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Apport azoté sur blé tendre, minimiser les risques de mauvaises valorisations

Les précipitations annoncées dans les prochains jours sont faibles voire nulles pour valoriser le second apport d’azote sur blé tendre. Le point sur la conduite à tenir selon le stade et l’historique de fertilisation de la parcelle.

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Après un climat exceptionnellement doux depuis les semis, le mois de mars est jusqu’à ce jour frais pour la saison. Conséquences : l’arrivée du stade épi 1 cm est très échelonné selon les parcelles, toutefois la majorité des parcelles de la région devraient arriver à épi 1 cm entre le 21 et le 25 mars.

Figure 1 : offre climatique sur blé tendre depuis le 20 octobre 2015 – Station Caen Carpiquet

A ce jour, la campagne 2016, l’année la plus chaude depuis 1998 en étant très proche de 2007.

Quelle conduite à tenir ?

Toutes les parcelles n’ont actuellement pas les mêmes besoins immédiats en azote. L’urgence d’intervention dépend du stade des cultures et de l’engrais qui a éventuellement déjà été apporté.

Dans les situations où les besoins sont actuellement pourvus, il n’y a pas d’urgence pour apporter l’azote et il est préférable d’attendre des conditions plus favorables à l’assimilation rapide de l’engrais. En effet, les conditions météo actuelles ne sont pas favorables à une bonne valorisation de l’engrais azoté (temps sec et vent desséchant). Lorsque c’est possible, il est préférable de déclencher la fertilisation en s’appuyant sur les prévisions météo. Positionner l’apport juste avant une pluie garantit une valorisation maximale de l’engrais, en particulier pour les formes d’engrais les plus sensibles à la volatilisation comme la solution azotée et l’urée non protégée.

Pour les parcelles ayant atteint ou qui vont atteindre le stade épi 1 cm dans les prochains jours

(La distance entre le plateau de tallage et le sommet de l’épi doit être au minimum de 1 cm).

– Si un premier apport a déjà été réalisé
Si un premier apport a été apporté avant les pluies de la semaine dernière, attendre des conditions plus favorables pour apporter le complément.

– Si aucun apport n’a été effectué à ce jour
Pour les apports sous forme solide, il est conseillé de fractionner l’apport prévu à épi 1 cm en deux apports afin de répartir le risque de mauvaises valorisations vis-à-vis des conditions climatiques actuelles.

Pour le premier apport : intervenir avec une dose d’azote correspondant à 50-60 % de la dose prévue à épi 1 cm puis réaliser le second apport dès que les conditions climatiques seront favorables à une bonne valorisation de l’azote et au plus tard au stade 1-2 nœuds de la culture. L’objectif est de pouvoir avoir un minimum d’azote absorbé et pouvoir bénéficier peut être de rosées ou de faibles pluies pour une valorisation qui ne sera de toute façon pas optimale.

Pour les apports sous forme de solution azotée, il est déconseillé de faire un apport actuellement les conditions climatiques sont trop mauvaises et les risques de brûlures de feuilles trop importants.

Pour les parcelles qui sont encore en cours de tallage

Si possible, attendre qu’une pluie significative soit annoncée pour apporter l’engrais azoté. En l’absence de pluie, il est inutile de fractionner l’apport prévu autour du stade épi 1 cm. Il est préférable dans ce cas de privilégier les conditions d’application et de tout apporter en une seule fois juste avant la pluie.

Dans tous les cas :
– Il est important que le solde de votre second apport soit épandu et valorisé au plus tard au stade 2 nœuds, afin de réaliser un diagnostic de nutrition azotée pertinent à la fin de la montaison au stade dernière feuille étalée.
– Penser à reporter 40 kg N/ha pour piloter un apport à dernière feuille.

Année atypique, pilotage systématique !

Cette année est atypique à plusieurs titres : peu de pluies, minéralisation assez élevée et reliquats azotés dans la moyenne avec des fortes disparités, quantités d’azote absorbées par les céréales pendant l’hiver assez importantes. Dans la méthode du bilan, ces différents éléments conduisent assez souvent à des doses totales d’azote prévisionnelles moyennes à faibles.

De nombreux essais ont démontré que la dose totale d’azote calculée a priori par la méthode du bilan ne permet d’être à la dose optimale a posteriori que dans 1/3 des situations.

Pour doubler les chances d’appliquer la bonne dose d’azote, correspondant aux besoins réels des cultures en fonction du scénario climatique de l’année, il est vivement conseillé de piloter le dernier apport d’azote.

Message rédigé par Arvalis – Institut du végétal avec l’appui des techniciens d’Agrial, de la coopérative de Creully et de D2N.

 

Sabine Battegay, Elodie Jouanneau, Benjamin Pointereau (Arvalis – Institut du végétal)

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