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Stéphane Le Foll prône des groupements d’intérêts économiques et environnementaux

Auditionné le 24 juillet par la Commission des affaires économiques du Sénat, Stéphane Le Foll a précisé nombre de points sur sa manière de voir l’agriculture en France, et donc des principes qui vont guider sa façon de la défendre. Guillaume Garot, ministre délégué à l’Agroalimentaire, a lui précisé les trois défis qu’il donne à ce secteur.

Le ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire, et de la Forêt Stéphane Le Foll a ainsi détaillé les principes qu’il défendra au niveau de la Politique agricole commune. Selon lui, la France a à la fois une force et une faiblesse dans sa diversité agricole. Pour cette dernière, il trace quatre grandes zones de l’agriculture en France : le grand ouest (« de la Normandie jusqu’aux Pyrénées« , précise-t-il) en polyculture élevage, la zone céréalière, une zone de bassins allaitants, une zone de productions méditerranéennes et de moyenne et haute montagne. Donc, dit-il, « quatre sujets« , là où « d’autres pays n’ont qu’un problème à régler« . Il ajoute : « Notre diversité est à la fois une force majeure et en même temps une part de la faiblesse que nous avons vis-à-vis de l’Europe. La position de la France sera de faire valoir cette diversité. »

Au fil de son audition (vous avez le lien vers la vidéo complète en fin d’article), j’ai noté quelques phrases-clés, je vous les livre :

– « Découpler totalement les aides aujourd’hui, c’est prendre le risque que la facilité s’impose aux agriculteurs. Le risque qu’on a, par exemple dans le grand ouest, est qu’on ait des éleveurs qui se mettent à faire des céréales.« 

– « Vous avez une sécheresse aux Etats-Unis, une autre peut-être en Russie, et vous avez là tout de suite une tension sur les marchés qui crée de la montée des prix. Nous avons des risques pour nous de voir le coût de l’alimentation animale augmenter, et si on n’est pas capable de répercuter ça sur les prix, vous allez avoir un effet de ciseaux et les éleveurs vont être coincés. Il faut qu’on trouve des solutions.« 

– « Dans le monde de demain, il y aura une demande sur la viande, et nous avons 45 % du bassin allaitant de l’Europe, c’est nous qui alimentons l’Europe.« 

– « (Ndlr : si le calendrier notamment européen est par ailleurs respecté, on aurait) la grande loi-cadre sur l’avenir de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt dans le deuxième semestre 2013. Il faut aller dans l’ordre : faire la Pac en Europe puis faire la loi en France« .

– « Ecophyto 2018 : on est un peu en échec après le Grenelle. Les molécules les plus dangereuses ont à peu près disparu à 87 %, mais le volume des phytos consommés stagne alors qu’il devait être réduit de 50 % en 2018. Les surfaces en bio, l’objectif c’était 20 % en 2020 on en est à 3,5 %. On n’atteindra pas nos objectifs. Il faut qu’on repense notre système. On va essayer de repositionner les choses lors de la conférence environnementale.« 

– « Mon problème c’est : comment, pour régler ces problèmes environnementaux, je fais basculer les normes et contraintes exploitation par exploitation en une dynamique plus collective et active. Il faut créer un effet de système, changer les modèles de productions. C’est l’enjeu du cadre européen mais surtout de la loi cadre dans laquelle on proposera des groupements d’intérêts économiques et environnementaux.« 

Compétivité, attractivité sociale et qualité pour l’agroalimentaire

De son côté, Guillaume Garot a détaillé les enjeux agroalimentaires. Il veut que les entreprises agroalimentaires « contribuent au redressement économique national« .

Il précise ainsi le premier défi, économique : « L’enjeu, c’est celui de la compétitivité, comment gagner des parts de marché à l’export, mais aussi dans le marché intérieur. (…) Nous avons un problème de taille des entreprises : nous avons une myriade de PME mais qui ne sont pas forcément bien armées pour l’export. Ce n’est pas sur le coût du travail que l’on gagnera en compétitivité, mais en investissant davantage sur la recherche et le développement. (…) Il va falloir se doter de moyens nouveaux et efficaces. Je crois beaucoup dans la banque publique d’investissements, qui va nous aider.« 

« Il y a un deuxième défi, ajoute-t-il, le défi social. Comment créer des emplois dans la filière ? Certains métiers ont une image dégradée, mais on a aussi des problèmes de qualification. Il va falloir répondre au défi de l’attractivité des métiers de l’agroalimentaire.« 

« Troisième défi, poursuit-il, celui de la qualité. Par cette idée de l’excellence française, on répond aussi aux deux premiers défis de la compétitivité et de l’attractivité. »

Sur la méthode, enfin, Guillaume Garot donne rendez-vous dès cet automne :  » A l’automne, nous allons commencer un travail en consultation en régions avec tous les acteurs économiques, sociaux et publics pour trouver des solutions pour nos trois défis. Il faudra des mois, des années pour transformer le modèle agroalimentaire français, qui a bien répondu jusqu’à présent aux enjeux, mais qui devra nécessairement être modernisé pour répondre aux nouveaux défis.« 

En savoir plus : http://videos.senat.fr/video/videos/2012/video13977.html (la vidéo de l’audition de Stéphane Le Foll et Guillaume Garot au Sénat).

Toute la politique agricole voulue par le gouvernement est largement précisée dans cet article. Qu’en pensez-vous ? Pour en débattre, rendez-vous ci-dessous dans l’espace « Ecrire un commentaire ».

 

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