En France, on aime les agriculteurs, mais moins l’agriculture. Parallèlement, on n’aime pas trop ses pourfendeurs, pourtant, on est tout de même sensible à leurs critiques du mode de production conventionnel.
Le contexte actuel se caractérise par une véritable hystérisation des débats relatifs aux enjeux agricoles : de l’association Agir pour l’environnement qui crée un site internet pour diffuser le nom et les coordonnées des députés qui se sont opposés à l’interdiction du glyphosate à l’Assemblée nationale à l’eurodéputé EELV Yannick Jadot qui accuse les pesticides d’être à l’origine des malformations des bébés nés sans bras dans plusieurs départements, en passant par les vidéos à charge régulièrement diffusées par l’association L214 ou la pétition des « coquelicots » appelant à l’interdiction des pesticides de synthèse.
Il existe à juste titre chez les agriculteurs le sentiment d’un déferlement de critiques vis-à-vis du mode de production conventionnel, sans parler des menaces (en Loire-Atlantique) et même du recours à des actions violentes (en Alsace) à l’encontre d’exploitants et de leurs exploitations, faits qui ont été largement couverts par wikiagri.fr.
Dans un tel contexte particulièrement pesant, trois enquêtes récentes ont été réalisées auprès des Français pour sonder leur rapport à l’agriculture. Deux d’entre elles n’ont pas fait l’objet d’une publication jusqu’à présent. La première a été réalisée en juillet dernier par Ipsos pour la Fnsea Grand Bassin Parisien sur le thème « Les Français et l’agribashing », et la seconde au mois de septembre par l’institut CSA sur la perception des animaux et des végans pour l’agence de relations publiques Adocom-RP. Le troisième, qui porte sur les rapports des Français à l’agriculture, est également une enquête Ipsos, mais cette fois pour l’agence de conseil en communication Opinion Valley. Ses principaux résultats ont été présentés publiquement le 16 novembre et repris dans l’édition du même jour du quotidien La Croix.
Ces sondages sont importants car, compte tenu du contexte actuel, il est intéressant de savoir (1) si la confiance qu’inspirent les agriculteurs est toujours bel et bien au rendez-vous malgré l’accumulation de critiques à leur égard, et (2) si ces critiques ont un impact quelconque sur la façon dont les Français voient l’agriculture.
Quels sont les principaux enseignements de ces trois enquêtes ? En fait, ceux-ci sont quelque peu ambivalents.
En apparence, les agriculteurs peuvent se réjouir de leurs résultats. Malgré les nombreuses critiques dont ils peuvent faire l’objet depuis quelques temps, ils continuent à avoir une bonne image auprès des Français interrogés.
Dans l’enquête Ipsos-Fnsea GBP, 84 % des sondés en ont une bonne opinion. Seuls 2 % en ont une très mauvaise opinion. Cette bonne opinion ne souffre d’aucune contestation. Il n’existe pas de différence notable chez les Français interrogés en fonction de l’âge – même si les moins de 35 ans sont un peu plus nombreux que les autres à leur faire confiance – ou en fonction de la position sociale – idem pour les CSP- (catégories socio-professionnelles les moins favorisées) par rapport aux CSP+ (les plus favorisées). En revanche, on peut voir quelques différences en fonction des sympathies politiques : on est un peu moins enthousiaste chez les sympathisants de gauche et du Rassemblement national que chez les sympathisants Les Républicains. Mais même chez les sympathisants de La France insoumise, on a dans l’ensemble une bonne opinion des agriculteurs (79 %).
Il en est de même dans l’enquête Ipsos-Opinion Valley où 68 % des personnes interrogées font confiance à l’agriculture française pour produire des produits sains et de qualité. Dans cette même enquête, l’agriculture est le second secteur d’activité jugé le plus stratégique et important, par 92 % d’entre elles, après celui de l’énergie (93 %), mais devant des secteurs comme le secteur pharmaceutique et la santé, le bâtiment, l’automobile ou l’aéronautique.
L’enquête Ipsos-Fnsea GBP tend également à montrer que les Français semblent reconnaître les efforts qui ont été effectués par les agriculteurs les cinq dernières années pour assurer la traçabilité des produits (78 %) et la qualité et la sécurité sanitaire des produits (66 %), pour avoir une utilisation responsable des intrants agricoles (57 %), respecter le bien-être animal (56 %), préserver la biodiversité (55 %) et assurer la sécurité alimentaire de la France (54 %). C’est néanmoins moins le cas, à leurs yeux pour la lutte contre le réchauffement climatique (40 %).
Ils ont aussi conscience du fait que les agriculteurs sont très critiqués. 66 % des personnes interrogées estiment ainsi que les critiques croissantes dont les agriculteurs font l’objet dans les médias figurent parmi les menaces réelles pour ceux-ci et leurs activités. 55 % d’entre elles pensent que les agriculteurs font l’objet de plus en plus de critiques, tandis que 53 % considèrent que ces critiques ne sont pas justifiées.
En outre, lorsqu’on énonce les principales critiques émises à l’encontre des agriculteurs, on s’aperçoit que les Français interrogés n’y adhèrent pas majoritairement. 65 % ne sont pas d’accord avec le fait que les agriculteurs n’accordent que peu d’attention au bien-être de leurs animaux ; 70 %, avec le fait que les produits issus des exploitations agricoles françaises présentent un risque pour la santé ; et 83 %, avec le fait que les produits issus des exploitations agricoles françaises sont de mauvaise qualité. En revanche, une majorité estime que les agriculteurs polluent les sols et les eaux par leur activité sans essayer d’en faire plus pour la préservation de l’environnement (59 % sont d’accord avec cette affirmation, alors que 39 % ne sont pas d’accord).
On peut voir dans cette même enquête que les principaux pourfendeurs de l’agriculture conventionnelle (les associations écologistes et les associations végans) et leurs relais (les journalistes et les médias) sont loin d’être populaires aux yeux des Français. 56 % des personnes interrogées ne font pas confiance aux associations écologistes pour s’informer sur les agriculteurs et leurs activités. Cette défiance est encore plus élevée pour les journalistes et les médias (76 %) et pour les militants végans (80 %, 48 % ne leur faisant même pas du tout confiance), alors qu’elles sont 68 % à faire confiance aux agriculteurs en la matière.
On retrouve cette même vision critique des végans au sein de l’opinion publique dans l’enquête CSA-Adocom-RP. Ces mouvements apparaissent à la fois ultraminoritaires et très peu populaires. Moins de 1 % des personnes interrogées se disent personnellement proches du véganisme, tandis que seules 3 % d’entre elles affirment que les associations végans pourraient tout à fait les convaincre de ne plus consommer des produits issus de la production animale, 5 % sont tout à fait d’accord avec les principes que défendent les associations végans ou ont tout à fait confiance dans les informations diffusées par ces associations. Parallèlement, 69 % des Français sondés ne sont pas d’accord avec les principes que défendent les associations végans. 59 % d’entre eux considèrent que les médias accordent trop d’audience aux actions militantes végans, 58 % estiment que les associations végans détournent en partie l’attention des politiques des problèmes importants et quotidiens des Français et 69 % ne font pas confiance aux informations diffusées par les associations militantes végans.
Leurs principales critiques et revendications sont tout autant rejetées de façon massive, tout comme leur mode opératoire. Seules 15 % des personnes interrogées se montrent favorables, par exemple, à l’interdiction de l’élevage des animaux, tandis que 59 % sont plutôt d’accord avec l’expérimentation sur les animaux. 85 % répondent par la négative lorsqu’on leur demande si les associations végans pourraient les convaincre de ne plus consommer des produits issus de la production animale. Enfin, une large majorité n’est pas d’accord avec l’idée que les objectifs de ces associations justifient les enquêtes intrusives (68 %) et a fortiori le non-respect des lois (85 %).
Malgré tout, même si les « fondamentaux » sont bons, ces enquêtes permettent d’identifier quelques tendances plutôt préoccupantes pour le monde agricole, certaines étant déjà bien connues, qui appellent sans aucun doute des réponses de sa part.
Il est tout d’abord intéressant de noter l’existence d’importantes différences dans les résultats des deux enquêtes Ipsos, pour la FNSEA Grand Bassin Parisien et pour Opinion Valley, les opinions exprimées dans la seconde étant bien plus critiques que dans la première. On ne peut pas vraiment l’expliquer par une éventuelle évolution de l’opinion sur une période aussi courte, en gros, entre juillet et octobre/novembre 2018, ou par la façon dont les questions ont été formulées.
Il y a néanmoins un petit détail dans la formulation des questions qui explique sans doute pourquoi les réponses ont été plutôt divergentes. Dans l’enquête menée pour la Fnsea GBP, il est question d’agriculteurs, tandis que dans l’enquête pour Opinion Valley, on parle d’agriculture. Or, il paraît évident que les Français apprécient beaucoup plus leurs agriculteurs que leur agriculture.
L’agriculteur est un être humain réel que l’on respecte et dont on apprécie les efforts pour tenter d’améliorer les choses (ou alors on postule qu’il doit certainement faire les efforts nécessaires même si on dispose d’assez peu d’informations à ce sujet). Par contraste, l’agriculture apparaît comme une entité froide et abstraite, plutôt désincarnée, voire déshumanisée. On le voit bien sur les questions sensibles de la santé, de l’environnement et du bien-être animal (tableau ci-dessous).
En clair, on se permet de critiquer l’agriculture, a fortiori un type spécifique d’agriculture qualifié par ses pourfendeurs de « productiviste » ou d’« intensive », soit un concept abstrait. Cela paraît moins évident de critiquer les agriculteurs en général et encore davantage des agriculteurs que l’on peut croiser ou rencontrer ou que l’on connaît personnellement.
Cela doit militer en faveur d’une nécessité d’incarner et d’humaniser les enjeux agricoles comme l’ont bien compris les YouTubeurs, par exemple, et inciter les agriculteurs à nouer un dialogue direct avec les consommateurs et en premier lieu avec les riverains d’une exploitation par-delà les préjugés que les uns et les autres peuvent avoir.
Le second élément qui transparaît dans ces enquêtes est que les Français se montrent très sensibles aux questions de santé, d’environnement et de bien-être animal et qu’en la matière, ils sont au moins préoccupés par rapport aux pratiques de l’agriculture conventionnelle, si ce n’est critiques, sans doute en grande partie sous l’influence des associations écologistes et végans. En clair, ce sont des sujets sur lesquels les agriculteurs sont attendus au tournant.
En effet, même si, comme nous l’avons vu, dans l’enquête Ipsos-Opinion Valley, 68 % des personnes interrogées font confiance à l’agriculture française pour produire des produits sains et de qualité, 61 % d’entre elles considèrent tout de même que les produits issus de l’agriculture française sont moins sains et de moins bonne qualité qu’il y a quarante ans.
Cette même enquête montre que, pour une majorité des personnes interrogées, l’agriculture française ne fait pas des efforts pour répondre aux enjeux suivants : maîtrise des risques pour la santé des consommateurs (58 %), prise en compte du bien-être animal (61 %), suppression de l’usage des antibiotiques en élevage (64 %), préservation de l’environnement (66 %), réduction des intrants (70 %). L’enquête Ipsos-FNSEA GBP donne des résultats différents, en mettant, comme nous l’avons vu, l’accent sur les agriculteurs, et non sur l’agriculture. Elle tend néanmoins à indiquer que, pour une minorité loin d’être négligeable, de l’ordre d’un cinquième, les agriculteurs se sont moins investi ces cinq dernières années dans l’utilisation responsable des intrants agricoles (19 %), la préservation de la biodiversité (19 %), la lutte contre le réchauffement climatique (20 %) et le respect du bien-être animal (16 %).
Plus largement, on peut voir dans cette dernière enquête que pas moins de 45 % des personnes interrogées estiment que les critiques à l’encontre des agriculteurs sont justifiées (et même qu’elles sont tout à fait justifiées pour 6 % d’entre elles). Des minorités là aussi non négligeables tendent à adhérer à ces critiques : 33 % estiment que les agriculteurs n’accordent que peu d’attention au bien-être de leurs animaux et 28 % que les produits issus des exploitations agricoles françaises présentent un risque pour la santé, alors que, rappelons-le, 59 % considèrent que les agriculteurs français polluent les sols et les eaux par leur activité sans essayer d’en faire plus pour la préservation de l’environnement.
Ces critiques semblent avoir en outre un impact sur les modes de consommation des Français. D’après l’enquête Ipsos-Fnsea GBP, 78 % des Français sondés disent acheter davantage de produits vendus par des producteurs locaux, 54 %, acheter davantage de produits bio, et 53 %, manger moins de viande.
Les résultats de l’enquête CSA-Adocom-RP, concernant plus particulièrement la question animale, montrent que le discours végan, même ultraminoritaire, a tout de même une certaine influence alors que moins de 1 % de personnes interrogées se disent proches du véganisme et du végétalisme et 3 % proches du végétarisme.
On peut distinguer trois cercles de ce point de vue. Le premier est celui qui semble correspondre à un « noyau dur ». Ce sont les 3 % qui se disent tout à fait favorables à la fin de l’élevage ou qui disent qu’ils pourraient être tout à fait convaincus par les associations végans de ne plus consommer de produits issus de la production animale, ou encore les 5 % qui sont tout à fait d’accord avec les principes que défendent les associations végans ou qui font tout à fait confiance aux informations diffusées par celles-ci sur la condition animale. Si l’on s’en tient à la taille de la population française au 1er janvier 2018 selon l’Insee (67,186 millions), cela représente donc tout de même entre 2 et 3,4 millions de personnes en France.
Le second cercle est sans doute celui des sympathisants végans. Ils semblent être de l’ordre de 15 %, soit quelque 10 millions de personnes. Cela correspond aux 15 % des Français sondés qui se montrent favorables à l’interdiction de l’élevage des animaux, qui affirment que les associations végans pourraient les convaincre de ne plus consommer de produits issus de la production animale ou qui estiment que le non-respect de la loi par les associations végans peut se justifier. De même, 11 % d’entre eux disent qu’ils sont tout à fait prêts à remplacer toutes les protéines animales par des protéines végétales dans leur alimentation. Cela signifie par conséquent qu’il y a un peu plus de 10 % de la population qui se montre très sensible à l’argumentaire des associations militantes végans et qui est susceptible de basculer dans un véganisme actif.
Le troisième cercle est celui des Français qui se disent intéressés par le discours des associations végans. Ils sont un peu plus de 30 %. 31 % des personnes interrogées sont ainsi d’accord avec les principes que défendent les associations végans et font confiance aux informations diffusées par celles-ci sur la condition animale, tandis que 32 % d’entre elles estiment que les enquêtes intrusives des associations végans sont justifiées. 36 % disent qu’elles sont prêtes à remplacer toutes les protéines animales par des protéines végétales dans leur alimentation.
Enfin, on peut remarquer que, dans l’enquête Ipsos-Opinion Valley, les Français sondés ont un avis plutôt partagé sur l’impact de la science et de l’innovation dans le secteur de l’agriculture sur ces mêmes questions de santé et d’environnement, en l’occurrence sur la sécurité alimentaire et la santé des consommateurs (37 % d’avis positif, contre 32 % d’avis négatif), la qualité des produits (35 %, contre 33 %) et l’environnement et la planète (32 %, contre 41 %), mais aussi sur la capacité à produire davantage et à nourrir la planète (33 %, contre 34 %). On peut donc en déduire que les perceptions critiques de l’impact de l’agriculture sur la santé et l’environnement sont en partie liées à une vision plutôt négative de l’implication de la science et de l’innovation en agriculture.
Cela signifie que, sur tous ces sujets, le monde agricole va devoir sans doute mieux informer et rassurer les Français, notamment ceux qui sont susceptibles de basculer dans une vision très critique du mode de production conventionnel.
Le troisième élément que l’on peut retenir des résultats de ces enquêtes est qu’il est nécessaire de surveiller l’évolution de certains segments de la population à propos de leur perception de l’agriculture car ce sont eux qui, au bout du compte, peuvent faire la différence dans ce que l’on pourrait appeler la « bataille de l’opinion » opposant une partie du monde agricole à ses pourfendeurs.
C’est tout d’abord le cas des catégories sociales supérieures (CSP+) qui semblent être, en effet, plus critiques que les autres. Ce n’est pas nouveau. Les enquêtes menées sur l’agriculture et l’alimentation tendent généralement à montrer que les cadres supérieurs sont plus réticents que les autres catégories. Dans l’enquête Ipsos-FNSEA GBP, 50 % des CSP+ trouvent ainsi que les critiques contre les agriculteurs sont justifiées (alors que 48 % pensent le contraire), contre seulement 43 % pour les CSP-.
La seconde catégorie est celle des jeunes. Si ceux-ci tendent à faire plus confiance aux agriculteurs que les autres, ils semblent être tout de même particulièrement sensibles à la question animale et à celle de la biodiversité. Dans l’enquête Ipsos-Fnsea GBP, les deux seules questions où ils sont bien moins nombreux que les autres catégories d’âge sont le respect du bien-être animal et la préservation de la biodiversité (question : depuis les 5 dernières années, les agriculteurs français s’investissent plus, moins ou ni plus, ni moins pour…). Ils sont également bien plus nombreux que les autres à estimer que les agriculteurs français n’accordent que peu d’attention au bien-être de leurs animaux (41 %, contre 28 % par exemple pour les 60 ans et plus et une moyenne nationale de 33 %). De même, dans l’enquête CSA-Adocom-RP, pas moins de 48 % des 18-24 ans font confiance aux associations végans, contre une moyenne nationale de 31 %. C’est donc sans aucun doute dans cette catégorie d’âge que l’on peut trouver celles et ceux qui sont, par exemple, susceptible de tomber dans un véganisme actif.
Enfin, la dernière catégorie à surveiller de près, qui peut d’ailleurs se recouper en partie avec les deux précédentes, est celle des sympathisants LREM. Les sympathies politiques sont un facteur de clivage assez net dans la perception des enjeux agricoles. Les sympathisants de gauche (LFI, PS) tendent à se montrer plus critiques que la moyenne, à la différence des sympathisants de droite (LR) qui sont beaucoup moins critiques. En revanche, les sympathisants LREM paraissent être plus partagés selon les sujets. Leurs opinions sont souvent proches de celles des sympathisants LR, mais ce n’est pas toujours le cas. Ainsi, par exemple, dans l’enquête Ipsos-Fnsea GBP, 54 % des sympathisants LREM trouvent que les critiques à l’encontre des agriculteurs sont justifiées (contre seulement 40 % pour les sympathisants LR et 59 % pour les sympathisants PS, par exemple), et 30 % d’entre eux estiment que les produits issus des exploitations agricoles françaises présentent un risque pour la santé (contre 24 % pour les sympathisants PS et LR). Ils sont d’ailleurs beaucoup plus nombreux que les sympathisants LR à faire confiance aux associations écologistes et à dire qu’ils mangent davantage bio et moins de viande. Or, cette vision paraît d’autant plus importante à suivre qu’il s’agit bien sûr de la « clientèle électorale » de la majorité actuelle, les législations adoptées étant susceptibles de répondre à leurs préoccupations.
Il paraît évident que ces différentes catégories – cadres supérieurs, jeunes, sympathisants LREM – se montrent plutôt sensibles aux arguments critiques émis contre l’agriculture conventionnelle, alors même que ce sont sans aucun doute des prescripteurs de normes dans le domaine alimentaire. Ce sont donc ces catégories que le monde agricole va devoir convaincre en priorité s’il ne veut pas perdre la « bataille de l’opinion » sur les pesticides et l’élevage. La cible prioritaire semble même être, de ce point de vue, celle des jeunes cadres citadins, souvent qualifiés de façon péjorative de « bobos ».
Au final, ces différentes enquêtes tendent à montrer que les critiques du mode de production conventionnel ne balayent pas tout sur leur passage, mais qu’elles influencent tout de même très certainement des populations-clefs dans les débats actuels qui sont les plus susceptibles de basculer dans une vision très critique du mode de production conventionnel, à savoir les CSP+, les jeunes, notamment sur la question de la viande, et les sympathisants LREM, plutôt sur les pesticides. Le monde agricole va par conséquent devoir s’appuyer sur ses « fondamentaux », en l’occurrence sa bonne image auprès de l’opinion publique, pour tenter de convaincre ces segments de population sensibles aux sirènes, d’alarme en l’occurrence, des associations écologistes et végans.
En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/en-loire-atlantique-des-agriculteurs-menaces-alors-quils-semaient-du-ble/19368 (« En Loire-Atlantique, des agriculteurs menacés alors qu’ils semaient du blé », Wikiagri.fr, 3 novembre 2018) ; https://wikiagri.fr/articles/une-serie-dincendies-criminels-contre-des-eleveurs-alsaciens/19341 (« Une série d’incendies criminels contre es éleveurs alsaciens », Wikiagri.fr, 28 octobre 2018), https://www.la-croix.com/Economie/France/Quand-Francais-jugent-leur-agriculture-2018-11-16-1200983455 (l’article de La Croix qui reprend les principaux résultats de l’enquête Ipsos-Opinion Valley).
Notre illustration ci-dessous est issue de Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/186235627.
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L’analyse est très interessante et montre bien les cibles prioritaires d’une communication destinée à améliorer l’image de l’agriculture et des agriculteurs. Elle montre aussi que les efforts des agriculteurs pour verdir leurs productions sont insuffisamment connus et reconnus.