mouton vache

Viande, en France le déconfinement épargne les filières ovine et bovine

Depuis le déconfinement, les Français continuent à privilégier la viande française de mouton et de bœuf alors que les importations se sont effondrées. Les producteurs d’ovins vivent des jours meilleurs après des fêtes pascales catastrophiques. En production bovine, les cours étaient déjà faibles avant le confinement.

Depuis quelques semaines, les cours de l’agneau sont supérieurs à ceux de l’an passé à la même époque. Le kilogramme de carcasse valait 6,56 € entre le 1er et le 7 juin, soit 9 % de plus que l’an passé, selon l’institut de l’élevage. La demande de viande alors l’offre est limitée. Car même s’ils n’ont pas profité des fêtes de Pâques pour bien vendre leurs agneaux, les éleveurs étaient néanmoins parvenus à vider leur bergerie.

Une hausse du prix de la viande ovine qui a surpris

En fait, la hausse des prix de la viande ovine observée après les fêtes de Pâques est inhabituelle. Elle a surpris aussi bien les professionnels que les éleveurs de la filière. Car la production ovine française est très saisonnière, avec une offre abondante à chaque printemps jusqu’à la sortie des agneaux laitiers. Et les fêtes pascales sont tombées en pleine période de confinement. Aussi, moins de viande d’agneaux a été consommée que les autres années, les restaurants ayant été fermés. Et l’heure n’était pas aux réjouissances dans les foyers.

En conséquence, les cours se sont inévitablement effondrés (- 50 centimes par kilogramme de carcasse). Et sans la forte baisse des importations de viande ovine d’Outre-Manche et d’Océanie (- 18 % en mars et -27 % en avril dernier par rapport à l’an passé), le recul des prix aurait peut-être été plus fort puisque les marchés auraient été engorgés.

Mais la crise sanitaire n’est pas la seule raison du recul des importations de viande ovine. Sur les trois premiers mois de l’année, les exportations du Royaume-Uni ont chuté de 15% par rapport à 2019. Les éleveurs britanniques avaient moins d’animaux à vendre qu’habituellement car l’an passé, ils ont anticipé le Brexit en décapitalisant leur troupeau et en vendant une grande partie de leur cheptel. Ceci dit, ils n’ont pas échappé à une baisse des cours, victimes du contrecoup de la pandémie du Covid-19 qui sévissait déjà en Chine : la Nouvelle-Zélande expédiait sur les iles britanniques la viande qu’elle ne parvenait plus à vendre à l’empire du milieu, confiné depuis le mois de février. 

Pour autant, les importations océaniennes de viande ovine ne constituent plus une menace aussi importante que par le passé. L’Australie et la Nouvelle-Zélande voient leur offre réduite par des mois de sécheresse alors que la demande de viande est soutenue par le marché chinois.

Depuis l’émergence de la peste porcine, la viande de porc qui n’est plus consommée et produite est entre autres remplacée par de la viande ovine et bovine importée. Mais la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont néanmoins été confrontés à d’importants problèmes logistiques pour expédier leurs animaux. Faute de débouchés, le prix de la viande ovine a plongé en Nouvelle-Zélande.

Finalement, le confinement ne s’est pas traduit par des baisses significatives de la production française. Certes, les Français ont consommé moins de viande de mouton mais ils ont consommé essentiellement de la viande issue d’animaux nés et élevés en France.

En avril, 440 100 agneaux et 43 000 animaux adultes ont été abattus (un effectif en baisse de 3% et de 1 % par rapport à 2019). La hausse des poids de carcasse a limité la baisse de la production d’agneau (7 900 téc) à 2 %.

Les Français toujours affamés de viande bovine

Alors que les Français achètent toujours plus de viande bovine que l’an passé (les achats de viande hachée réfrigérée ont augmenté de +15 % par rapport à 2019 en semaines 20-22, soit la deuxième quinzaine du mois de mai), le disponible consommable baissait. Pour le seul mois de mars, il avait reculé de 12 % (pas de chiffres réactualisés depuis), souligne l’Institut de l’élevage. La part des imports dans le disponible consommable est ainsi passé de 21% en février à 17% en mars (hors variation de stocks).  En volume, seules 20 000 téc étaient importées contre 27-29 000 tonnes habituellement.

Par ailleurs, l’offre nationale de viande s’est aussi contractée même si la décapitalisation du troupeau allaitant s’est ralentie. Les éleveurs ont retardé de presque 10 jours la mise en vente de leurs jeunes bovins. (16 400 animaux concernés).

A l’export, les broutards se sont bien vendus. Les exportations vers l’Italie ont progressé de 0,8 % au cours des cinq derniers mois. Les Italiens n’ont pas cessé de consommer de la viande bovine durant la période de confinement et leur préférence s’est portée sur l’origine française. Mais que serait-il passé si ce confinement s’était déroulé entre les mois d’août et novembre, la pleine saison d’exportations des jeunes bovins ?

Faute de trafic maritime, ce sont les ventes d’animaux vivants qui ont le plus souffert de la période de confinement. Elles ont notamment chuté de 44 % avec l’Algérie mais ce contingent portait sur un faible nombre d’animaux (12 à 13 000 têtes). Et puis l’offre ne correspondait pas à la demande.

Tous ces facteurs mis bout à bout expliquent pourquoi le kilogramme de viande de vache allaitante (U et R) était plus élevé durant la semaine 23 (début juin) que l’an passé à la même période. Il valait par exemple, en classe U, 4,48 €/kgéc soit 3% de plus qu’en 2019. En O et P, les cours entament un redressement alors qu’ils étaient très bas à la fin de 2019.

On se désole quand on se regarde, on se console quand on se compare. En Pologne, la période de confinement a enclenché une crise de filière majeure. Alors que 85 % de leur production de viande bovine est exportée, le pays n’a plus trouvé de débouchés car son principal client est la restauration hors domicile européenne. Des mesures de stockage privé d’animaux ont été financées par l’Union européenne. En semaine 22, kilogramme de carcasse de vache O ne valait plus que 2,38€/kg éc, soit 8 % de moins qu’en 2019 et 19 % qu’en 2018…


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