Les constructeurs sont de plus en plus nombreux à proposer des semoirs de précision adaptables aux pratiques culturales simplifiées pour le maïs avec plusieurs nouveautés pour apporter des réponses en matière de sécurisation du rendement, des marges ou du débit de chantier. Décryptage.
Le semis est un facteur absolument déterminant du rendement. C’est encore plus particulièrement vrai pour une culture de printemps comme le maïs. Et cela l’est encore plus dans le contexte des techniques culturales simplifiées.
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En effet, plus le travail du sol avant semis est limité, et moins la terre se réchauffe. En outre, la dynamique de minéralisation de la matière organique est plus lente. La condition de rapidité de levée et de vigueur au démarrage, peut alors être compromise.
En outre, en semis simplifié ou semis direct, il peut être plus difficile d’appliquer de façon précise une consigne de profondeur de semis et d’espacement entre graines. Cela peut entraîner des problématiques de taux de levée, mais également d’écart dans les stades, et de compétition sur les ressources du sol. Les conséquences peuvent être lourdes sachant qu’un pied de maïs qui présente un écart de stade de deux feuilles au reste du peuplement, pénalise la culture au même niveau qu’une adventice.
Les conseils agronomiques en matière de semis ont beaucoup concerné ces dernières années, le respect des profondeurs de semis pour apporter une réponse technique en vue de garantir des levées homogènes.
Cependant, ce qui détermine la qualité de la levée de la graine et la rapidité de la levée n’est pas directement lié à la profondeur, mais à des facteurs liés comme la température, l’humidité et le contact sol-graine. Or pour une même consigne de profondeur, sur une même parcelle, ces conditions peuvent être différentes et engendrer des écarts à la levée. D’où l’idée, au moment du semis, de jouer sur les facteurs réels de germination, en modulant certains paramètres de semoir pour viser des conditions homogènes de levées, non pas sur la profondeur de semis, mais sur les facteurs de levée eux-mêmes (humidité et température).
A notre connaissance, il n’existe pas encore de semoirs à maïs commercialement disponibles qui offrent ces possibilités. Cependant les constructeurs s’approchent de plus en plus de ce principe qui est d’autant plus pertinent en TCS ou en semis direct, où le levier de la qualité de semis est encore plus fort pour déplafonner les rendements. L’application d’une force de terrage hydraulique comme le proposent de nombreux constructeurs (système hydraulique Autoforce chez Horsch par exemple), qui ajuste automatiquement la pression hydraulique appliquée sur les éléments semeurs pour maintenir une profondeur de travail régulière, permet déjà de moduler de façon automatique la pression de terrage en fonction de l’hétérogénéité du sol pour garantir au mieux des conditions de levée homogène. Le constructeur américain
Precision planting propose d’agir directement sur l’élément semeur avec une modulation possible du terrage (système DeltaForce avec capteur d’effort et un vérin hydraulique par rang). L’originalité consiste aussi à moduler la pression sur le système de fermeture de rang via le système FurrowForce basé sur des capteurs de force. « FurrowForce maintient une quantité définie de poids sur les roues à points pour raffermir le sol sur la graine, éliminer les poches d’air et retenir l’humidité pendant une plus longue période pour donner à chaque graine la chance de germer de manière cohérente », explique l’équipementier. Le constructeur Agrisem s’est appuyé sur ces technologies pour concevoir sa toute nouvelle ligne de semoirs de précision, baptisée Chief, lancée en 2023. Il s’agit de semoirs typés maïs et particulièrement adaptés pour les conditions simplifiées et le semis direct, avec possibilité de couplage avec une barre de strip-till.
En plus des conditions d’humidité et de température, l’objectif d’un semoir monograine s’est étendu ces dernières années à maîtriser l’ensemble de la rhizosphère, c’est-à-dire de l’écosystème de développement racinaire de la plantule. Cela passe par le contrôle de la disponibilité en nutriments, la maîtrise des ravageurs, la suppression des adventices ou le semis de plantes compagnes. Ces possibilités sont particulièrement les bienvenues en TCS, où l’apport d’un engrais starter par exemple, permettra d’accélérer la levée. En outre le contrôle de certains ravageurs comme les limaces est plus particulièrement délicat. Enfin, le semis de plantes de service compagnes du maïs est parfois très apprécié dans les démarches et la philosophie des TCS.
Cette tendance s’est illustrée par la mise en place de granulateurs sur les semoirs et de la multiplication du nombre de trémies. La prise en charge de produits sous différentes formes et la possibilité de localisation de ces intrants additionnels s’est étendue ces derniers mois chez de nombreux constructeurs. Le constructeur Väderstad, a par exemple annoncé avoir intégré la possibilité de fertilisation liquide avec modulation et coupure rang par rang (de 30 à 200 l / ha environ) pour le semoir monograine Tempo L de 8 à 24 rangs. Ceci via une cuve de 2000 l placée à l’avant du châssis. Le fertilisant est appliqué sur le côté du rang avec possibilité de positionnement sur le rang. Le constructeur a également annoncé la sortie du BioDrill 500 sur ses Tempo de série L. Ce microgranulateur installé sur la flèche d’attelage est capable de moduler les apports de 2 à 50 kg/ha et de gérer deux sections indépendamment. Le fabricant Horsch a communiqué également ces derniers mois sur la possibilité d’incorporation de microgranulés ou d’engrais dès le semis par l’ajout possible du système MiniDrill de 400 l sur les semoirs monograines Horsch Maestro RV et RC. Parmi les éléments nouveaux, il est possible de mentionner les systèmes de synchronisation des apports d’engrais et de semences par exemple. Il s’agit de pouvoir distribuer l’engrais en poquets à la distance idéale de la plante. Le constructeur Amazone l’a proposé dès le lancement de son semoir monograine Precea. D’autres le proposent également comme Kverneland qui a présenté sa technologie Pudama.
Parmi les nouveautés mises sur le marché ces derniers mois adaptables aux TCS, Amazone propose une solution pour combiner le semis au monograine avec le semoir Precea, avec un déchaumage, via son système CombiDisc. Ce dernier s’attelle au semoir par un système de couplage rapide baptisé QuickLink. Le déchaumeur est annoncé pour pouvoir travailler le sol de 3 à 8 cm.
Le travail de la ligne de semis par la méthode strip-till est aujourd’hui bien connu. Agrowin international le renouvèle avec son Rotawin, un dispositif dynamique de strip-till rotatif à marteaux. Combiné à un semoir monograine, il a été développé pour semer le maïs en un seul passage. Les éléments de semis qui équipent le Rotawin présentent deux sorties synchronisées pour une gestion du peuplement en double rangs.
La possibilité de travailler au monograine en grande largeur se développe avec les nouvelles offres des constructeurs en ce sens. Les semoirs monograine sont généralement limités dans la productivité par les temps de recharge des trémies individuelles sur les éléments semeurs. Plusieurs constructeurs ont apporté une solution pour déverrouiller ce frein avec la mise en place de trémies centralisées de grande capacité comme le Monosem monoshox lancé vers 2015. Pour y parvenir, les constructeurs ont généralement encore recours aux trémies individuelles qui servent à faire « tampon » avec la distribution depuis la trémie centralisée. Dans les chantiers en TCS où la volonté est de répondre à des besoins de débit est importante, cette offre de semoirs peut apporter des solutions pertinentes.
Sur le marché, Väderstad propose ainsi depuis 2022, le Tempo L Central Fill avec trémie centralisée pour les semences et les engrais (7 200 l, dont 2 200 l de graines et 5 000 l d’engrais). Amazone a récemment mis sur le marché son Precea TTC avec une largeur de travail de 9 à 12 m et de 12 à 24 rangs (écartement de 45 à 80 cm). La trémie accueille 2000 l de semence et 6000 l d’engrais. Maschio Gaspardo marque également les esprits sur ce segment avec le lancement du Chrono 800, un semoir monograine à haute vitesse de 9 à 12 m (jusqu’à 16 rangs maïs) doté d’une grande trémie centralisée.
Avec l’accroissement des largeurs de semis, gérer la densité dans les courbes, d’un bout à l’autre de la rampe de semis peut devenir d’autant plus problématique. Amazone répond à cet enjeu via son dispositif automatique de régulation CurveControl. Le constructeur allemand communique également beaucoup sur la précision et la facilité du réglage des sélecteurs de double, présenté comme un facteur trop souvent négligé, mais indispensable à l’optimisation des charges et du rendement. Le lancement du semoir Chief d’Agrisem a mis en lumière de son côté un dispositif de comptage des grains par ultrason situé près du sol. Il est caractérisé comme très précis et très représentatif de la répartition du peuplement sur la ligne.
La possibilité de gérer plus facilement le jalonnage pour prévoir le passage de roues du pulvérisateur, semble se démocratiser également. Certains systèmes comme ceux de Monosem ou d’Amazone (non disponibles toutefois sur les châssis télescopiques), opèrent par translation des éléments semeurs, en conservant une densité de peuplement à l’hectare identique, sachant qu’il n’y a plus besoin d’escamoter le travail de certains éléments semeurs pour le jalonnage.
En matière de gestion du peuplement, Kverneland met en avant sa technologie Geoseed qui permet de réaliser des semis en diamant grâce à la synchronisation électrique des éléments semeurs sur toute la largeur du semoir. Adaptée surtout au binage, cette technologie est intéressante en semis simplifié pour gagner des points de vigueur et en homogénéité par un peuplement plus équilibré.
En matière de TCS, la vitesse de semis n’est pas toujours le facteur clé. Comme un grand nombre d’opérations sont faites en un seul passage, il est parfois admis d’y consacrer plus de temps. Cependant, les gains de vitesse acquis sur les semoirs rapides peuvent également être valorisés en TCS, quitte à les utiliser à un régime un peu inférieur à leur potentiel affiché pour un travail sur lit de semence bien préparé. Les nouveaux semoirs Tempo de Väderstad qui sont très appréciés en TCS et semis direct, annoncent ainsi des vitesses de semis jusqu’à 20 km/h, de même que les semoirs Maestro CX et RX chez Horsch. Chez Kverneland, le Optima SX High Speed est annoncé travailler jusqu’à 18km/h. Des poids en option peuvent être ajoutés sur les éléments semeurs pour un meilleur terrage en conditions de semis simplifié ou direct. Monosem atteint également des records équivalents avec son semoir ValoTerra Ultimate utilisable en TCS et semis direct. Le constructeur français en propose depuis peu une version totalement électrique. A l’achat, il est possible d’opter pour un châssis spécialement adapté au semis direct en optant pour la section de 180 mm.
La possibilité de semer toutes ses cultures avec un seul et même semoir s’impose aujourd’hui parfois dans les débats. Les constructeurs relèvent ce défi avec des possibilités de changer de ligne de semis. Cette solution a été mise en place notamment par Kuhn avec sa barre monograine Kosma CSM à entraînement électrique disponible en six rangs maïs espacés de 75 cm ou en 8 rangs maïs (6 m). La philosophie du Focus de Horsch s’y apparente également avec la mise en place d’ensembles réellement typés pour les semis directs ou en TCS.
Le constructeur suédois Väderstad se distingue quant à lui avec la sortie commerciale annoncée pour 2025 de son semoir Proceed. Il a été conçu pour pouvoir semer toutes les cultures avec une seule et même ligne de semis. Les éléments semeurs sont inspirés du système qui équipe les semoirs monograine Tempo. La polyvalence dans la gestion des inter-rangs, s’obtient en relevant une rangée sur deux ou une rangée sur trois d’élément semeurs, sachant que l’écartement minimum est de 22,5 cm. L’encombrement du système de distribution a été réduit au minimum. L’inconvénient est qu’il y a moins de place pour les distributions associées, même si une sortie pour les engrais est bien prévue.