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S’adapter et suivre les évolutions du marché

La montée au capital de François Guillet à 100 % s’est faite en deux étapes. Il a ensuite construit le nouveau siège de son entreprise. Le tout en moins de dix ans.

 
Depuis son installation en 2011, François Guillet, à la tête de la SARL Guérard dans le Calvados a déjà eu à gérer plusieurs changements et aléas. Parmi eux, l’arrêt la fermeture de la sucrerie de Cagny en 2019 ne fut pas des moindres. Aujourd’hui, un des autres défis pour cette entreprise de 10 salariés à temps plein est de gérer l’inflation et l’allongement des délais de livraison des pièces et matériels. 
 
Au cours de sa vie d’entrepreneur agricole, François Guillet a déjà presque connu trois installations en une. La première remonte à 2011, date à laquelle il reprend la moitié des parts sociales de l’entreprise Guérard à Foulognes dans le Calvados à l’un des deux frères Guérard. La deuxième a lieu en 2015 avec le rachat du solde des parts au deuxième cédant parti également pour la retraite. Enfin, 2019 marque une année non moins importante pour le jeune entrepreneur qui relocalise toute l’activité sur un seul et unique site à Foulognes avec la construction d’un nouveau bâtiment de stockage du matériel, ainsi que d’un atelier et des bureaux. « Il nous aura fallu deux ans pour faire aboutir ce projet, dont un an d’étude et de dossier administratif. Mais cette installation nous a apporté un vrai plus au niveau des conditions de travail et dans l’efficacité globale. Cela nous a permis également de professionnaliser l’atelier que nous avons équipé d’un portique de levage. Nous faisons 90 % de l’entretien du matériel nous-mêmes. Cependant, la même année, nous avons pris de plein fouet l’arrêt de la culture de la betterave dans notre secteur avec la fermeture de la sucrerie de Cagny. L’activité d’arrachage de betterave existait depuis 40 ans au sein de l’ETA, et nous en faisions chaque année 1000 ha environ. Il nous a fallu trouver des pistes pour rebondir. Chez nous, cela est passé notamment par l’échange d’une de nos arracheuses par une autochargeuse pour développer l’activité d’ensilage d’herbes. Nous avons aussi obtenu une licence de transport et créé une activité d’épandage de chaux. Nos clients ont trouvé des alternatives à la betterave. Nous avons suivi ces évolutions en nous équipant d’une batteuse à chenilles pour récolter le maïs grain en conditions humides. Malgré l’arrêt de la betterave sucrière, nous continuons d’arracher entre 150 et 200 ha de betteraves fourragères ». Une procédure est par ailleurs toujours en cours via la fédération EDT qui vise à indemniser les entrepreneurs de la perte de chiffre d’affaires lié à la fermeture du site de Cagny. 
 

Semis de silphie

Aujourd’hui, l’ETA compte dix salariés. Le besoin en main d’œuvre est complété par des saisonniers lors des pics de travaux, ainsi qu’avec des travailleurs indépendants qui sont appréciés pour la simplification administrative et l’autonomie dont ils font preuve.
A la croisée des chemins entre le bocage du Calvados et les plaines fertiles du Bessin en bordure littorale, l’ETA peut compter sur une clientèle mixte à 70 % centrée sur l’élevage et à 30 % sur les cultures. Cette proportion n’est pas gravée dans le marbre vu les nombreuses cessations laitières et la restructuration des fermes. Dans ce secteur, l’ETA développe ainsi une activité de lin fibre, ainsi que tous les travaux généralistes des cultures, et les travaux de récolte avec trois ensileuses et cinq moissonneuses batteuses. «Nous avons aussi une grosse activité de récolte d’herbes. Nous faisons environ 12 000 rouleaux d’enrubannage par an, et 1000 ha de fauchage», souligne François Guillet.
 
Le nouveau bâtiment a été construit en 2019. Le projet a mis deux ans à se concrétiser dont un an de dossier administratif.
 

A l’écoute du terrain

« Depuis peu, nous nous sommes également investis dans les semis de silphie. C’est une plante qui est accompagnée par la coopérative locale de Creully et qui peut présenter de nombreux intérêts agronomiques. Cependant, son implantation est délicate, relate François. Le coût de la semence est très élevé et la graine très petite. Ensuite, la culture doit pouvoir rester vingt ans en place. La qualité de semis doit donc être très soignée. Pour ce faire, nous avons recours au semoir à maïs de 9 rangs que nous équipons des plateaux adaptés ». 
François Guillet constate une forte demande du terrain pour les prestations de traitements phytosanitaires : « Pour les éleveurs laitiers, les créneaux de traitement tombent souvent pendant la traite. Par ailleurs pour une clientèle qui ne cultive que du maïs, cela ne vaut pas le coup d’investir dans un pulvérisateur ». L’entreprise accompagne également les évolutions liées à l’agriculture de précision avec un équipement de GPS sur tous les tracteurs. 
Actuellement, c’est l’inflation qui pousse encore l’entrepreneur à se réinventer. « Le prix du plastique a flambé ce qui risque de poser un problème pour l’activité d’enrubannage, détaille l’entrepreneur. Nous espérons pouvoir compenser et maîtriser les coûts pour nos clients en réalisant plus de chantiers à l’autochargeuse. La hausse du prix des engrais azotés nous pousse aussi à mettre en avant notre savoir-faire en modulation des apports azotés. Nous annonçons une économie de 10 à 15 % sur ces intrants. La mise en culture de parcelles de A à Z est une autre piste à laquelle je crois beaucoup. C’est une bonne solution pour être compétitif sur les coûts et en même temps pour sécuriser un chiffre d’affaires. Nous avons aussi enregistré toutes nos prestations sur la plate-forme en ligne Linkinfarm ». A côté du sujet lié à l’inflation se pose également pour l’ETA une problématique épineuse liée aux allongements des délais de livraison de pièces et de matériel et au tarissement du marché de l’occasion. C’est un nouveau risque à apprendre à gérer pour cette ETA qui a encore pleins de projets en tête.
 
Le parc matériel
– 3 ensileuses
– 5 batteuses
– 1 arracheuse à betterave
– 2 pulvérisateurs automoteurs et 1 traîné
– 16 tracteurs
– 3 presses à balles carrées 
– 5 presses à balles rondes dont 2 pour le lin
– 3 épandeurs à fumier
– 1 tonne à lisier 18500
 
Auteur: Alexis Dufumier
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