cover blank wikiagri

Epandages agricoles, quelles buses choisir ?

Comme pour les applications de produits phytosanitaires, de nombreux types de buses sont disponibles sur le marché de la buse à engrais liquide. Entre les buses formant 3, 5 ou 6 filets, les buses à grosses gouttes ou de type parapluie, le choix est d’autant plus difficile à faire que les conséquences d’une mauvaise application sont souvent mal connues ou difficiles à évaluer.

–stop–

Pour que les apports d’engrais azotés liquides soient efficaces, il faut bien en identifier les enjeux, et connaître les risques.

Les deux accidents liés à l’épandage d’azote liquide sont les brûlures et le moutonnement. Les brûlures apparaissent quand les sels (très solubles) pénètrent en trop grande quantité dans les feuilles. L’effet de moutonnement (bandes de couleurs différentes dans la parcelle) est dû à une mauvaise répartition de la dose d’azote sous la rampe, soit en raison d’une humidité du sol trop faible, soit d’un mauvais réglage du pulvérisateur (hauteur de rampe notamment).

Les solutions contre ces deux problèmes ne sont pas aisées, car bien souvent, le remède à l’un accentue l’autre.

Pour éviter une trop forte pénétration de l’engrais par voie foliaire, et donc prévenir les brûlures, mieux vaut limiter au maximum la couverture du feuillage et s’orienter vers des buses de type filet. Mais cette moins bonne qualité de couverture altère considérablement l’homogénéité de répartition de la dose sous la rampe, accentuant de ce fait le risque de moutonnement de la culture.

Les résultats d’essais pondèrent les risques

Nos essais montrent clairement que plus le jet est éclaté, plus la qualité de la répartition est bonne mais plus le risque de brûlure est important !

Ce risque reste bien entendu corrélé à la dose d’azote apportée, donc plus visible sur les apports importants. Cependant, il n’a jamais été possible de mettre en relation brûlures et perte de rendement, de PMG ou de taux de protéine.

Finalement, un champ brûlé n’est pas beau à voir, mais n’affecte pas le résultat à la récolte. Le seul essai où une baisse significative a été observée concerne une application au stade épiaison (à proscrire), qui a brûlé les épis.

En ce qui concerne l’homogénéité de l’application, les essais n’ont pas permis de distinguer une buse par rapport à une autre. Mais des simulations de mauvaise qualité de répartition sur épandage d’ammonitrate avec épandeur centrifuge ont montré que le moutonnement dans les parcelles pouvait engendrer des pertes de rendement, légères mais significatives.

Quelles buses choisir pour limiter les brûlures ?

La synthèse de six essais, réalisés en 2000 à des doses d’azote différentes, montre que les buses 7 trous, comparativement au témoin (les buses trifilets) n’engendrent pas une augmentation conséquente des brûlures. L’utilisation de cette nouvelle génération de buses ne peut donc pas être déconseillée d’un point de vue biologique. Par contre, leur surcoût et les contraintes possibles d’utilisations (présence d’une rallonge, taille des buses, épandage vers l’arrière…) peuvent représenter une contrainte.

Pour ce qui est des buses pinceau et grosses gouttes, leur utilisation entraîne une augmentation significative des brûlures (environ 3 fois plus) (figure 1).


Figure 1 : symptômes de brûlures en fonction du type de buses

Attention aux conditions d’application

Pour résumer, si l’utilisation de buses trifilet n’engendre pas de moutonnement (les sols parviennent à bien diffuser l’azote sur l’ensemble de la surface), il n’y a pas à ce jour d’argument technico-économique solide pour recommander l’utilisation de buses permettant une meilleure répartition (d’autant qu’elles sont souvent plus chères).

En revanche, si des effets de moutonnement ou des alternances de bandes claires et foncées sont régulièrement observés dans les parcelles, il est légitime de s’orienter vers l’acquisition d’une buse qui fractionne un peu plus le jet (de type grosses gouttes, ou jet parapluie), donc améliore la répartition. Attention cependant à bien respecter les conditions d’application qui permettront de limiter autant que possible les risques de brûlures.

Pour faire simple, toutes les conditions favorables à la réussite d’un traitement avec des produits phytosanitaires sont à proscrire. Privilégier donc les conditions séchantes et peut poussantes (figure 2), bannir l’application sur rosée. Le mieux est même de traiter sous la pluie pour lessiver les feuilles et apporter l’azote au sol.


Figure 2 : pourcentage de surface verte en F1 et en F2 en fonction de l’état de la végétation lors du traitement

 

Les différents types de buses

Les buses à jet filet 
• Les buses trifilets : on retrouve dans cette catégorie la plupart des constructeurs de buses (EXA d’ Albuz, SJ3 de Teejet, Trifilet de Nozal…).
Sa conception implique de positionner les rampes à des hauteurs précises.

• Les buses à quatre jets verticaux : avec ces buses, la répartition au sol est indépendante de la hauteur de rampe. La sensibilité au vent est donc très réduite. Compte tenu de leur longueur, il est pratiquement impossible de tourner les quadrijets lorsqu’ils sont équipés de ce type de buse, cela implique le démontage et remontage à chaque utilisation. On retrouve dans cette catégorie la Verticojet (Promodis) et la Dribble Bars (BFS).D’origine britannique, cette dernière est constituée de 4 jets verticaux espacés de 125 mm. Le changement de débit est réalisé par l’intermédiaire de pastilles. Elle s’adapte rapidement sur tous les porte-buses, quelle que soit la marque.

• Les buses multijets : constitué de 5 à 7 orifices latéraux suivant le constructeur, ce principe permet d’améliorer la répartition de la solution azotée au sol. On retrouve dans cette catégorie ESI d’ Albuz, R5X de Nozal, SJ7 de Teejet et 5 filets de Hardi).

• Les buses grosses gouttes : parmi elles, on trouve la buse grosses gouttes à jet plat de Hardi. Elle est utilisée en association avec un insert qui sert d’orifice de calibrage. La modification de volume est obtenue par le changement de cet insert. La hauteur de rampe recommandée est de 50 cm. 

 

Benjamin Perriot (Arvalis – Institut du végétal)

Article Précédent
Article Suivant