Depuis le début du conflit, l’agriculture ukrainienne fait preuve d’une étonnante résistance malgré les dégâts subis. UAC dresse un premier bilan agrcole après sept mois de conflit. Aux pertes évaluées à 28 Mds de dollars en productions végétales, s’ajoute la diminution de près de 15 % de la production de porcs et de lait.
Quand la paix sera revenue, Andriy Dykum, le président du syndicat des agriculteurs ukrainiens (UAC), imagine l’Ukaine devenir un producteur massif de biogaz pour assurer la souveraineté énergétique et pour accroître la puissance d’exportatrice de produits agricoles, bruts ou de première transformation, de son pays.
Mais pour l’instant, l’Ukraine est en guerre. Dans une note rendue public par l’UAC Andriy Dykum dresse un premier bilan des dégâts occasionnés depuis l’entrée en guerre de la Russie. Ce bilan porte sur les sept premiers mois du conflit.
Selon Andriy Dykum, les pertes subies par les filières de productions végétales sont estimées à 28 milliards de dollars : 22 milliards de dollars de produits invendus et 4 à 6 milliards de dollars de biens détruits ou volés.
Or les exportations de produits agricoles sont la première source de devises de l’Ukraine. Et depuis sept mois, celle-ci a fondu des deux tiers.
Pour autant, les agriculteurs ukrainiens sont parvenus à récolter 60 millions de tonnes (Mt) de céréales et d’oléagineux, se réjouit le président d’UAC. La production de grains est inférieure de 10 Mt à la moyenne des cinq dernières années si on exclut les résultats record de l’année passée (107 Mt).
UAC confirme que « l’Accord d’Istanbul » a bien relancé les exportations de grains. « Au 5 octobre, 6,39 Mt de tonnes de produits agricoles ont été acheminés vers les pays d’Asie, d’Europe et d’Afrique », explique UAC.
La moitié des volumes exportés est du maïs et 30 %, du blé.
Mais les prix de vente restent extrêmement bas. Les céréaliers vendent à perte. Les agriculteurs ukrainiens redoutent ne pas avoir les moyens de financer l’implantation des cultures de printemps l’an prochain.
Le secteur de l’élevage n’est pas épargné par le conflit mais pour le moment l’outil de production n’est pas détruit. Aussi, les filières laitière et porcine pourraient retrouver leur niveau de production d’avant- guerre en moins de deux ans si les combats épargnent les fermes.
« Mais si le secteur de l’élevage en Ukraine subit des pertes critiques et franchit un point de non-retour, il faudra au moins 10 ans pour récupérer complètement l’industrie », affirme l’UAC.
Actuellement, l’Association des éleveurs de porcs ukrainiens (AUPB) évalue entre 13 % et 15 % la baisse de la production de porcs.
Entre 365 000 tonnes et 380 000 tonnes en équivalent abattage de viande porcine seraient produites cette année contre 432 000 tonnes l’an passé.
La production laitière a diminué de 15 % depuis le début de l’année. Les effectifs de vaches laitières ont diminué de 50 000 bêtes.
Le conflit a particulièrement affecté les détenteurs de petits troupeaux de vaches. En sept mois, leur production de lait a baissé de 18,6 % à 3,4 Mt de lait.
La production laitière dans les exploitations spécialisées de grande dimension a mieux résisté. La collecte de lait n’aurait baissé que de 7 % à 1,7 Mt de lait. Mais d’ici la fin de l’année, la production n’excèderait pas 2 Mt de lait, soit 480 000 tonnes de moins qu’en 2021.
« Après le conflit, le redressement de l’appareil de production ne peut s’envisager sans le soutien de la communauté internationale », a déclaré Andriy Dykum le président de l’Union des producteurs agricoles.
600 millions de dollars d’investissement seront nécessaires: jusqu’à 100 millions en production porcine et 500 millions dans le secteur laitier.
Avant la guerre, l’agriculture représentait 20 % du produit intérieur brut (PIB) de l’Ukraine et près de 50 % des recettes annuelles en devises.