Le mouvement des Gilets jaunes en zone rurale et dans les petites villes, exprime l’absence de politique économique et environnementale pour adopter des modes de vies plus respectueux de l’environnement. Une politique fiscale n’a jamais été une politique économique. Les agriculteurs, engagés dans la transition agro-écologique, sont liés, cahin-caha à un pacte social, économique et environnemental (la Pac) financé par les contribuables européens auprès desquels les agriculteurs rendent des comptes.
Une partie des revendications environnementales des Gilets jaunes (taxe sur les carburants par exemple) est aussi bien partagée par les agriculteurs que par l’ensemble de la population. Mais en matière de transition écologique, les agriculteurs ont une sacrée longueur d’avance. Face aux ruraux quelque peu novices pour revendiquer des mesures viables (chacun profèrant les siennes), les agriculteurs ont 25 ans d’expériences. Leurs revendications ne remettent pas en cause la transition agro-écologique de l’agriculture, mais la trajectoire imposée pour suivre le mouvement. De plus en plus de produits phytosanitaires sont interdits à l’emploi et l’accès à des variétés très productives (Ogm ou issues de l’édition génomique) leur est interdit.
Autrement dit, les revendications agricoles tentent de rendre cette transition agro-écologique supportable en dénonçant les impasses dans lesquelles ils se retrouvent. Et même si la Pac est contestée, elle donne aux agriculteurs des moyens financiers pour adapter leurs modes de production.
Le développement rural (deuxième pilier de la Pac) est contractuel. En échange du respect d’un cahier des charges, les agriculteurs touchent des ICHN (indemnités compensatrices au handicap naturel) ou encore des aides à la conversion à l’agriculture biologique. Auparavant, les CTE (contrats territoriaux d’exploitation), les PAM (plans d’amélioration matérielle), les mises aux normes, etc. étaient des dispositifs d’investissements auxquels deux générations d’agriculteurs ont eu recours pour adapter leurs exploitations.
Les habitants en zone rurale sont eux, livrés à eux-mêmes, sans politique économique et environnementale alternative pour changer leur mode de vie et pour contrebalancer les taxes à payer qui pèsent sur leur budget. Ils ont autour d’eux un gisement d’énergie renouvelable (bois, soleil, eau, éolien) et pourtant ils peinent pour s’affranchir de l’utilisation d’énergie fossile !
Si bien, aussi paradoxal que cela puisse paraître, que la transition écologique affecte plus le quotidien des ruraux que celui des urbains, et des Parisiens en particuliers.
Car l’organisation de la société rurale repose beaucoup sur l’automobile. Plus les campagnes sont dépeuplées, plus la voiture est indispensable.
C’est la détention (et l’utilisation) d’une voiture qui rend supportable l’absence de services publics et de lieux de culture. Ainsi, les particuliers paient avec leurs propres deniers les sommes que l’Etat économise en se retirant des territoires isolés. Aussi, taxer les carburants revient à les faire payer deux fois.
Dans les métropoles beaucoup d’urbains sont déjà passés à l’ère « post voiture ». Mais en même temps, quel parking de petite gare de province n’abrite pas des véhicules appartenant à des Parisiens qu’ils retrouvent à leur descente de train pour rejoindre leur lieu de villégiature ?
Pour le chauffage aussi, les Parisiens sont en mode écologique. Nombreux sont ceux qui ont opté pour l’électricité (d’origine nucléaire) avec zéro émission de gaz carbonique. Les chaudières à gaz ou au fuel équipent les pavillons en banlieue, les fermes ou les villégiatures en pleine campagne.
La transition écologique en zone rurale doit être portée par un projet économique et industriel. Elle doit aussi être financée par tous en fonction de ses moyens et non seulement à l’aveugle en imposant des taxes uniformes.
Pourquoi alors ne pas envisager la souscription d’un emprunt obligatoire souscrit par les contribuables qui étaient jusqu’à l’an passé redevables à l’impôt sur la fortune. Les sommes collectées financeraient alors une partie des investissements publics à réaliser.
Et pour les habitants en zone rurale, pourquoi ne pas imaginer un « livret énergie » abondé par les taxes payées lorsqu’ils achètent du gazole ou de l’essence ? Le capital constitué et des emprunts complémentaires à 0 % financeraient des projets personnels qui réduiraient le recours aux énergies fossiles (chauffage au bois, véhicules électriques…). Ces deux dispositifs économiques dynamiseraient ainsi la vie économique en zone rurale avec des habitants qui seraient de nouveau en première ligne !
Notre illustration ci-dessous : en début de semaine dans la Somme, des agriculteurs de la Coordination rurale se sont mélés aux Gilets jaunes pour l’occupation de ronds-points.
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Enfin des propositions pour une transition qui ne passerait pas que par des mesures punitives