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Sur quoi peuvent déboucher les états généraux de l’agriculture ?

Les états généraux de l’agriculture ont connu une première étape ce vendredi 21 février, veille de l’ouverture du Salon de l’agriculture. Sur quoi peuvent-ils déboucher ?

D’abord, un rappel. C’est en constatant que la loi d’avenir pour l’agriculture donnait une vision à terme du secteur mais aucune solution aux problèmes immédiats de compétitivité que plusieurs responsables agricoles se sont décidés à créer ces états généraux de l’agriculture. Objectif : définir les besoins de l’agriculture française pour retrouver son rang de puissance économique en pleine expansion, et non plus, comme actuellement, en perte de vitesse.

Portés par Xavier Beulin

C’est donc le CAF, conseil de l’agriculture française, qui s’est emparé du sujet. Le CAF, c’est la réunion du syndicat majoritaire (la FNSEA) et celui des jeunes (les JA), des coopératives (Coop de France), des mutuelles, assurances et banques (CNMCCA), et des chambres d’agriculture (APCA). Son président est tour à tour l’un de ses organismes. En ce moment, c’est Xavier Beulin, président de la FNSEA, qui est président du CAF.

Or, justement, si le CAF dans son ensemble et donc toutes ses composantes sont intéressés, j’ai pu constater que l’idée de redonner du tonus à l’agriculture française était particulièrement portée par Xavier Beulin en personne. Son discours ne trompe pas, particulièrement volontaire, il s’exprime comme un chef d’entreprise représentant les chefs d’entreprises agricoles, davantage que comme un meneur syndical. Et, à mon sens (et sans le moindre esprit de flagornerie), ce discours sonne juste, au bon moment.

Des ministres visiblement attentifs, mais…

La journée de vendredi dernier a nécessité une préparation minutieuse. Trois tables rondes, trois thèmes donc : l’emploi et le coût du travail, la modernisation et les investissements, la simplification administrative et environnementale. Chaque table ronde devait être conclue par le ministre dédié à ces tâches dans le gouvernement, sensé être présent au débat l’intéressant, de façon à déjà donner les lignes de son action éventuelle par rapport aux constats et demandes formulés lors de la table ronde.

Ça a plutôt mal commencé, Michel Sapin absent pour conclure la table ronde sur le table, remplacé au pied levé par un dircab’ bredouillant un discours préparé avant celle-ci : on n’était absolument pas dans l’esprit désiré. Il ne s’agissait pas d’offrir une tribune à des ministres, mais de les impliquer personnellement. En revanche, sur les deux autres thèmes, Guillaume Garot sur l’innovation et surtout Philippe Martin sur la simplification ont semblé impliqués, prêts à formuler des réponses concrètes.

Tout aura été essayé

Il ressort de la journée plusieurs aspects. Primo, l’initiative est venue de la part des responsables agricoles. Dans le pire des cas, même si en définitive seule une partie mineure de leurs souhaits était reprise, ils auront eu le mérite d’essayer. D’avoir des propositions concrètes (je vous mets en fin d’article le lien vers le site internet créé pour l’occasion qui les recense), de les porter, de les booster, de « déranger » plusieurs ministres pour les sensibiliser.

Deuxio, on trouve dans ce sujet agricole la même ambivalence que dans le discours présidentiel récent et son fameux « virage économique » : la volonté gouvernementale est affichée (trois ministres sur quatre invités se sont tout de même déplacés, avec Stéphane Le Foll en conclusion en plus de ceux cités plus haut), mais quelque part, dans le discours de chacun, on sent que c’est compliqué de mettre en place une politique à laquelle ils ne sont pas habitués. A tel point que le plus à l’aise finalement fut Philippe Martin, ministre de l’environnement, qui eut l’habileté de choisir les thèmes sur lesquels ils pouvaient donner une réponse immédiate, et qui sembla donc le plus concret, avec des actes. Etonnant lorsque l’on sait par ailleurs combien les agriculteurs en général souffrent des contraintes environnementales.

Tercio, on ne pourra pas taxer la profession agricole de favoritisme politique. Le parti pris est celui du chef d’entreprise agricole qui souhaite avoir la possibilité d’avancer, qui sait qu’il peut le faire, à condition que l’étau étatique soit desserré avec discernement. La demande est formulée, normalement, au pouvoir en place. Finalement, à y regarder de près, elle n’ets pas éloignée du sens du fameux rapport de Louis Gallois sur la compétitivité, avec en prime les spécificités agricoles.

Mise en place d’un comité de suivi

Et maintenant ? Xavier Beulin a insisté dans son discours de clôture de la journée vendredi : « Dès demain (Ndlr : donc samedi dernier) un comité de suivi sera mis en place pour vérifier l’avancement par rapport à chacune de nos demandes. Et nous saurons les reformuler aussi souvent qu’il le faudra !« 

Cette dernière initiative est des plus heureuses, c’est évidemment ce comité de suivi qui sera le garant du degré de la réussite (qui ne sera vraisemblablement que partielle, on n’ose imaginer davantage) de l’opération. Les enjeux sont énormes, il ne s’agit pas de l’influence d’un homme ou de syndicalisme politicien, mais bel et bien de redonner au secteur agricole français les moyens de reprendre la main sur son histoire, et donc sur son influence sur l’économie française, donc sur l’emploi.

En savoir plus : http://www.etats-generaux-agriculture.fr (site officiel avec toutes les revendications et tous les arguments).

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