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Stades des maïs, une avance d’une dizaine de jours

Ayant bénéficié de chaleur et d’humidité depuis deux mois, les maïs atteignent déjà le stade floraison femelle début juillet.

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Des semis précoces dans le sec, suivis de bonnes conditions de croissance

Les premiers semis ont débuté vers le 10 avril et la majorité était terminée à la fin du mois. Ce sont les secteurs habituellement humides (sols hydromorphes, zone inondables…) qui se sont dépêchés de profiter des conditions sèches du début du mois d’avril pour semer. La date de semis médiane peut être positionnée au 20 avril, mais varie selon les endroits car certaines grandes exploitations avaient déjà fini à cette date. Pour d’autres, les créneaux d’intervention ont été un peu décalés (Rhône-Alpes a commencé après le 15 avril) et des semis se sont encore effectués en mai, par exemple derrière ray-grass. Les levées sont assez rapides si on a pris soin de déposer les grains dans la fraicheur du sol. Avril est un mois assez sec, ce qui a pu mettre en difficulté les applications herbicides de prélevée. Par contre, le période qui suit est particulièrement arrosée. En effet, du 1er mai au 20 juin, les pluies sont régulières et abondantes, favorisant la croissance rapide des plantes, d’autant plus que les températures sont très clémentes. D’Etoile-sur-Rhône à Saint-Hilaire-en-Woëvre, en passant par Ambérieu et Strasbourg, les 11 stations* étudiées annoncent une moyenne de 174 mm durant cette période. Le secteur « le plus sec » est la Lorraine, avec « seulement » 115 mm à Nancy ou Saint Hilaire.

Carte 1 : écarts de précipitations en mm de l’année 2018 avec la médiane des années 1998-2017, période du 1er avril au 10 juin

Carte 2 : écarts de somme de températures base 6-30°C de l’année 2018 avec la médiane des années 1998-2017, période du 16 avril au 10 juin

Assez tranquille du côté des ravageurs

A part quelques situations très spectaculaires (disparition de 80 % des pieds), dans l’ensemble, la croissance rapide des plantes ne permet pas aux taupins de faire beaucoup de dégâts aux maïs. Par contre, les mouches oscinies profitent du temps chaud d’avril pour se développer et du relatif ralentissement de la végétation durant les périodes pluvieuses pour provoquer des disparitions d’apex et provoquer le tallage des plantes. Corbeaux et sangliers nous rappellent qu’ils sont toujours là et aussi, que nous sommes assez démunis pour leur faire face.

Des floraisons ultra-précoces et regroupées

L’irrigation a débuté depuis la mi-juin et avec la forte demande climatique (ETP > 7 mm, ETM > 8 mm), les irrigants en sont déjà à leur 3e tour d’eau tout début juillet. Le maïs a pleinement profité des températures élevées du printemps et présente actuellement une avance en stade très importante. Au 5 juillet, la floraison femelle est en cours ou bien dépassée selon les secteurs et les hybrides, ce qui représente une avance d’une bonne dizaine de jours, voire plus. En prenant comme référence une date de semis du 15 avril, l’avance en sommes de températures pour nos stations de référence est de 174 degrés base 6-30, soit 10 jours. Pour un semis du 20 avril, c’est encore 8 jours d’avance par rapport à la médiane des 20 dernières années (qui rappelons-le, étaient plutôt chaudes). Le fait remarquable, en particulier dans les essais variétés, est que les différents hybrides fleurissent presque tous en même temps. Les écarts habituels sont gommés et les tardifs peuvent être favorisés. La suite de l’été nous renseignera sur l’évolution de leur maturité.

De la protogynie

Normalement, la floraison mâle (sortie des étamines sur le maître-brin des panicules) précède de quelques jours la floraison femelle (sortie des soies sur l’épi). Cette année, certainement à cause de l‘emballement des températures, on observe des cas de protogynie, c’est-à-dire que les soies sortent avant l’émission de pollen. Cela n’est pas préjudiciable à la plante car le pollen finit par arriver. C’est par contre assez spectaculaire dans la mesure où les soies continuent de pousser tant que les ovules situées à leur base ne sont pas fécondées. Cela peut également engendrer une levée de la dominance apicale de l’épi primaire et se traduire par l’émergence d’un second épi. S’il est fécondé, il fera des grains. Ces cas qualifiés de « prolificité » sont favorables au potentiel à condition que l’alimentation en eau suive.


Les soies sortent alors que la panicule n’est pas « mûre ».

Ca passe ou ça casse

La croissance ultra rapide des plantes se traduit par des entre-nœuds très longs et des tiges assez fragiles. Les gabarits sont grands et tout ceci contribue à une certaine sensibilité à la verse, voir à la casse. De gros coups de vent peuvent être dangereux à ce stade. A titre d’exemple, nous avons relevé du snapping sur notre essai de Misérieux (01). En général, la casse intervient plus haut sur la plante, mais c’est aussi possible au niveau des premiers nœuds. Les dégâts peuvent être importants car ils sont irrémédiables. Quelquefois, la tige est simplement pliée mais elle ne se relèvera pas. Bien que l’on observe des différences variétales, il n’y a pas de résistance absolue car l’effet stade des plantes est prépondérant. Avec la croissance accélérée de ces derniers jours, les entre-nœuds n’étaient pas suffisamment lignifiés pour supporter la force du vent et les tiges peuvent casser comme du verre. Le fait que le maïs ait été traité avec un dérivé auxinique (dicamba, fluroxypyr) dans des conditions climatiques défavorables peut être aggravant en rendant la tige plus cassante.


Snapping dans l’essai de variétés post-inscription – série G3 à Misérieux (Ain).


* 11 stations de référence : Etoile sur Rhône – Lyon-Saint-Exupéry – Ambérieu – Tavaux – Besançon – Altkirch – Meyenheim – Strasbourg – Kappelkinger – Nancy – Saint-Hilaire-en-Woëvre.

 

Gaëlle Humbert, Didier Lasserre, Yves Pousset, Romain Tscheiller (Arvalis – Institut du végétal)

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