La situation à la suite des grèves perturbant la logistique portuaire en Argentine s’envenime et s’enlise.
Un important syndicat a lancé un appel à la grève fixé à partir de ce lundi 1er juin, dans le principal port d’export du pays, à Rosario, pour une durée indéterminée. Cette nouvelle grève s’ajoute à celle des ouvriers de la trituration des graines de soja. Les opérateurs craignent pour l’évolution de la logistique d’export.
La première grève concerne les ouvriers des usines de triturations. Ils demandent une revalorisation de salaire qui se traduirait par une augmentation de l’ordre de 40 %. Si ce pourcentage nous paraît très élevé à première vue, il faut noter le contexte dans lequel se trouve l’Argentine, c’est-à-dire une inflation de la monnaie de près de 30 % sur la seule année 2014 estimée par des économistes privés (le gouvernement argentin ne reconnait qu’une inflation de seulement 24 %). Cette deuxième grève qui commencerait la semaine prochaine, concernerait davantage les chargeurs et dockers des ports de Rosario et environ. Ils planifient d’empêcher l’arrivée de camions ou de trains ainsi que tout mouvement de bateaux. Or, les récoltes de soja se poursuivent et les camions affluent vers les zones portuaires, et ce d’autant plus que les productions ressortent sur des volumes record.
Cette situation s’envenime d’autant plus que les grévistes ont l’impression de ne pas être compris ni entendus. Le gouvernement souhaite résoudre rapidement la crise. En effet, d’une part, le conflit pourrait devenir violent. Un incendie a d’ailleurs été déclenché il y a plusieurs semaines dans l’une des usines de trituration du soja. D’autre part, cette crise prend une dimension hautement politique car elle intervient alors que démarre la campagne des élections présidentielles qui se dérouleront en octobre. Cette zone comprenant plusieurs ports d’échanges dont Rosario représente une zone majeure d’exportation de grains, de farine et d’huile de soja c’est-à-dire une activité économique particulièrement importante pour le pays. Dans un contexte de crise de la monnaie, ces exports permettent entre autres de faire rentrer des dollars nécessaires pour asseoir le peso, monnaie locale, et limiter l’inflation.
Ces grèves pourraient donc retarder les exports de soja à court terme et surtout les exports d’huile de soja. Les opérateurs s’attendent à ce que la logistique portuaire soit particulièrement perturbée.