Pour les semis en TCS, Alexandre Baudouin utilise un semoir Horsch © Baudouin

Un parc matériel adapté aux semis de culture bio

Avec le développement de la prestation en bio, l’entreprise d’Alexandre Baudouin a dû diversifier son parc de semis. Avec le retour du labour lors des années compliquées, le semoir TCS ne suffisait plus à lui seul pour assurer les implantations en toutes conditions. 

À Doix lès Fontaines, en Vendée, l’entreprise Sarl Baudouin a pris la décision stratégique de s’équiper pour la prestation en agriculture biologique à la fin des années 2010. Aujourd’hui, cette activité du semis à la récolte, représente 50 % de son chiffre d’affaires, avec une part significative dans l’épandage.

Avec plus de cinq ans de recul, Alexandre Baudouin constate une vraie évolution de son parc matériel. « Comme nous faisons toujours du conventionnel en parallèle, le nombre d’outils s’est multiplié pour s’adapter aux deux modes de cultures », assure-t-il. Les semoirs en sont un bon exemple. « Avant la bio, nous faisions tout en techniques culturales simplifiées (TCS) avec le Horsch Sprinter. Nous essayons d’appliquer les mêmes principes en bio, mais parfois, nous sommes obligés de ressortir la charrue. En 2019, lorsque je me suis lancé dans la bio, j’en ai acheté une en catastrophe le 15 novembre alors que je n’avais pas encore semé un grain » constate le dirigeant. Les semoirs, eux aussi, se sont multipliés. Faute de pouvoir semer les céréales bio en toutes conditions avec le Horsch, il a choisi d’investir dans un combiné de semis Lemken, associant le modèle Solitair à une herse rotative.

Le combiné de semis Lemken permet de semer les céréales bio en conditions difficiles © Baudouin
Le combiné de semis Lemken permet de semer les céréales bio en conditions difficiles © Baudouin

Semer les couverts en deux fois

Même lors des années compliqués, comme 2019 et 2023, le semoir TCS reste très utile à l’activité de l’entreprise. Les couverts implantés juste après la moisson le sont toujours avec cet équipement. Cet outil à dent permet de perturber le moins possible le sol et de garder toute l’humidité disponible. « Je passe en juillet avec un mélange phacélie/trèfle et je repasse en septembre avec de la féverole. Mais le deuxième passage est décalé de 12,5 cm » retrace-t-il. Ainsi, le couvert couvre de manière optimale la parcelle. Pour autant, la réussite reste aléatoire comme pour tout couvert d’été. « Parfois ça fonctionne et parfois pas » sourit l’entrepreneur.

Le scalpeur a été retravaillé pour optimiser le recouvrement © TL
Le scalpeur a été retravaillé pour optimiser le recouvrement © TL

Une ouverture sur d’autres cultures

En parallèle, la bio a ouvert de nouvelles possibilités pour le parc matériel. « Les rotations se sont diversifiées. Que ce soit chez moi ou chez les clients, je sème maintenant des pois-chiche, de la luzerne, des lentilles ou encore du lin » liste le vendéen. Et justement le lin ou les lentilles s’adaptent bien au semoir Lemken. Ces cultures de printemps ne nécessitent pas de binage. L’écartement de 17 cm du combiné de semis n’est donc pas un problème.

Alexandre Baudouin a également testé en 2023 un semis direct de colza bio avec le Horsch Sprinter. « J’ai fait deux parcelles. La première était bien réussie, mais la maîtrise de l’enherbement laissait à désirer sur la seconde » rapporte-t-il. Cette année, il a renouvelé l’expérience, mais en semant du sarrasin associé à son colza pour couvrir rapidement le sol. « J’utilise les deux trémies du semoir pour implanter les deux graines sur le rang en même temps » précise l’entrepreneur. En 2023, l’ETA a également semé du sarrasin et du blé Khorasan, aussi appelé Kamut.

La bio influence aussi le matériel de récolte

Il n’y a pas que le parc de semoir qui a évolué avec le développement des activités en agriculture biologique. Alexandre Baudouin a également enrichi son entreprise de matériels de récolte adaptés. L’un de ces outils particuliers est une barre de coupe à tapis qui andaine les cultures. Elles sont ensuite ramassées au pick-up avec la moissonneuse-batteuse. Elle est attelée derrière le tracteur à l’image d’une faucheuse. « C’est un matériel d’occasion que j’ai retravaillé pour qu’il soit le moins large possible pour le déplacement sur la route. Nous avons ajouté des roues » se souvient le vendéen. L’outil est également utilisé en écimage sur les lentilles lorsque la parcelle est sale.

La barre de coupe avec tapis d'andainage a été revue pour s'adapter aux routes françaises © TL
La barre de coupe avec tapis d’andainage a été revue pour s’adapter aux routes françaises © TL

Adapter le travail du sol

Sans réinvestir dans une nouvelle gamme de matériel, l’ETA Baudouin a dû adapter ses outils de travail du sol pour optimiser le désherbage des parcelles avant le semis. « Nous avons modifié un outil de travail du sol utilisé pour le scalpage. Le nombre de dents a été augmenté pour optimiser le recouvrement » détaille Alexandre Baudouin. 

Lors de la période des semis à l’automne, il déchaume les parcelles avec le déchaumeur à disque Joker Horsch équipé de rouleaux hacheurs à l’avant pour détruire les cannes de colza et les couverts végétaux. Puis, il passe avec le scalpeur. Un outil à dent peut également être utilisé pour un travail du sol plus profond. Pour cela, l’entreprise est équipée d’un Terrano Horsch.

Alexandre Baudouin bine les céréales bio implantées avec un inter-rang de 25 cm © TL
Alexandre Baudouin bine les céréales bio implantées avec un inter-rang de 25 cm © TL

Prévoir le désherbage dès le semis

Dans l’optique de biner ses cultures de céréales et d’apporter une précision maximale, Alexandre Baudouin s’est équipé d’un guidage RTK pour l’outil. « J’ai une antenne sur le tracteur et une autre sur le semoir. Quand je suis en pente, le tracteur se décale pour que le semoir reste sur sa ligne » témoigne-t-il. L’antenne peut ensuite être déplacée sur la bineuse. 

Pour désherber ses cultures d’automne, mais aussi de printemps, l’ETA vendéenne a acquis en 2019 une bineuse Garford. « C’est une bineuse de 6 m qui peut être utilisée en 24 rangs avec un inter-rang de 25 cm ou en 8 rangs avec 75 cm d’inter-rang. Lorsque les céréales sont semées en 25 cm avec le horsch, je passe une à deux fois avec un soc cœur de 20 cm au stade tallage en sortie d’hiver. C’est assez surprenant comme intervention. D’autant plus que sur blé, s’il y a des petits écarts, je coupe quelques feuilles, mais la plante va compenser » rapporte le dirigeant de l’entreprise. Il se félicite des capacités de la machine qui possède également le relevage de panier dans les fourrières. « Au début, il y a pas mal de réglage et de paramétrage. Il faut notamment prendre en compte la latence en entrée et sortie de parcelle. Mais aujourd’hui que tout est enregistré dans la console, c’est fabuleux ce que je peux faire avec cette bineuse » souligne-t-il. En revanche, lorsque le semis est réalisé avec le combiné de semis Lemken avec un écartement de 17 cm, Alexandre Baudouin ne peut pas biner les cultures de céréales.

Par contre, quelle que soit la largeur d’implantation, il étrille systématiquement le blé au stade trois feuilles pour réduire l’enherbement avant l’hiver. Il utilise pour cela une herse Treffler de 12 m.

Le semoir monograine a été importé du Canada au début des années 2010. © Baudouin
Le semoir monograine a été importé du Canada au début des années 2010. © Baudouin

Un semoir John Deere venu des États-Unis

Avant de reprendre l’entreprise de son père, Alexandre Baudouin a travaillé un an aux États-Unis. Il y a acquis une expérience sur du matériel Nord-Américain encore très peu répandu en Europe. Lorsqu’il a repris la suite de son père à la tête de l’entreprise, il a décidé d’investir dans un semoir monograine John Deere adapté au semis direct. « C’est un semoir lourd que j’ai importé du Canada. Il possède un système pneumatique pour la gestion de la pression au sol. Pour un semis direct, il est réglé avec une grosse pression, alors que sur sol travaillé, le réglage est plus léger » explique-t-il. Problème, le matériel est réglé sur le système métrique anglo-saxon. « À l’époque, l’inter-rang correspondait à 30 pouces, soit 76 cm. Il a fallu le ramener à 75 cm » précise-t-il. Côté précision, il commande aux États-Unis un système de distribution Précision Planting pour remplacer la technologie John Deere. « Aujourd’hui, c’est une marque qui progresse en Europe, mais en 2010 il n’est pas connu de ce côté de l’atlantique » se rappelle Alexandre Baudouin.

L’épandage comme vecteur de développement

L’épandage représente une activité phare de l’entreprise. Un salarié y est dédié presque à plein temps. L’entreprise est équipée d’un épandeur Tebbe de 20 m³ avec un système de pesée dynamique, qui réalise 8 000 à 10 000 tonnes/an. « Il tourne dans un rayon de 30 km sur tous types de produits, que ce soit de la chaux, du gypse ou de la fiente de volaille » témoigne Alexandre Baudouin. Dans l’optique de développer l’activité de fourniture d’engrais organique, notamment en bio, il a récemment investi dans une station de compostage avec un voisin. Cette activité est rattachée à son exploitation agricole plutôt qu’à l’entreprise.

L'épandeur Tebbe tourne dans un rayon de 30 km. © Baudouin
L’épandeur Tebbe tourne dans un rayon de 30 km. © Baudouin

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