cette voie c’est une grande réussite pour moi. J’ai tout à gagner avec des clients libres de leurs choix éco- nomiques. C’est la base pour créer une relation gagnant gagnant, d’entrepreneur à entrepreneur ». Cette attitude bouscule parfois les clients dans leurs pratiques et leurs habitudes, mais ils appré- cient le regard neuf que Ludovic leur apporte. Le juge de paix c’est souvent la calculette qu’il brandit volontiers, « à condition que le producteur accepte de bien vouloir tout comptabiliser pour pouvoir comparer ce qui est comparable ».

Pour dénicher les fameuses prestations créatrices de valeur dans les exploitations, Ludovic sort en effet beaucoup sa calculatrice, discute avec les clients, se documente ou crée des liens avec les conseillers en agronomie ou en zootechnie. Ce travail l’a amené récemment à reconvertir ses semoir vers l’agriculture de conservation. Il fallait oser prendre ce virage mais l’entrepreneur ne le regrette pas et a même été plus loin en investissant encore plus récemment dans un semoir dédié au semis direct. « En matière de matériel, je fais aussi très attention à bien différencier ce qui tient plus du marketing que de véritables innovations, confie le jeune chef d’entreprise. Une chose est certaine, je n’embête pas mes clients avec les questions de machinisme. J’estime que mon rôle d’entrepreneur est aussi de prendre tous les questionnements en matière de matériel à ma charge ».

Ludovic organise régulièrement des journées techniques à thème pour ses clients. Lors de la dernière consacrée à l’agri- culture de conservation s’est noué par hasard un nouveau partenariat. « Un céréalier de la salle a émis l’idée qu’il faudrait nouer des contrats avec les éleveurs pour valoriser les couverts d’in- tercultures. Cette proposition est aussitôt tombée dans l’oreille d’un éleveur ayant des besoins fourragers. Le lien entre les deux produc- teurs s’est fait ce jour-là. Quant-à moi, demain, je m’occuperai des travaux de semis et de récolte de ces couverts ».

Texte et photo: Alexis Dufumier

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