rio20 logo.jpg.crop display

Rio + 20 et l’agriculture

Le sommet des Nations-Unies sur le développement durable Rio + 20 va se dérouler du 20 au 22 juin 2012 avec près d’une centaine de chefs d’Etats et de gouvernements. Des objectifs communs de développement durable et d’économie verte doivent y être débattus puis adoptés. L’agriculture sera au centre de plusieurs de ces débats.

Plusieurs organismes de premier plan se sont déjà positionnés en amont des débats. La FAO, organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture, voit dans ce sommet l’opportunité d’avancer dans l’utilisation des énergies pour développer l’agriculture. Elle a ainsi intitulé un document « En route pour Rio : améliorer l’utilisation de l’énergie, un enjeu majeur pour les systèmes alimentaires mondiaux. La FAO préconise des systèmes alimentaires « énergétiquement intelligents » à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable« . Ce document repose sur une étude, selon laquelle 30 % de l’énergie utilisée pour une culture l’est au niveau de la ferme, les 70 autres % étant dépensés dans les phases de transports, transformation, conditionnement, acheminement, stockages…

La FAO estime que 40 % de l’énergie utilisée est gaspillée, et constate par ailleurs que la proportion de personnes n’ayant pas accès aux meilleurs services de l’énergie est sensiblement la même. Selon un rapport de la FAO, « la hausse des coûts du pétrole et du gaz naturel, l’insécurité liée aux réserves limitées de ces ressources non renouvelables et le consensus mondial sur la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre pourraient entraver les efforts d’accroissement de la production vivrière pour répondre à la demande, si la chaîne agroalimentaire n’est pas dissociée des combustibles fossiles« .

Alexander Muller, sous-directeur général de la FAO en charge des ressources naturelles et de l’environnement, estime : « Il faudra accroître la production vivrière de 60 % d’ici 2050 pour nourrir une population mondiale grandissante, mais ce but sera impossible à atteindre en recourant aux combustibles fossiles. Il faut une approche totalement différente. » D’où la préconisation de recourir à un modèle « éco-énergie » pour les productions vivrières, comprenant différents axes comme l’utilisation de davantage d’énergies renouvelables, l’amélioration des accès aux services énergétiques, l’adoption de pratiques moins énergivores sur le travail du sol comme l’agriculture de conservation.

La contribution brésilienne

De leur côté, les Brésiliens, qui accueille donc cette conférence internationale particulièrement attendue, ont travaillé sur une approche de développement durable pour leur agroindustrie. Celle-ci consiste à poursuivre les efforts pour améliorer la compétitivité de l’agriculture brésilienne, mais sans déforestation, à partir du foncier existant. Parmi les pistes données, des systèmes de production à faible émission de gaz à effets de serre, ou encore l’agriculture de précision.

Les producteurs européens et la croissance verte

Du côté du Copa-Cogeca, principal syndicat des agriculteurs européens, c’est le concept de croissance verte qui est privilégié. Celle-ci consiste dans le soutien des coopératives et des banques coopératives pour les projets agricoles inscrits dans une démarche de développement durable.

Dans un communiqué commun, le Copa-Cogeca et le GEBC (groupement européen des banques coopératives) estiment : « Alors que la demande alimentaire mondiale augmente et que les ressources sont limitées, nos organisations estiment que la croissance verte constitue la voie à suivre. Il est primordial que des investissements appropriés soient réalisés dans l’agriculture durable. L’objectif de la croissance verte est de développer la capacité de production de denrées alimentaires tout en améliorant l’utilisation des ressources sans pour autant augmenter les coûts pour les agriculteurs. » Selon eux, « la conférence sur le développement durable des Nations Unies au Brésil en juin 2012 représente une étape clé vers une société mondiale durable puisqu’elle stimulera la croissance verte« . Au passage, ils rappellent aussi que 2012 est l’année internationale des coopératives, et que celles-ci « constituent des outils clés pour stimuler un développement durable et intégré, au moyen de projets communs pour la croissance verte dans les domaines environnementaux, économiques et sociaux, en ciblant particulièrement les communautés rurales« .

En communiquant ensemble, le syndicat européen des agriculteurs et l’outil européen coopératif bancaire montrent que cette croissance vertes est voulue, et que des moyens lui sont dévolus.

Vers une organisation mondiale de l’environnement ?

Par ailleurs, j’avais déjà évoqué dans la newsletter n°5 de WikiAgri (lien en fin d’article) la vocation de certains participants de profiter de ce sommet pour lancer les prémices de la création d’une Organisation mondiale de l’environnement. Je n’ai rien lu depuis sur le sujet, on attendra donc la conférence en elle-même pour en savoir davantage.

 

En savoir plus : https://wikiagri.fr/uploads/newsletter/newsletter-nb5.html (la newsletter dans laquelle j’avais évoqué l’éventuelle création d’une Organisation mondiale de l’envrionnement, il s’agit du premier article) ; http://www.canaldoprodutor.com.br/rio20 (le site des producteurs brésiliens, avec leurs idées sur Rio + 20, disponible en brésilien et aussi en anglais) ; http://www.globalcube.net/clients/eacb/content/medias/press/press_releases/press_release_copa_cogeca.pdf (le communiqué de presse commun Copa-Cogeca et GEBC, en anglais) ; https://wikiagri.fr/uploads/newsletter/newsletter-nb3.html (une autre newsletter avec l’évocation de Rio + 20, dans le WikiBillet, second article).

Article Précédent
Article Suivant