Damien Greffin, président de la Fdsea et de la Frsea Ile de France, l’organisateur des manifestations agricoles qui vont bloquer Paris ce mercredi 27 novembre, explique les raisons de cette mobilisation.
WikiAgri : Quelles sont les revendications que vous défendez en bloquant Paris ?
Damien Greffin : « Notre action sur l’Ile de France s’inscrit dans un mot d’ordre national. Il s’agit cette fois de cibler Emnanuel Macron pour que derrière les annonces il y ait des actes. Nous dénonçons ainsi les accords de libre-échange tels le CETA ou le Mercosur où à chaque fois l’agriculture est considérée comme la variable d’ajustement (Ndlr : encore tout récemment, le député européen Eric Andrieu s’est indigné d’un accord commercial en passe d’être accepté par l’Europe avec les Etats-Unis pour tripler le quota d’importation de viande bovine américaine). Nous dénonçons également l’absence d’effets de la loi EGAlim pour les agriculteurs (Ndlr : alors qu’elle devait rééquilibrer le partage de la valeur ajoutée). Nous dénonçons enfin les mesures réglementaires à géométrie variable autour du débat sur les ZNT (zones de non traitement) : on met définitivement dans la tête des gens qu’il faut se protéger des pratiques agricoles ! Encore récemment, près de chez moi dans l’Essonne, un maire a passé un arrêté réclamant un périmètre de non traitement de 200 mètres. En période pré-électorale pour les municipales, c’est devenu un argument politique, loin de toutes vérifications scientifiques. On est dans la surenchère. On oublie qu’il y a de la chimie partout, pas seulement en agriculture. On en trouve dans les peintures utilisées en bâtiment, et même dans les protections féminines ! Bien sûr qu’il faut éviter les excès d’usage, mais décidons-le et faisons-le sur des bases de réflexion qui n’opposent pas systématiquement une partie de la population à une autre.
Vous demandez d’éviter d’opposer les urbains aux agriculteurs, mais bloquer la circulation dans Paris n’est-il pas un acte qui va à l’inverse de cette revendication ?
D.G. : Ce 27 novembre est en fait la troisième journée de mobilisation des réseaux Fnsea et JA (Jeunes Agriculteurs) après les 8 et 22 novembre. Il y a eu 75 départements mobilisés, puis 85… Pas de réaction. C’est pour cela que nous devons viser directement l’exécutif. Pas seulement à Paris d’ailleurs, nos collègues seront présents dans toute la France, et je pense que Lyon aussi sera bloqué. C’est regrettable, mais tant qu’on ne met pas des tracteurs dans Paris, on ne nous prend pas au sérieux. Je suis le premier à être désolé de devoir bloquer ainsi des particuliers qui ne demandent qu’à travailler. Malheureusement nous, agriculteurs, sommes dans le même cas. Là, les tracteurs vont aller jusqu’en vue de l’Arc de Triomphe, avenue Foch, après être entrés dans Paris par la porte Dauphine. Derrière, nous demandons à être reçus au plus haut niveau de l’Etat. Des solutions doivent être trouvées dans le dialogue. Si on laisse la situation s’enliser, il existe un risque de débordements. Que l’on ait plus affaire à des manifestations organisées et encadrées par des syndicats, mais à des mouvements spontanés sur le modèle des Gilets Jaunes, non contrôlés. Il faut éviter d’en arriver là.«
Dans un communiqué, la Fnsea Grand bassin parisien précise : « Dans le cadre de la mobilisation nationale Fnsea et JA lanceÌe pour le mercredi 27 novembre, plus de 1000 tracteurs venus des reÌgions Hauts-de-France, Normandie, Ile-de-France, Grand-Est, Centre-Val- de-Loire et Bourgogne-Franche-ComteÌ se donnent rendez-vous aÌ€ Paris. Ils seront deÌ€s 6 heures du matin aux portes de la capitale (A1, A4, A5, A6, A10, A11, A13, A14, A15, N1, N2, N12, N20…).«
Et voici la carte fournie en annexe :
Ci-dessous, photo d’archives, Damien Greffin en pleine manifestation.