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Récolte du blé dur, une maturité à date normale

Malgré les pluies intenses observées pendant une bonne partie du remplissage, les conditions de température de la semaine font « virer » les épis très rapidement. La récolte est à prévoir à date normale. Rappel sur les enjeux de la récolte.

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Des pailles vertes pour la récolte ?

Les pluies importantes des dernières semaines ont perturbé le remplissage mais ont également permis de maintenir des sols avec une RU pratiquement pleine en fin de cycle ce qui est rarement observé.

Ces conditions permettent à la végétation de rester en activité tandis que les grains ont continué le cycle normal. Il n’est donc pas rare de voir un « décalage » entre la végétation (feuilles et tiges) qui reste verte et les grains qui sont à grain pâteux, soit la fin du remplissage.

Il est donc probable que les récoltes soit rendu plus difficile avec des pailles peu sèches par rapport aux grains.


Paille et feuillage encore assez vert pour des épis en dessiccation.

Récolter dès que le grain est à 16 % d’humidité

La pluie n’est pas prévue dans les prochains jours. Néanmoins, des averses orageuses ne sont pas exclues. Il est donc important de récolter au plus vite car une période de pluie après maturité peut entraîner du mitadinage, dégrader le PS, donner un aspect « lavé » aux grains ou déclencher de la germination sur pied.

Prévoir la date de récolte, c’est possible grâce aux testeurs d’humidité du grain. Un contrôle de l’humidité au démarrage du chantier de récolte sera le bon réflexe pour poursuivre ou arrêter le travail. En production de blé dur, l’optimum d’humidité se situe entre 16 et 13 % pour une bonne maîtrise du taux de casse. Il est inutile de retarder la récolte ou d’attendre le dessèchement total des pailles sous peine de générer une perte de poids et de prendre le risque de pluies, synonymes de mitadinage.

On peut récolter à partir de 16 % de teneur en eau dans le grain à condition de livrer directement à l’organisme stockeur, ou d’avoir une installation de ventilation performante. En effet, lorsque le grain est humide, si la ventilation n’est pas bien conduite, il y a un risque de dégradation des grains par échauffement naturel, notamment dans la partie supérieure des cellules, avec développement de moisissures et d’insectes, perte de matière sèche et de qualité. En trois paliers de refroidissement bien menés, l’humidité sera ramenée à 15 %.

Ne pas récolter au-dessus de 16 % car il faut alors sécher le grain puis le refroidir ce qui est coûteux et lourd à gérer.

Tableau 1 : Stade optimal de récolte du blé dur

Tableau 2 : Estimations des dates de maturité physiologique du blé dur (date de début de dessiccation des grains) et les dates optimales de récolte sous un climat moyens dans le Sud-Ouest (sans reprise en eau éventuelle liée aux pluies et orages)

Régler le batteur pour éliminer les grains fusariés

De nombreuses situations sont concernées par des symptômes de fusariose sur épi en blé dur. Il est fort probable que dans les situations les plus touchées, des grains fusariés, petits et atrophiés par la maladie soient vecteurs des plus grosses quantités de mycotoxines (DON). Le réglage machine est donc primordiale afin de limiter la récolte de ces petits grains qui contamineraient les autres et augmenterait le risque de dépassement du seuil réglementaire pour l’alimentation humaine (1750 μg/kg pour les DON) de l’ensemble du lot récolté. Il est intéressant de ne pas trop serrer le batteur pour sortir les grains des bouts d’épis fusariés, cela permet en effet d’éliminer d’office une grande partie de ces grains fusariés.

 

Matthieu Killmayer (Arvalis – Institut du végétal)

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