levage de volailles

Volailles, plus de viande consommée, mais de moins en moins « made in France »

Les filières avicoles ne résistent pas à la déferlante de la restauration hors domicile. Elle a jeté son dévolu pour les préparations de volailles bon marché et importées au détriment de la production française.

Toutes espèces confondues, la production française décline depuis 2007, hormis celle de poulets. Celle-ci stagne mais la consommation de viande a augmenté de 33 % en 8 ans. 4,3 poulets consommés sur 10 ne sont pas produits en France contre 3,5 en 2007 !

Les derniers chiffres connus du commerce extérieur publiés ce mois-ci par le service de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture (Ssp) témoignent, une nouvelle fois, la dégradation structurelle des filières avicoles.

« Au mois de février, les exportations de viandes et préparations de volailles sont en fort repli (- 6 %), sous l’effet de la baisse importante des livraisons de viandes de poulet (- 8 %) et dans une moindre mesure de viandes de dinde (- 2,1 %) … De leur côté, les importations de viandes et préparations de volaille augmentent (+ 6,3 %), sous la forte impulsion des achats de viande et préparations de canards (+ 35 %, soit 57 tonnes équivalent carcasse de plus) de Bulgarie et de Hongrie. »

La France est le 4e pays européen exportateur de viandes de poulet avec plus de 400 000 tonnes, loin derrière les Pays-Bas et la Pologne. Mais son positionnement commercial est quelque peu paradoxal. Elle demeure le premier exportateur européen de viande vers les pays tiers, notamment grâce aux ventes vers le Moyen- Orient.

Malgré la fin des restitutions à l’export, les ventes hors de l’Union ont même progressé en huit ans de 68,8 000 tonnes équivalent carcasse (téc). Mais les livraisons intra européennes ont diminué de 17 000 téc et les importations ont crû de 205 000 téc.

C’est sur le marché européen que la France s’est approvisionnée pour faire face à la hausse de la consommation de viandes de volailles, hors domicile essentiellement.

« En 2015, la consommation française de poulets de chair calculée par bilan progresse de plus d’un tiers par rapport à 2007 et de 3 % par rapport à 2014. Le succès de la viande de poulet auprès des consommateurs ne se dément pas : prix raisonnables, absence d’interdit religieux et bonnes  qualités gustatives. Comme la consommation à domicile n’a progressé que de 16 %, son dynamisme  provient certainement d’une demande active en viandes de poulet de la RHD (restaurants et restauration collective) », explique le Ssp.

Bonmarché, cette viande est issue d’élevages industriels et découpée à moindres frais dans les pays où la main d’oeuvre est moins onéreuse qu’en France.

Depuis 2007, les importations de poulets de Pologne ont été multipliées par 6 et celles d’Allemagne par 2,6 et des Pays Bas par 1,8.

Résultat, les Français mangent plus de volailles tout en consommant moins français et plus européen.

Pour les autres volailles, les soldes production/consommation se sont aussi détériorés. Fortement pour la dinde et de façon plus mesurée pour les canards. Mais surtout, la production de viande de dinde (-25 %) a baissé plus vite que la consommation (-12 %). Résultat, la France exporte 44 % de viande dinde en moins (84.000 téc contre 150.000 téc) mais elle importe 23% de plus.

La Pologne et l’Espagne ont multiplié par quatre leurs ventes et l’Allemagne de 65 %. Même si le marché à l’import français porte sur des volumes 10 fois moins élevés que le poulet, cette évolution est significative.

Pour la viande de canard, la tendance est similaire. La consommation a reculé de 8 % mais les importations ont augmenté de 29 % et les exportations ont baissé de 22 %. « Le recul concerne surtout l’Union européenne (- 13 200 téc). Sur un volume plus restreint, les ventes vers les pays tiers accusent seulement une légère baisse (- 600 téc)… Les importations progressent notamment en provenance des fournisseurs historiques de la France, comme la Bulgarie et la Hongrie (plus de 900 téc supplémentaires chacun), mais aussi depuis la Belgique qui double ses expéditions, soit un millier de téc de plus », souligne le Ssp.

La viande de pintade fait exception. La diminution des achats des Français est de 2 500 téc depuis 2007, mais elle a été intégralement (et même au-delà) compensée par des exportations en hausse, de plus de 119 %.

 

En savoir plus : http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/conjsynt285201604avic.pdf (l’enquête complète sur la filière volailles du service de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture).

Ci-dessous, élevage de volailles, photo issue du site Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/59654844.

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