Fin 2019, Jean-Michel et Régine Faivre ont investi dans un moulin semi-industriel pour augmenter la capacité de production.
Sur les 180 ha de la ferme de Chaillezais, 5 ha sont dédiés à la culture de blé tendre. Cette production est ensuite transformée en farine, biscuit et brioche. Ces produits, vendus en circuit-court, représentent un tiers du chiffre d’affaires de l’entreprise.
Dès leur installation, le parcours de Jean-Michel et Régine Faivre est atypique. C’est au début des années 2000 que les deux Francs-Comtois migrent vers la façade atlantique. En 2005, ils reprennent la ferme de Chaillezais, une exploitation céréalière de 180ha sur la commune de Chaillé-les-Marais, à la limite de la Vendée et de la Charente-Maritime. Ici, ils produisent du blé dur et tendre, du maïs et du tournesol semence, des lentilles et du pois-chiche. La culture est la plus raisonnée possible. « Cette année, je me suis passé de traitement fongicide car il n’y en avait pas besoin » témoigne Jean-Michel Faivre. Un îlot de 28ha ha, plus éloigné du corps, de ferme est mené en bio pour la production notamment de sarrasin.
Les hangars contenant le moulin et le laboratoire de transformation sont accolés à l’habitation des époux Faivre.
De la farine made in Vendée
C’est en 2012 que débute l’aventure de la diversi- fication. Régine Faivre a l’idée de transformer les céréales en farine sur l’exploitation pour une vente en circuit-court. « Tout est sur place. Le blé pousse dans la parcelle à côté du hangar où il sera stocké et transformé. Quand les clients, ou parfois des écoles, viennent visiter le site, ils peuvent découvrir l’ensemble des étapes de la production » insiste l’exploitante. Un premier moulin avec une meule de 50 cm rejoint d’abord un hangar de la ferme accolé aux silos. Jean-Michel et son fils Valentin réalisent les travaux pour transformer le bâtiment en local de meunerie. Les deux filles des exploitants prennent également part au projet. Alors que la plus grande en cursus marketing réalise les étiquettes des packagings, la seconde se lance en pâtisserie. Elle a aujourd’hui rejoint sa mère dans l’entreprise.
Des moulins de plus en plus gros
« Depuis 2012, nous avons déjà changé quatre fois de modèle de moulin pour suivre l’augmentation des volumes de production» témoigne Régine Faivre. En novembre dernier, c’est un outil semi-industriel avec une meule d’une dimension de 1,2m qui a pris place sur la ferme de Chaillezais.
Si la production de farine est une réussite, la Franc-Comtoise ne s’est pas arrêtée là. En 2014, elle décide de franchir l’étape suivante et de produire des biscuits. Un nouveau laboratoire de transformation est installé dans les locaux de la ferme. « Nous étions les seuls à proposer ce type de produit en fabrication à la ferme dans le secteur » se souvient-elle. Ces produits sont aujourd’hui vendus dans 8 magasins de producteurs et 22 magasins de produits locaux. De fil en aiguille, les points de vente lui demandent de la brioche, qu’elle commence à produire en 2016. Dans la continuité les pains burgers sont venus rejoindre la gamme en 2021.
Actuellement, la vente en circuit court représente 35 % du chiffre d’affaires de l’exploitation. En termes de volume, les exploitants consacrent 5 ha de blé tendre à la fabrication des 16t de farine. « Avec ce mode de commercialisation, la marge est quatre fois supérieure à un circuit classique » souligne Régine Faivre. Depuis 2015, la ferme de Chaillezais a inclus la lentille verte dans sa rotation. 5 ha de cette culture sont destinés à la vente en circuit court. « Nous produisons également de la farine de sarrasin lorsque la récolte le permet et nous allons essayer de moudre du pois-chiche. Cette année nous lançons aussi le quinoa sur les parcelles en bio. Les cultures de seigle et d’ épeautre sont en projet pour la farine » liste l’exploitante à la triple casquette d’agricultrice, boulangère et pâtissière.
Un projet à plus de 100 000 €
Si le premier moulin a représenté un investissement modéré, à hauteur de 5000 €, le modèle semi- industriel récemment installé sur la ferme de Chaillezais s’est révélé plus onéreux. « Le coût s’élève à 33 000 €, mais nous avons bénéficié d’une aide PCAE » indique Régine Faivre. L’achat du four, du batteur et de la dresseuse du laboratoire de transformation se chiffre à 65 000 €. « À l’époque, nous étions très optimistes sur les volumes de production mais l’histoire nous a montré que nous avions raison car ce matériel est presque amorti » sourit l’exploitante.
Vers des variétés anciennes
Sur la parcelle de blé tendre destinée à être transformée en farine, Jean-Michel Faivre réalise un mélange de variétés entre des blés panifiables supérieurs et des blés de forces pour obtenir une farine avec les caractéristiques idéales. « Avec mon fils, nous multiplions des micro-parcelles de variétés anciennes qui sont plus riches en protéines et qui contiennent moins de gluten » témoigne-t-il. À terme, elles pourraient remplacer les variétés plus classiques actuellement utilisées.
Texte: Thimothée Legrand