Les pluviométries observées dans la région au cours de cet automne et cet hiver sont hétérogènes. Dans certaines zones de culture les risques de carence en soufre existent. Quelles sont ces zones et comment estimer le risque à la parcelle ? Zoom sur le secteur Rhône-Alpes.
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Pour produire 80 q/ha, le blé mobilise de l’ordre de 60 kg/ha de SO3 alors que le colza absorbe plus de 150 kg pour 40 q/ha. L’absorption devient significative au début de la montaison. En cas de non satisfaction, le nombre d’épis au m² est la composante principalement affectée.
Le soufre est présent dans le sol principalement sous forme organique ; il subit une évolution très comparable à l’azote. La minéralisation de la matière organique et des résidus de récolte aboutit à la forme sulfate, seule forme absorbée par voie racinaire. Cette forme sulfate est sensible au lessivage.
Les risques de carence se rencontrent dans les sols où la minéralisation est faible : sols calcaires ou acides, avec un faible taux de matière organique et dans les sols superficiels, filtrants, où le lessivage peut être important. L’excès d’eau et un état structural dégradé ont également un effet négatif.
Les pluies de fin d’automne et début de l’hiver sont le premier facteur de risque. Par ailleurs, toutes les parcelles qui souffrent d’hydromorphie sont particulièrement exposées. Enfin, les cultures qui ont bénéficié de semis en bonnes conditions en octobre et de températures douces ont pu développer un nombre de talles important. Cette forte croissance des plantes peut les exposer au risque de carence, s’il y a manque de disponibilité dans le sol.
Les hauteurs de pluies cumulées depuis le 1er octobre sont variables suivant les petites régions, conduisant vers des risques de carence diversifiées. La carte ci-dessous présente les cumuls de pluies du 1er octobre au 24 février. Elle reste identique en intégrant les faibles pluies jusqu’au 1er mars.
Carte 1 : cumul de précipitations du 1er octobre 2017 au 24 février 2018 en Rhône-Alpes
Sur la base d’essais sur la fertilisation soufrée, Arvalis – Institut du végétal propose un raisonnement à la parcelle grâce à deux grilles de préconisation d’apport de soufre, pour les situations avec ou sans apports réguliers d’effluents d’élevage (tableaux 1 et 2). Le raisonnement se base sur 3 critères :
♦ Le type de sol.
♦ La pluviométrie entre le 1er octobre et le 1er mars.
Le report à la carte des cumuls de pluies vous aidera à situer le risque sur vos parcelles.
♦ Les précédents, en distinguant ceux qui ont reçu une quantité de soufre minéral importante comme le colza.
Tableau 1 : Grille de préconisation d’apport de soufre (kg/ha de SO3) entre début et fin tallage, sur blé et orge d’hiver, sur les parcelles sans apports réguliers d’effluents d’élevage
Tableau 2 : grille de préconisation d’apport de soufre (kg/ha de SO3) entre début et fin tallage, sur blé et orge d’hiver, sur les parcelles avec apports réguliers d’effluents d’élevage
L’apport de soufre est à faire entre la mi-tallage et le stade épi 1 cm, pour que la culture en dispose dès le début de la montaison, stade où la déficience peut apparaître. Une intervention plus précoce expose le soufre sulfate apporté au risque de lessivage en cas de pluie importante entre le passage et le stade épi 1 cm, surtout en sols superficiels.
L’effet du soufre sur la qualité boulangère a été étudié par Arvalis – Institut du végétal. A la récolte, des échantillons issus des 3 modalités comparées ont été prélevés (pas d’apport de soufre, apport de 40 kg/ha SO3 au stade épi 1 cm, apport de 40 kg/ha SO3 au stade 1 ou 2 nœuds). Des analyses sur la teneur en protéines, la force boulangère (W), et le rapport P/L (ténacité/extensibilité) ont été réalisées, ainsi que le test de panification française.
Quand l’apport de soufre ne se justifie pas pour le rendement, il n’y a pas d’effet sur la qualité.
Quand l’apport de soufre se justifie du fait d’une alimentation insuffisante, le rendement s’en trouve amélioré et de façon non systématique certains paramètres de la qualité peuvent être modifiés en particulier le P/L.
L’apport de soufre doit donc être réalisé avec la préoccupation prioritaire d’assurer à la plante une alimentation non limitante garantissant le rendement.
L’apport de soufre sur le critère qualité, seul, ne se justifie pas.
Teneur en soufre SO3 de quelques engrais
Sulfonitrate 37
Sulfate d’ammoniaque 60
Solution azotée 260 17 en %
Superphosphate 18 30 SO3
Superphosphate 25 20
Sulfate de potasse 45
Sulfate de magnésie 50
Gypse 47