Selon les conditions pédoclimatiques, selon les risques propres à chaque parcelle, un programme de lutte contre les maladies fongiques se raisonne sur-mesure pour concilier protection et performances économiques.
Même si, cette année, les pluies de juillet ont perturbé les moissons, les maladies fongiques ont causé peu de dégâts sur les céréales. Une tendance qui confirme les résultats des dernières années, avec des printemps chauds et secs. Arvalis estime « les pertes de rendement du blé liées aux maladies sur la période 2004-2016, en moyenne, à 18 q/ha dans nos essais, contre 12 q/ha sur les six dernières années. Deux paramètres pourraient expliquer cette évolution : un paysage variétal plus résistant et des printemps plus secs ».
S’il y a une moindre pression maladies, alors que les prix des fongicides sont en nette hausse, se pose la question de la stratégie à tenir : faut-il la raisonner à la dose ou à la dépense, ou encore profiter des cours des céréales soutenus pour aller chercher les derniers quintaux en maximisant sa protection fongique ? Arvalis a simulé les trois stratégies, qui, au final, se valent à 8 €/ha près dans un contexte de pression maladie moyenne et de prix du blé à 30€/q. Le bon niveau des cours a permis d’absorber la hausse du prix des fongicides.
Arvalis conseille de bâtir sa stratégie fongicide en 3 étapes. La première, en amont de la culture, est de limiter la pression parasitaire, en combinant différents leviers agronomiques : rotation, broyage et enfouissement des résidus, destruction des repousses, choix variétal (c’est la mesure la plus efficace, qui demande d’avoir bien évalué les risques à la parcelle pour choisir des variétés présentant des résistances aux maladies ayant le plus de conséquences), date et densité de semis. Puis, il est recommandé d’évaluer a priori le risque de maladies fongiques, en fonction des situations agronomiques et de la variété. Les sensibilités de la variété, le contexte de la parcelle, le système de culture donnent une indication sur le risque de nuisibilité des maladies fongiques. Selon le niveau de risque, il sera possible d’envisager une stratégie permettant de maximiser le retour sur investissement.
La 2ᵉ étape de sa stratégique fongique sera de construire son programme de traitements en fonction de la nuisibilité attendue et du retour sur investissement envisageable. Si les fongicides sont chers, mais que le cours du blé est bas, il n’est pas opportun d’investir dans ses traitements pour aller chercher les derniers quintaux. En revanche, un cours haut, comme actuellement, peut rendre cette stratégie rentable.
Arvalis recommande de bâtir son programme sur une base septoriose. Puis, pour les variétés sensibles à la rouille brune, il faudra privilégier les produits qui ont la double efficacité. Ce programme sera complété selon les risques piétin verse, rouille jaune et fusariose.
De moins en moins, le traitement T1, au stade 2 nœuds, est systématique. Il ne doit être appliqué qu’en cas de risque septoriose. Si ce risque est faible, il est possible de s’en passer. Un risque modéré peut être géré à dose réduite ou avec un produit de biocontrôle.
Le deuxième traitement ou T2, au stade « dernière feuille étalée » est le pilier de la protection. C’est lui qui assurera le gain de rendement.
Au stade « début floraison », un 3ᵉ traitement à base de prothioconazole ou tébuconazole sera nécessaire pour protéger les grains en cas de risque fusariose.
Pour enrayer la montée des souches résistantes, il est nécessaire d’alterner les modes d’action. Sur une même parcelle, il ne faut pas appliquer plus d’un SDHI, d’un prothioconazole, d’un fenpicoxamid, d’une strobilurine par campagne. Il faut également alterner les triazoles au cours de la saison et, si possible, éviter d’utiliser 2 fois la même matière active. Il est également recommandé d’introduire, dans la mesure du possible, de nouveaux modes d’action (fenpicoxamid) et d’utiliser dans le programme, au moins un ou deux produits de contact comme le soufre, ou multisites, comme le folpel ou le phosphonate de potassium, pour alterner les modes d’action.
La 3ᵉ étape de sa stratégie fongique est de l’ajuster en cours de campagne. L’observation des symptômes et la prise en compte du contexte de la parcelle (conditions météorologiques, date de semis, gestion des résidus…) guident l’ajustement des doses et produits en fonction de la pression réellement observée. Plusieurs outils aident à cette adaptation. Il y a les Bulletins de Santé du Végétal qui donnent des tendances pour sa région. Pour plus de précisions, il existe différents Outils d’Aide à la Décision. Grâce à des modèles agro-climatiques, ces OAD établissent des prévisions à la parcelle sur les cinq principales maladies (piétin verse, septoriose, rouille jaune, rouille brune et fusariose). À compléter par des observations à la parcelle pour une adaptation au plus juste de sa stratégie de protection face aux maladies fongiques.