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Pourquoi la FNSEA demande des états généraux de l’agriculture

Xavier Beulin l’a exprimé sur RMC puis sur son compte Twitter ce vendredi 22 novembre au matin : la FNSEA estime que l’agriculture française se trouve dans une situation telle qu’elle mérite des états généraux. WikiAgri a interviewé Christiane Lambert pour en savoir plus.

Interviewé par la radio RMC, le président de la FNSEA Xavier Beulin a demandé des états généraux de l’agriculture, ce qu’il a également annoncé sur son compte Twitter dans la foulée (voir ci-dessous).

Il a ainsi précisé sa pensée : « On peut gérer avec des rustines ici ou là ; on l’a bien vu avec le plan Bretagne… Mais on a besoin de se donner des perspectives. C’est un grand secteur : 3,5 millions d’emplois en France et 12 milliards d’exportation mais la situation se dégrade. On était leader en Europe, on est cinquième au niveau mondial. Il faut inverser la courbe. Le but c’est de redonner confiance aux paysans. Il y a des plans de licenciement massifs, ce n’est pas acceptable. »

Pour autant, la demande de tenue d’états généraux de l’agriculture suscite des questions, que WikiAgri a posées à Christiane Lambert, première vice-présidente de la FNSEA. Pourquoi des états généraux de l’agriculture alors qu’il est sensé y avoir un débat sur la future loi d’avenir de l’agriculture qui passe devant le parlement en janvier ? Qui participerait ? Quels seraient les thèmes ? On se souvient en effet qu’en avril 2012 la même demande pour des états généraux de l’agriculture avait déjà été formulée, mais par des associations écologistes, et avec bien sûr un objectif très différent. Là, il est question de compétitivité, de perspectives économiques…

Voici donc l’interview de Christiane Lambert.

« Redonner à l’agriculture française le rang qui est le sien »

Pourquoi des états généraux de l’agriculture ?

« Nous sortons d’une période où les agriculteurs de plusieurs régions ont manifesté leurs mécontentements. L’écotaxe est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, mais la vérité est que nous avons tous les jours des lourdeurs administratives qui nous empêchent d’avancer et nuisent à notre compétitivité. Savez-vous qu’il faut quatre ans pour mener à terme un projet de méthanisation en France ? Parallèlement, les obligations environnementales sont doublées de contraintes pointillistes, les taxes augmentent l’une après l’autre, sur les centres équestres, sur les engrais… Et les simplifications promises se font attendre. Le Premier ministre au Space, puis le Président de la République au Sommet de l’élevage à Cournon ont promis l’un et l’autre que le processus pour l’installation serait simplifié. Or, celui qui sort aujourd’hui est au contraire encore plus complexe, plus tatillon. L’administration n’en fait qu’à sa tête. Il faut remettre tout cela à plat, se dégager des perspectives. Le conseil d’administration de la FNSEA a donc décidé hier, à l’unanimité, de demander des états généraux de l’agriculture, en mettant autour de la table non seulement le ministre de l’Agriculture, mais aussi ceux de l’Ecologie, du Travail et de l’Emploi, de la Consommation…« 

La loi d’avenir sur l’agriculture va être discutée prochainement au Parlement, pourquoi ne pas y inclure ces sujets ?

« Nous sommes déçus par le contenu de cette loi, la compétitivité n’est pas prise en compte, ni l’harmonisation des mesures. Elle ne répond pas à notre problématique actuelle. Là, ce que nous voulons, c’est poser tous les problèmes qui nous empêchent d’avancer. Et pour chacun, trouver sa solution. J’ai envie de dire que la loi d’avenir s’adresse au moyen terme, alors que nous voulons des états généraux pour régler nos problèmes actuels, filière après filière, en utilisant les possibilités de financement qui existent, notamment du second pilier de la Pac, autrement qu’avec du saupoudrage répondant tant bien que mal à une urgence puis à une autre. Tout remettre à plat pour redonner à l’agriculture française le rang qui est le sien, alors qu’aujourd’hui on ne cesse de régresser. Tenez, un exemple, 87 % des volailes consommées aujourd’hui en RHD (Ndlr : restauration hors domicile, comme les cantines scolaires ou d’entreprises, ou même les restaurants et cafétérias) viennent de l’étranger…« 

Savez-vous que la précédente demande pour des états généraux de l’agriculture a été émise par des associations écologistes ?

« Nous ne sommes pas sur la même longueur d’ondes. Le monde associatif a pris une importance que les acteurs que nous sommes contestons. Nous, ce que nous voulons, c’est faire fonctionner l’économie, pas l’empêcher de tourner.« 

Cela pose la question des participants à ces états généraux…

« Quand on doit décider de l’avenir d’une entreprise, on met autour de la table les entrepreneurs, leurs interlocuteurs, et éventuellement les syndicats de salariés. Pas les associations. Pourquoi devrait-on faire une exception ? Il n’y a pas de raison qu’en agriculture les associations viennent freiner les décisions. Le pragmatisme doit parler. Plus il y a de monde autour de la table, plus les décisions tardent, plus le consensus est difficile à obtenir. Des réunions trop « participatives«  (Ndlr : Christiane Lambert insiste sur ce mot en le prononçant) annihilent la prise de décisions. Cela étant, nous sommes bien sûr ouvert par rapport aux participants, mais n’accepterons pas n’importe qui non plus.« 

En savoir plus : http://www.rmc.fr/info/544683/beulin-rmc-demande-etats-generaux-l-agriculture-debut-2014 (l’interview de Xavier Beulin sur RMC, d’où est issue la déclaration reproduite dans cet article) ; https://wikiagri.fr/articles/wwf-france-demande-un-grenelle-de-lagriculture/108 (précédente demande d’états généraux de l’agriculture, en avril 2012, par une association écologiste, avec une conception bien sûr différente).

Photo ci-dessous : Christiane Lambert, lors de la manifestation pour l’élevage organisée à Paris par la FNSEA en juin 2013.

5 Commentaire(s)

  1. « Cela étant, nous sommes bien sûr ouvert par rapport aux participants. » En claire cela parle de qui…. merci pour la réponse.

  2. tous est là  » L’administration n’en fait qu’à sa tête. Il faut remettre tout cela à plat  » le peuple et leurs élus n’ont plus de liberté de créer et d’innover !!

  3.  » les possibilités de financement qui existent, notamment du second pilier de la Pac, autrement qu’avec du saupoudrage  »
    OUI, le 2eme pilier revient rarement à l’agriculteur, vampirisé par l’administration des régions !!

  4. « Quand on doit décider de l’avenir d’une entreprise, on met autour de la table les entrepreneurs, leurs interlocuteurs, et éventuellement les syndicats de salariés. Pas les associations. Pourquoi devrait-on faire une exception ? Il n’y a pas de raison qu’en agriculture les associations viennent freiner les décisions. Le pragmatisme doit parler. »
    En effet, Madame Lambert! Je dirai même que pour décider de l’avenir d’une entreprise, on ne demande pas des « états généraux » , on ne demande pas à un gouvernement de _ »donner des perspectives » _! Cela, c’est le langage, l’état d’esprit, le besoin des administrations et de tous les « organismes » dépendant de l’argent des contribuables. Pas des entreprises dont les perspectives dépendent, normalement, du marché et de la volonté de l’entrepreneur.

  5. c’est vrai que rencontrer le monde association dans toutes sortes de commission agricole aux niveau départemental ,régional et national fait doucement rigoler ces gens là ne sont pas élus .On peut se demander qui ils représentent peut être des partis politique qui ne font pas 4% aux présidentielle et qui par cette voie là arrive a imposer leur idées ….

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