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Pour un autre modèle agricole

Voici une tribune signée Eric Andrieu, député européen, porte-parole de Vincent Peillon (candidat à la primaire de la gauche), pour l’agriculture et la ruralité. Egalement sollicités pour nous adresser une tribune, les services de presse des autres candidats aux primaires citoyennes organisées par le Parti socialiste n’ont pas répondu à notre proposition.

L’agriculture nationale, indissociable des orientations européennes, doit amorcer un virage. Aujourd’hui, deux modèles agricoles s’affrontent : un modèle, porté par la droite, d’exploitation intensive, productiviste, concentrée et orientée vers les exportations. Un autre modèle, celui que porte Vincent Peillon, qui privilégie la reconquête du marché européen, la qualité alimentaire, les circuits courts, d’approvisionnement locaux, et les structures familiales. Au niveau européen, la PAC ne répond plus aux besoins des agriculteurs et de la société. Les réformes engagées depuis les années 90 ont laissé le libre cours au seul marché, dévastateur pour l’économie des territoires, pour notre santé et pour notre sécurité alimentaire. Plus grave, en favorisant l’intensification de la production et la concentration des exploitations agricoles, la PAC a eu un impact négatif sur l’emploi en milieu rural. Il est urgent de relégitimer cette politique européenne de plus en plus critiquée par les agriculteurs et l’ensemble des citoyens, sous peine de la voir disparaître, et l’Europe avec.

Ainsi, un modèle de développement de l’agriculture européenne durable, de l’alimentation et des territoires doit émerger. L’agriculture biologique est, à ce titre, en pleine expansion pour répondre à une demande croissante des consommateurs. Il est donc fondamental d’accompagner ce développement par un soutien direct aux producteurs. Vincent Peillon propose ainsi d’appliquer une TVA à taux réduit sur les produits bio pour soutenir cette filière mais aussi afin de démocratiser l’accès du bio. En outre, je m’engage à dépasser les 20 % de produits biologiques et issus d’approvisionnement locaux dans les restaurations collectives publiques d’ici 2022.

Par ailleurs, la question de l’environnement reste encore, et pour longtemps, un vrai défi pour la PAC et l’agriculture, secteur dépendant directement des ressources naturelles. Les pouvoir publics et privés européens doivent donc accompagner les agriculteurs, et pour porter ces changements, des outils existent. Une attention toute particulière doit être accordée à la lutte contre le changement climatique. Il s’agira de privilégier les méthodes agricoles qui permettent de stocker davantage de gaz carbonique dans les sols et de limiter les émissions de protoxyde d’azote, notamment en privilégiant une agriculture biologique, une agriculture intégrée, une agriculture de conservation mais aussi l’agroforesterie. Même si les émissions issues de l’élevage ne représentent que 30% des émissions anthropogéniques, nous devons promouvoir une alimentation animale alternative permettant de réduire les émissions de méthane et développer la méthanisation pour réduire les émissions de CH4 liées au stockage des effluents.

Ces efforts demandés aux agriculteurs pour la préservation de notre environnement doivent cependant s’accompagner d’une meilleure sécurisation de leur profession. Dans un premier temps, nous devons, selon Vincent Peillon, réintroduire des mécanismes de régulation des marchés, et créer des instruments de gestion des risques afin de lutter contre la très grande volatilité des prix. Dans un deuxième temps, une révision de la politique commerciale de l’UE doit être entreprise. Vincent Peillon croit indispensable de repositionner l’agriculture européenne en priorité sur le marché intérieur afin d’assurer la sécurité alimentaire (quantitative et qualitative) de 500 millions de consommateurs européens, puis ensuite de répondre à certains besoins à l’exportation. Les traités de libre échange ne doivent pas conduire à la destruction des pans entiers de l’économie de nos territoires en particulier les plus fragiles. Je n’accepte pas non plus l’ouverture à la concurrence avec des régions du monde qui ne sont pas soumises aux mêmes règles de production que celles de l’Union en matière de droit social, environnemental et qui n’ont pas la même conception que nous du principe de précaution.

Je promeus aussi une reterritorialisation de l’agriculture organisée autour des circuits courts et d’une économie circulaire. Concrètement, les aides directes doivent être réorientées et concentrées sur les petites et moyennes exploitations. Ces entreprises familiales, qui représentent près de 80 % des exploitations, sont plus diversifiées et plus résilientes en cas de crises. Elles sont aussi généralement mieux engagées dans des systèmes de développement durables (bio, agriculture intégrée de conservation, filières de qualité territorialisées…), et plus facilement transmissibles. Nous devons donc accompagner ces changements, ainsi que le renouvellement des générations qui n’est pas assuré. Il convient en effet de faire plus de place aux jeunes en agriculture, que ceux-ci soient issus de l’agriculture ou pas. Cela passe par un renforcement de la politique de soutien à l’installation au plan européen et national via une augmentation de la dotation jeunes agriculteurs, un meilleur accès au financement et au foncier notamment en limitant la concentration des terres, facilitant le portage et l’usage du foncier sous la forme de fonds d’investissement solidaire. Il nous faut en outre investir davantage dans la formation professionnelle et continue. En complément de ces efforts en faveur de l’enseignement, il importe de donner des moyens supplémentaires à la recherche pour favoriser une agriculture durable et de qualité, et nous devons pousser les agriculteurs à expérimenter des formes d’agriculture plus solidaires et collaboratives : CUMA, gestion partagée…. Cela nécessitera, de la part des pouvoirs publics, des soutiens dans l’innovation, dans des investissements individuels et collectifs structurants, et dans la coopération. La reterritorisalisation de notre agriculture passe, enfin, par une politique de développement rural ambitieuse. Je veux mettre en place une véritable politique des territoires ruraux, en complémentarité de la politique de la ville. Nous devons arrêter d’opposer l’urbain et le rural et favoriser une plus grande solidarité entre les territoires. À cette fin, il est indispensable de garantir un maintien des services publics sur l’ensemble des territoires et l’égalité devant l’accès au haut-débit sera une de mes priorités.

L’agriculture est loin de concerner uniquement les agriculteurs et il est urgent de la remettre à la place qui est la sienne : au cœur de notre société. Nous devons aussi réconcilier les Français avec l’agriculture et réorienter la politique agricole commune. Je veillerai, ainsi personnellement à ce que la France, premier producteur agricole de l’UE, joue un rôle central dans les orientations de la future politique agricole commune. Nous ne pourrons pas faire l’économie d’un nouveau pacte entre la société et l’agriculture, afin que la PAC redevienne une politique publique au service de tous. Celle-ci devra être réexaminée à la lumière des enjeux stratégiques du XXIe siècle, à commencer par celui du bien-être humain, mais aussi le bien-être animal. Pour nourrir de façon saine et durable nos concitoyens, une double adaptation, des régimes alimentaires, d’une part, et des systèmes de production agricole, d’autre part, sera nécessaire. C’est sur cette voie que Vincent Peillon veut engager la France et les Français pour les cinq années qui viennent.

Eric Andrieu
Député européen
porte-parole « agriculture » de Vincent Peillon

 

La photo ci-dessous est issue du compte Facebook de Eric Andrieu et le montre en visite sur le terrain en compagnie de Vincent Peillon.

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