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Les clés pour optimiser sa « pulvé »

Pour parvenir à l’optimum, c’est toute la chaîne de pulvérisation qui doit être maîtrisée.

Une pulvérisation réussie nécessite à la fois une bonne préparation et une grande réactivité. C’est la combinaison de toute cette chaîne de bonnes pratiques qui permet d’atteindre un optimum d’efficacité.

Baisse du nombre de molécules homologuées, réductions des doses, hausse des coûts des pro- duits, accroissement des contraintes réglementaires… L’agriculteur n’a aujourd’hui plus vraiment le droit à l’erreur ni même à la médiocrité en matière de chantier de pulvérisation, ne serait-ce que pour des raisons économiques. Chercher l’efficacité maximale de sa pulvérisation est aujourd’hui une nécessité. Cet impératif de qualité est pourtant techniquement compliqué à atteindre, tant les facteurs de mise en échec peuvent être nombreux. Pour y parvenir, c’est toute la chaîne de travail qui doit être maîtrisée en passant par l’organisation du travail, l’anticipation des conditions météorologiques et la bonne adéquation des réglages.

Être réactif

Pour optimiser sa pulvérisation, adopter une bonne réactivité permettra de bien mettre à profit les conditions météorologiques favorables  lorsqu’elles se présentent. Cela passe d’abord par une bonne préparation et une bonne anticipation, pour que l’applicateur puisse se concentrer sur les seules étapes indispensables au bon déroulement du chantier.

La qualité de pulvérisation peut être testée sur papier hydro sensible.
 

Un chantier bien préparé et bien anticipé permettra le moment venu de viser des objectifs d’accroissement de débit de chantier en adaptant une vitesse plus élevée par exemple. Les pulvérisateurs actuels peuvent atteindre des vitesses de travail d’environ 20 km/h à adapter toutefois en fonction des conditions pour maintenir la qualité d’application. Sur certains appareils, des dispositifs automatiques existent pour maintenir la qualité de pulvérisation selon la vitesse, mais le savoir-faire et la formation de l’agriculteur gardent toute leur importance.

Pour améliorer le coût du chantier il apparaît qu’il ne faut pas négliger les temps morts (remplissage, trajets, nettoyage, etc…), sans perdre toutefois de vue l’objectif de qualité d’application.
 

La réduction du volume de bouillie épandu à l’hectare est un autre paramètre qui joue sur la réactivité. Un volume de bouillie à l’hectare plus faible permettra de traiter plus  d’hectare avec la même  barrique et de perdre moins de temps sur les routes.  C’est  un levier sur lequel les agriculteurs jouent souvent pour optimiser les chantiers sur parcellaire morcelé ou éloigné. Cependant, les traitements à bas-volumes nécessitent un savoir-faire particulier. Avec moins de volume, il y a mécaniquement moins de gouttelettes produites et donc moins d’impacts sur les feuilles, ce qui peut être pénalisant pour les produits de contact principalement. Le besoin de respect des bonnes conditions d’application est donc accru pour ces pratiques. L’emploi d’adjuvants ciblés  peut  être  de bon secours pour viser un meilleur étalement des gouttes et améliorer la production de gouttes de bons calibres.

Réduire les volumes et travailler à vitesses élevées implique également une très bonne suspension de la rampe.
 

Notons ici que les références techniques sont encore aujourd’hui produites pour des volumes de bouillie importants, de 200 l/ha et plus, ce qui ne corres- pond plus vraiment aux pratiques actuelles liées à la réduction des volumes. Il y a donc un décalage qui mérite d’être pris en compte pour préserver les niveaux d’efficacité théoriques. Réduire les volumes et travailler à vitesses élevées implique également une très bonne suspension de la rampe. Toute perte de stabilité de la rampe se traduit par une hausse de la dérive d’autant plus forte que la vitesse de travail est forte.

Volumes, gestion des parcelles éloignées, préparation du matériel… l’organisation  globale  des  chantiers est un facteur clé de performance de l’exploitation, sachant que le pulvérisateur est l’outil le plus utilisé sur une ferme. De cette bonne organisation dépend la qualité, mais aussi le coût de mise en œuvre qui est extrêmement variable d’une ferme à l’autre. Ce coût total main d’œuvre incluse et hors produit, semble s’échelonner entre 8 et 25 €HT/ha. Pour optimiser ce coût, il apparaît qu’il ne faut pas négliger les temps morts (remplissage, trajets, nettoyage, etc…), sans perdre toutefois de vue l’objectif de qualité.

Les références techniques sont encore aujourd’hui produites pour des volumes de bouillie importants, de 200 l/ha et plus.
 

Viser les bonnes conditions

La fonction de la pulvérisation est de produire des gouttes et avec elles des impacts pour mettre en contact une molécule active sur une cible. Pour que cet objectif soit bien rempli, cela requiert des conditions spécifiques. La présence excessive de vent au cours de l’application – au-delà de 19km/h – est défavorable pour l’efficacité et réglementairement interdite.

L’utilisation de buses antidérive fait partie des solutions efficaces homologuées et qui permettent – en conformité avec la réglementation – de réduire ses ZNT et d’utiliser des produits réglementés sur l’aspect dérive comme les prosulfocarbes par exemple.
 

En matière de température, la gamme de traitement conseillée se situe dans une fourchette de 10 à 25 °C. Sauf cas particuliers, une  température  trop  élevée peut poser des  problèmes de perte d’efficacité du fait de l’évaporation et des problèmes de sélectivité avec les  produits  systémiques. Une hygrométrie de 60 % minimum est aussi généralement conseillée pour assurer un bon contact avec la cible. Il est ainsi souvent préférable de traiter tôt le matin ou tard le soir. En revanche, traiter avant ou après une pluie est défavorable au bon contact du produit avec la plante cible. Cet aspect est souvent problématique pour les applications fongicides  dont  l’emploi est nécessaire en période humide. Des adjuvants permettant l’adhésion du produit sur la feuille peuvent alors avoir un grand intérêt, même s’ils n’empêchent pas de devoir respecter les bonnes conditions d’application.

Les pulvérisateurs actuels peuvent atteindre des vitesses de travail d’environ 20 km/h à adapter toutefois en fonction des conditions pour maintenir la qualité d’application.
 

Pour un herbicide racinaire, l’hygrométrie de l’air importe peu. En revanche une humidité suffisante facilite l’action du produit dans le sol. Il est bon de traiter avant ou  après  une  pluie  fine  pour  faciliter la pénétration du produit vers la  cible dans le sol. Pour un insecticide sur cultures en fleurs (produit mention abeille), il faut traiter uniquement tard le soir après le départ des butineuses.

Être expert en gouttelettes

Limiter la dérive est un impératif pour l’environnement et les relations de  bon  voisinage, mais c’est aussi un impératif économique pour optimiser l’efficacité de sa pulvérisation. En effet, la dérive constitue une perte en produit qui peut atteindre jusqu’à 50 %. Par ailleurs, mettre en œuvre des solutions anti-dérives homologuées, permet aussi de réduire le périmètre des zones de non-traitement (ZNT) et d’accroître le taux de protection de la parcelle.

Les traitements à bas-volumes nécessitent un savoir-faire particulier. Avec moins de volume, il y a mécaniquement moins de gouttelettes produites et donc moins d’impacts sur les feuilles.
 

Ce sont les fines gouttelettes qui sont sensibles au phénomène de dérive. Pour réduire le phénomène, il est judicieux de bien maîtriser la formation des gouttelettes dans le pulvérisateur. L’utilisation de buses antidérive fait partie des solutions efficaces homologuées et qui permettent  –  en  conformité avec la réglementation – de réduire ses ZNT et d’uti- liser des produits réglementés sur l’aspect dérive comme les prosulfocarbes  par  exemple.  Toutefois, la baisse d’efficacité du produit peut alors être très importante. En effet, les buses qui réduisent la for- mation de gouttelettes  sensibles à la dérive (dont le diamètre est inférieur à 100 microns), favorisent les calibres plus importants et  souvent  supérieurs aux calibres optimums (de 250 à 300 microns). Le nombre d’impacts est alors fortement réduit de même que l’efficacité. Pour y pallier, les volumes à l’hectare de bouillie doivent alors être accrus. L’emploi d’adjuvants dits antidérive en complément des buses spéciales permet également de mieux maîtriser la dérive et de mieux répartir le calibre des gouttelettes autour de l’optimum.

Une solution reconnue par Arvalis pour réduire la dérive est aussi de baisser la hauteur de rampe par rapport à la cible. Pour conserver une bonne qualité de pulvérisation avec le triple recouvrement recommandé, les buses sont rapprochées à 25 cm au lieu de 50 cm. Trois constructeurs proposent aujourd’hui ce type d’écartement réduit. Ces rampes se montrent plus sensibles au bouchage et méritent pour cette raison d’être équipées de buses plus étroites (80°).

Pour surveiller la qualité de sa pulvérisation, une attention peut être portée sur la lunule en sortie du cône de pulvérisation. La lunule est le croissant de flux de liquide formé en sortie de la buse avant dispersion. Pour une qualité de pulvérisation optimale, l’opérateur doit viser une lunule la plus réduite possible et la plus proche que possible de la sortie de la buse. Pour ce faire, il peut jouer sur le couple pression-buse ainsi que sur la qualité de la bouillie (adjuvants antidérive par exemple). Il n’est pas toujours facile d’observer les effets de ses pratiques sur la lunule. Des formations existent avec banc de pulvérisation qui permettent de mieux appréhender ce facteur.

De nouvelles technologies

La technologie est un autre levier pour optimiser encore ses applications de produits phytosanitaires. Les technologies de coupures de tronçons, d’as- sistance d’air, voire de modulation de doses intra parcellaire permettent des économies de produits phytosanitaires très variables entre 1 à 15 % environ. La  technologie  de  reconnaissance  et  de   ciblage des  mauvaises  herbes  qui  fait  son apparition sur le marché est la plus porteuse de réductions de doses avec des économies de produit à la clé allant jusqu’à 80 %. Sans parler des  équipements, des outils d’aide à la décision existent pour organiser au mieux ses chantiers de pulvérisation. C’est le cas par exemple de l’outil PréciLoc, développé par l’Institut technique Terres Innovia et disponible sur smartphone et tablettes.

Auteur: Loïc Dufour

 

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