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Smarpthone, tablette, application: « L’appropriation des outils numériques est circonstancielle »

Les agriculteurs n’ont pas échappé à l’essor du numérique. Les nouvelles technologies sont avant tout adoptées par nécessité même si elles parviennent parfois à se rendre parfois indispensables. 

 

Tous les agriculteurs sont équipés d’appareils numériques. « Pour autant, il n’y a jamais eu de révolution numérique dans les exploitations, affirme le 26 novembre dernier, Caroline Mazaud, enseignante-chercheur en sociologie d’Agro-campus ouest d’Angers. L’utilisation des outils disponibles se fait par tâtonnement ».

Ce jour-là, l’enseignante présentait les résultats d’une étude réalisée, à partir d’enquêtes effectuées auprès de centaines d’agriculteurs, pour comprendre comment ces derniers s’approprient les appareils numériques qu’ils achètent à titre personnel et pour faire fonctionner leur exploitation. Caroline Mazaud participait alors à la conférence sur le thème « Les innovations au service de l’agriculture – Opportunités et risques émergents » organisée par Groupama et Unilassale. Une des séquences portait alors sur « Les innovations technologiques et agro-écologiques ».

Dans les exploitations, au bureau, certaines tâches courantes sont numérisées (consultations des comptes bancaires, télédéclaration pac). L’éloignement des centres administratifs et la disponibilité 24/24 des services internet poussent les agriculteurs à s’approprier les outils numériques mis à leur disposition pour entreprendre les démarches nécessaires.

Mais de nouveaux besoins surgissent au fil du temps. L’exigence de traçabilité imposée par les cahiers de charges de certaines filières de productions labellisées ou l’essor de l’agriculture de précision conduisent les agriculteurs à se familiariser avec de nouvelles applications numériques.

Pour Nadia Bretagnolle du réseau Trame, « l’appropriation des outils numériques est en fait circonstancielle ». Lors de la première période de confinement en 2020, les réunions des groupements de développement agricole (Ceta, Gda) s’étaient tenues en vidéoconférences car leurs membres tenaient à poursuivre leurs activités. Certains avaient alors doté leur ordinateur de micros et de caméras pour suivre ces réunions. Et les autres déjà équipés, en participant à ces réunions, ont simplement étendu l’usage professionnel de leurs appareils numériques.

« Mais dès que les mesures de confinement ont été levées, les agriculteurs ont désiré se retrouver réunis sur le terrain, en face à face », souligne Nadia Bretagnolle. Aujourd’hui, les formats des réunions sont mixtes. Ils combinent l’échange de données par internet et des rendez-vous en face à face sur le terrain.

D’après Caroline Mazaud, l’appropriation des technologiques numériques n’est pas une question d’âge ou de génération mais de formation. Au sein d’une même classe d’âge, les agriculteurs les plus formés sont les plus équipés.

Mais surtout l’appropriation des technologies numériques repose sur le rapport de chaque agriculteur à l’innovation et sur leur aversion au risque.

Or une innovation ne constitue un progrès que si elle est adoptée et si les risques qu’elle suscite sont maitrisés. Aussi, pour lever ces obstacles et éviter l’émergence d’une fracture numérique entre agriculteurs, une seule méthode s’impose: l’information et surtout la formation.

Parfois, le coût et la rentabilité des outils numériques freinent  leur diffusion. Pour certains agriculteurs, leur essor est une perte de sens et donne une image au métier d’agriculteur qui ne leur correspond pas. Alors que d’autres craignent être victimes d’un mauvais usage des données qu’ils seraient amenés à collecter et à transmettre. Celles-ci pourraient en effet être détournées de leur objet.

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