Les programmes de désherbage « tout automne » sont des possibilités à envisager pour toutes les situations où la sortie d’hiver est défaillante sur ray-grass (résistance aux FOP/DEN et aux inhibiteurs de l’ALS). Une réflexion doit tout de même être menée, pour ces situations, afin de gérer autrement ces populations, en misant, par exemple, sur l’allongement de la rotation, le travail du sol, etc.
–stop–
Les programmes « tout automne » testés en 2014 s’articulent autour d’un premier passage en prélevée, complété par un passage en postlevée précoce (1-2 F du blé). Quatre modalités ont été étudiées sur ray-grass :
– Herbaflex + Roxy 800 EC 2 l + 2 l puis Fosburi 0,5 l
– Trooper 2,5 l puis Herbaflex + Roxy 800 EC 2 l + 2 l
– Trooper + Tolurgan 50 SC 2 l + 2,5 l puis Défi + Carat 3 l + 0,6 l
– Tolurgan 50 SC 3 l puis Daiko + Fosburi + H 2,25 l + 0,4 l + 1 l
Ces programmes apportent en moyenne des gains de 15 à 20 points d’efficacité par rapport aux différentes applications solos (figure 1). Ils se sont révélés très performants et réguliers, avec des efficacités moyennes supérieures à 91 % et même supérieures à 97 % au sein de 5 essais sur 6. Ils sont précieux dans des situations où la sortie d’hiver est défaillante. En revanche, il est à noter que les possibilités de ré-intervention, en sortie d’hiver, en situations résistantes avérées, sont nulles et qu’il faudra se contenter de l’efficacité de ce programme d’automne qui pourra ne pas gérer des repousses tardives.
Pour cette stratégie « tout automne », il est nécessaire de ne pas viser des programmes trop faibles si l’on veut atteindre de bonnes efficacités. Les meilleurs programmes sont ceux qui cumulent deux produits en prélevée et en postlevée. En effet Trooper + Tolurgan 50 SC complété par Défi + Carat présente la meilleure efficacité (95 % en moyenne) ainsi que la meilleure régularité.
Figure 1 : efficacité des programmes prélevée puis postlevée 1-2 F (6 essais ray-grass 2014)
Les programmes classiques (automne puis sortie d’hiver) restent une valeur sûre, aussi bien d’un point de vue technique (levée de concurrence et donc gain de rendement) qu’au niveau de l’efficacité finale, notamment en présence de relevées où la persistance des produits racinaires n’est pas suffisante. Cependant, une certaine efficacité des solutions de sortie d’hiver est nécessaire pour atteindre des performances satisfaisantes (figure 2). Les essais présentées montrent les limites de ces programmes dans les situations où les résistances existent pour les deux modes d’action utilisables en sortie d’hiver. Il s’agit de situation où des programmes « tout automne » auraient eu leur place. Cependant, ces situations bien que de plus en plus fréquentes dans certaines régions, ne sont pas encore majoritaires.
Afin d’adapter le coût et l’efficacité de son programme herbicide il est essentiel de définir la situation dans laquelle on se trouve. Pour cela il faut revenir sur les salissements observés lors des fins de campagnes précédentes par rapport aux produits appliqués. Par ailleurs, il est essentiel de reconsidérer le système de culture en place afin de gérer plus en amont ces populations à problèmes, en faisant baisser drastiquement les densités de ray grass. Pour cela, l’allongement de la rotation, si cela est possible agronomiquement, est un atout, notamment avec des cultures de printemps (maïs). Le travail du sol avec retournement est également à considérer, en respectant un labour intermittent.
Figure 2 : efficacité des programmes prélevée ou post-levée d’automne (1-2 F) puis sortie hiver