eta 20 semaine 48 couverture

Un outil d’andainage sur-mesure pour le colza semence

Les andains de colza sont déposés sur les cannes afin de ne pas toucher le sol et d’être suffisamment aérer pour sécher.

 

La SARL Bridonneau a travaillé avec la société Canadienne Honey Bee pour concevoir un outil de fauche et d’andainage de 9m de long, spécifiquement adapté au colza semence. Cette barre de coupe trouve également toute sa place sur les cultures bio en plein développement.

Dans le Sud-Vendée, une barre de coupe jaune fait son apparition dans les parcelles dès le début du mois de juin. Étrangement, elle n’est pas attelée sur une moissonneuse-batteuse mais sur un tracteur Claas Xerion. Ses dimensions font également lever les yeux des curieux. Elle affiche un total de 9m de largeur de coupe. En s’approchant, la marque canadienne Honey Bee apparaît. Il s’agit en réalité d’une faucheuse-andaineuse conçue sur mesure pour les chantiers de récolte du colza semence de la SARL Bridonneau. Cette production nécessite d’être fauchée avant récolte pour sécher au sol plusieurs jours afin que toutes les graines ai la même maturité. « Nous avons commencé à penser à ce matériel en 2016 quand nous avons entendu les premières rumeurs sur l ’interdiction du produit phytosanitaire servant à sécher le colza. Ensuite c’est la rencontre avec l ’entreprise Micheletti, importateur de ce matériel en France, qui a permit de débloquer le projet. Nous étions les premiers en France à avoir ce type d ’outil » se rappelle Mickaël Bridonneau, l’un des gérants de l’ETA basée à Longeville sur Mer en Vendée. Avec du recul, l’investissement s’est parfaitement justifié car les rumeurs se sont avérées exactes. « La réglementation a interdit le produit cette année et la coopérative qui collecte les semences l ’avait précédée de deux ans » précise l’entrepreneur.

La barre de fauche et d’andainage Honey Bee de la SARL Bridonneau a été conçu spécifiquement pour les planches de colza femelle de 8m.
 

Techniquement, la faucheuse-andaineuse se compose de 4 mini-tapis mesurant chacun 1,5m et réglables dans un sens ou dans l’autre. Pour les chantiers de colza semence, ils sont orientés de manière à regrouper les 9m de la coupe en deux andains de 2m de large. « Les planches de colza femelle mesurent 8m de large, c’est pourquoi nous avions besoin de cette dimension de coupe. Le but était de sortir deux andains pour que ça sèche plus vite » explique Mickaël Bridonneau.

Si l’outil de récolte est spécifique au colza semence, le tracteur est lui aussi adapté à la prestation. L’équipement du Xerion sur lequel est attelé la faucheuse-andaineuse n’a pas été choisi au hasard. Sa configuration avec une cabine pivotante offre au chauffeur une visibilité digne d’un automoteur de récolte. Pour les colzas semences, le tracteur est équipé de roues étroites. Il affiche ainsi un gabarit de 2,55 m qui lui permet de s’incorporer entre les andains. Pour rentabiliser l’investissement, le Xerion est utilisé l’hiver devant un outil de travail du sol Väderstad. « Avec ces deux activités, il tourne de 700 à 800 heures/ an » retrace le vendéen.

Les tapis de la barre de fauche permettent de créer deux andains pour regrouper 4,5m de chaque côté du tracteur.
 

Contrairement aux modèles d’automotrice faucheuse-an- daineuse qui existent sur le marché, l’ensemble Xerion/ barre de coupe Honey Bee à l’avantage d’être homologué pour la route. « La faucheuse-andaineuse se place sur un porte coupe, lui même attelé sur le tracteur. Pour augmenter l ’autonomie du chauffeur sur ces déplacements, cette année nous avons placé une Smart sur un plateau f ixé au relevage avant » sourit Mickaël Bridonneau.

La cabine du Xerion offre une visibilité digne d’une moissonneuse-batteuse.
 

Une prestation exigeante

L’andainage du colza semence est très spécifique. Il faut à tout prix éviter d’égrener les gousses ou de les abîmer, ce qui serait préjudiciable lors du battage qui se déroule environ 8 jours plus tard avec un pick-up devant la mois- sonneuse-batteuse. Le colza doit être ramassé dans le sens ou il a été andainé. En confectionnant les deux andains dans le même sens, la barre de coupe Honey Bee permet de les ramasser en un seul passage. L’andain en lui même est formé au dessus du sol sur les cannes de colza qui reste au champs. « Il faut bien calibrer la hauteur de coupe pour laisser assez de hauteur de cannes. Ça permet ensuite à la récolte d’être bien aérée pour sécher correctement » explique Mickaël Bridonneau. Le planning se fait en coordination avec les techniciens de la coopérative qui donne le feu vert pour la fauche. Au sein de la SARL Bridonneau, deux chauffeurs sont attitrés à cette prestation. Chaque année, lors du premier chantier, une rapide formation leur est dispensée par la coopérative. « Ils discutent de comment couper les cannes, mais aussi d’aspect comme la reconnaissance des colzas mâles et femelles au cas ou le broyage a été mal fait » détaille l’entrepreneur. Durant toute la période de fauche et d’andainage, les chauffeurs sont en liaison télépho- nique direct avec les techniciens de la coopérative qui leur donnent le feu vert au fur et à mesure de l’avancement en maturité des parcelles. « Nous avons de très bonnes relations avec la coopérative. Sur ce type de prestation, nous travaillons en partenariat » déclare Mickaël Bridonneau. 

La cabine pivotante du tracteur permet au chauffeur d’être au plus près de la barre de fauche durant le chantier.
 

Un outil polyvalent

Si le colza semence est un marché en pleine progression sur le secteur sud-vendéen, la barre de fauche et d’an- dainage Honey Bee a aussi d’autres utilisations. Elle est notamment demandée par des clients en bio pour des cultures telles que les céréales ou les lentilles. « En fauchant les céréales à l’avance, cela permet de griller les herbes qui pourraient être présentes dans la culture » explique l’entre- preneur. La fauche se fait un peu avant la date de battage lorsque la plante est encore à 25 % d’humidité. Pour l’ETA cela permet d’optimiser les plannings en allongeant la période de récolte. Les céréales sont ensuite récoltées avec un pick-up ou une barre de coupe de 7,60 qui emmène deux andains à la fois. Pour les lentilles, la barre de fauche et d’andainage peut être réglée de manière à ne former qu’un seul andain. Le chauffeur peut ainsi regrouper 18m sur la même ligne et optimiser le chantier de récolte pour cette culture à faible volume. « Il faut quand même faire attention car dans certaines situations, les lentilles doivent être récoltées dans le sens ou elles ont été andainées. On ne peut alors regrouper que 9m par 9m » nuance Mickael Bridon- neau. Comme c’est une culture basse, la lentille demande également une attention constante du chauffeur pour ne pas l’abîmer lors de la fauche. Avec le développement de la bio, l’entrepreneur entrevoit un réel axe de développe- ment pour l’utilisation de la barre de coupe Honey Bee. « Dans le Sud-Vendée, nous constatons un développement important de cette agriculture. Il y a encore du potentiel pour ce type de prestation » espère-t-il. Côté semence, l’équi- pement est aussi utilisé sur la luzerne porte-graine. Les andains plus petits optimisent le séchage de cette culture.

François, le chauffeur est totalement indépendant pour atteler et dételer la barre de fauche et d’andainage. Pour les déplacements, un plateau avec une Smart a été ajouté sur le relevage avant du tracteur.
 
 
C’est avec son ensemble Xerion/Honey Bee que l’entreprise Bridonneau réalise les chantiers d’andainage du colza semences
 

Une ETA spécialiste des semences

La production de semence est une des spécialités de la SARL Bridonneau. Cela tient au terroir propice à ces productions mais aussi à l’expérience des dirigeants. « Comme nous en produisons sur nos propres exploitations, cela nous permet de tester les nouvelles techniques avant de les mettre en application chez les clients » justifie le vendéen. Sur le colza semence, l’entreprise propose une prestation de semis en plus des étapes de récolte. « Nous semons une grande partie de cette production sur le secteur avec un Väderstad 12 rangs . Ce type de chantier demande une vraie expertise du chauffeur pour placer les graines mâles et femelles dans les bonnes trémies » ajoute-t-il. La SARL Bridonneau propose également à ses clients une prestation de récolte de maïs semence à l’aide d’un automoteur Oxbo.
Sur l’ensemble de son activité, l’entreprise représente un chiffre d’affaire au alentour de 2 millions d’euros. Elle compte 15 salariés dont 12 conducteurs d’engins. Le parc matériel est constitué de 9 tracteurs, tous aux couleurs John Deere hormis le Xerion. Pour la récolte, la faucheuse-andaineuse Honey Bee est complétée par trois moissonneuses-batteuses et une ensileuse. Dans la cour de l’ETA sont également rangés deux automoteurs d’épandage et un pulvérisateur Agrifac.
 
Textes et photos: Timothée Legrand
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