Après bien des tergiversations dans les dernières heures avant l’annonce des noms des membres du gouvernement (il fut question notamment de Marylise Lebranchu et plus encore de Jean-Michel Baylet), c’est finalement Stéphane Le Foll qui a été choisi au titre de ministre de l’Agriculture et l’Agroalimentaire. WikiAgri vous avait annoncé cette possibilité dès l’annonce de l’élection de François Hollande.
Stéphane Le Foll, 52 ans, est donc le nouveau ministre de l’Agriculture et l’Agroalimentaire. Professeur d’économie dans un lycée agricole, à Rouillon (Sarthe), dans sa jeunesse, il n’a cessé de côtoyer le milieu agricole. Il est d’ailleurs chevalier du Mérite agricole.
Il a aussi été directeur de cabinet de François Hollande de 1997 à 2008 au Parti Socialiste, et fut l’un de ses plus fidèles lieutenants lors de la campagne électorale pour la récente élection présidentielle. Député européen depuis 2004, il a toujours montré son intérêt pour le débat sur la Politique Agricole Commune. Il a même été vice-président de la commission agricole au sein du Parlement européen. Il fut enfin également conseiller technique auprès de Louis Le Pensec, ancien ministre de l’Agriculture en 1997-1998.
Une dépêche de l’AFP rapporte les premiers propos du ministre quant à l’axe essentiel qu’il compte donner à sa mission (je reprends la citation) : « L’enjeu majeur, ce sera l’enjeu européen pour l’agriculture, la réforme de la politique agricole commune. Il convient de s’interroger sur le sens que l’on doit donner à l’agriculture en Europe et en France. Comment peut-on offrir des perspectives et permettre à l’agriculture française dans sa diversité de pouvoir se développer et assurer à partir de là, de l’emploi et de la richesse. » C’est donc bien sur la Pac qu’il se positionne en premier.
J’ai recherché, le plus souvent sur son site internet, ses prises de position passées sur plusieurs sujets intéressant de près les agriculteurs français.
Sur les OGM, le combat, en tant que député européen, de Stéphane Le Foll porte sur le droit des Etats européens de les refuser. En novembre 2010, sur sa newsletter, il évoque ainsi « quatre raisons (qui) peuvent justifier un refus de la part d’un Etat pour mettre en culture des plants OGM. 1°) les questions environnementales, et en particulier celles concernant la dissémination ; l’exemple de l’amarante de Palmer aux Etats Unis résistante au glyphosate nous alerte à nouveau sur les risques. 2°) la question sanitaire, en particulier pour les plantes OGM intégrant des pesticides, avec la nécessité de mettre en place de nouveaux protocoles. 3°) la question économique ; y a t-il ou non un avantage économique à avoir recours aux OGM ? 4°) y a t-il ou non des solutions alternatives selon les cas, au recours aux OGM. En répondant à ces quatre questions, un Etat peut tout à fait refuser la mise en culture ou l’utilisation d’OGM. Un tel cadre donnerait une clarté dans la décision qui n’existe pas aujourd’hui. » En d’autres termes, la question pour lui n’est pas d’autoriser ou refuser les OGM, mais de savoir comment les refuser. A noter qu’il a défendu une position commune avec Corine Lepage sur ce sujet.
Sur la Pac, en octobre 2011, Stéphane Le Foll écrivait dans sa newsletter : « Je soutiens les objectifs de cette réforme qui visent tout à la fois à assurer la sécurité alimentaire, une meilleure gestion des ressources naturelles et un équilibre plus harmonieux des territoires. Mon appréciation sur les moyens de mises en œuvre de cette réforme est beaucoup plus mitigée. (…) Ma grande critique concerne le financement de cette future Pac : nous n’avons pour l’heure aucune certitude sur le montant du budget. » On trouve par ailleurs, dans ses précédentes newsletters, de très nombreuses démontrant qu’il connaît le sujet de la Pac « à fond », étant personnellement intervenu, par exemple, pour éviter qu’une partie des aides du 1er pilier n’aille sur le 2e, tout en défendant une politique d’environnement « plus économe en énergie et intrants ».
L’un de ses chevaux de bataille semble être « la prise en compte de l’emploi et de la production de biens publics environnementaux dans la distribution des aides », comme il l’indique dans sa newsletter de mai 2011.
Dans sa newsletter d’avril 2011, Stéphane Le Foll se dit « particulièrement engagé » sur les sujets du « budget de la Pac, du verdissement du 1er pilier, du problème de l’élevage avec le coût élevé de l’alimentation animale ».
Dans sa newsletter datée de février 2011, Stéphane Le Foll plaide, pour répondre à la flambée des prix alimentaires au niveau mondial, pour « relancer une politique publique de stocks à l’échelle mondiale », ainsi qu’à « lutter contre la spéculation financière ».
Dans une dépêche de l’AFP, le président de la FNSEA Xavier Beulin a estimé que la nomination de Stéphane Le Foll en tant que ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire est un « bon choix », précisant : « Nous avons un bon connaisseur de la scène européenne et des questions agricoles ». Il s’est félicité que l’on ait conservé un « ministère de plein exercice avec un ministre de plein droit » et a estimé que l’ajout du secteur agroalimentaire à l’agriculture permet une « vraie cohérence » .
Jean-Michel Schaeffer, président du syndicat des Jeunes agriculteurs, déclare sur son blog personnel : « Nous nous félicitons du maintien d’un grand ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire. Un ministère qui sera dirigé par Stéphane Le Foll, fin connaisseur des dossiers agricoles et européens. En effet, dans un contexte de crise, la France va devoir négocier la réforme de la Pac, rester crédible et peser de tout son poids pour garder un secteur agricole stratégique. (…) Le nouveau Président de la République a par ailleurs déclaré lors de son élection le 6 mai dernier que l’un des piliers de son mandat serait la jeunesse, une priorité qui ne peut que nous interpeller, nous, Jeunes Agriculteurs. Nous saurons donc, nous aussi, vous rappeler cette orientation lorsque cela sera nécessaire ! »
Au niveau d’Orama, après les félicitations d’usage, Philippe Pinta a invité le nouveau ministre à « se pencher rapidement sur la situation des nombreux producteurs de céréales sinistrés du fait du gel hivernal. Les mesures prises avant le 15 mai doivent être complétées. »
La Confédération paysanne tout comme la Coordination rurale semblent débuter leur campagne pour les élections consulaires agricoles qui auront lieu en début d’année prochaine en réclamant « la fin de la cogestion ».
En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/germinal-peiro-ou-stephane-le-foll-les-plus-cites-pour-le-ministere-de-lagriculture/130 (dès le 6 mai, WikiAgri vous annonçait la venue possible de Stéphane Le Foll au ministère de l’Agriculture) ; https://wikiagri.fr/topics/quesperez-vous-de-la-part-du-nouveau-ministre-de-lagriculture-et-de-lagroalimentaire-stephane-le-foll-/58 (WikiAgri a ouvert un forum pour que vous exprimiez vos attentes vis-à-vis de Stéphane Le Foll).
Notre photo est issue du site http://www.lefoll.net.