La récolte française de blé ne sera pas miraculeuse. Plusieurs indicateurs sur le marché mondial des céréales laissent cependant penser que les cours pourraient progressivement se redresser. En particulier pour le blé.
C’est aux Etats-Unis, dans l’hémisphère sud et dans le bassin de la Mer Noire que se dessinent les tendances des marchés des céréales pour les prochains mois. Pour la première fois depuis trois ans, le Conseil international des céréales prévoit une diminution des stocks mondiaux de 36 millions de tonnes à la fin de cette nouvelle campagne conjuguée par une prévision à la baisse des récoltes de blé et de maïs. En conséquence, la consommation et la production seraient équilibrées pour le blé (735 millions de tonnes) et il manquerait 30 millions de tonnes pour le maïs : la production mondiale passerait de 1,069 milliard de tonnes à 1,025 milliard de tonnes.
Après deux années exceptionnelles, ces prévisions mondiales anticipent des conditions climatiques revenues à la normale et surtout, plus aléatoires. Plusieurs incidents sont d’ores et déjà constatés dans les deux hémisphères, ce qui pèsera sur les récoltes des prochains mois. Aux Etats-Unis, les blés de printemps souffrent d’un important déficit hydrique. En Australie, la sécheresse compromet la levée du blé semé à cette période-ci sur l’île continent.
Ces baisses de production résultent aussi de la position adoptée par les céréaliers, américains et canadiens, pour faire face à la mauvaise conjoncture des prix depuis deux ans. Ils se tournent dorénavant davantage vers les cultures de soja et de canola plus rémunératrices. Les demandes en tourteaux et en huile végétale, en forte hausse, maintiennent les prix à des niveaux beaucoup plus rémunérateurs par rapport à ceux du blé et du maïs en Amérique du Nord. Les cours ne couvrent même pas les charges du blé. En conséquence, la surface canadienne de canola est cette année supérieure à celle du blé.
En Ukraine, les experts des marchés constatent un phénomène similaire. Plus rémunérateur, le tournesol est préféré au blé.
Les marchés prennent peu à peu en compte ces informations. Résultat, les cours du blé se redressent mais pas à des niveaux suffisants pour renflouer les céréaliers et pas aussi vite qu’attendu. Les bonnes perspectives de récoltes dans le bassin de la Mer Noire devraient même peser sur les cours durant l’été car ces pays vont écouler rapidement leur blé dès la récolte. Ce n’est qu’en fin d’année, lorsque les marchés seront moins engorgés, que les cours devraient mieux refléter la conjoncture. Mais d’ici là, aucun pays n’est à l’abri d’un nouvel accident climatique ou d’une amélioration des conditions de cultures.
Pour 2017-2018, la récolte française de blé aura à elle seule peu d’ incidence sur les marchés, comme l’an passé. Elle s’annonce dans la moyenne inférieure des cinq dernières années. Si on exclut les résultats atypiques de la précédente campagne, les rendements en blé seraient inférieurs de 3 à 5 % à la moyenne quinquennale. Les conditions climatiques de nouveau atypiques et parfois extrêmes ont pesé sur la croissance des plantes. Le déficit hydrique de 11 -12 % masque de fortes disparités locales. Dans l’est, et en Lorraine en particulier, il est bien plus marqué. Ce déficit masque aussi une mauvaise répartition des précipitations au cours des derniers mois, le pire ayant été parfois redouté. Il a plu quelques semaines au milieu du printemps, après plusieurs mois sec en hiver. Et en juin, les fortes chaleurs ont contrarié le remplissage des grains.
Dans ces conditions, il n’est pas facile d’avoir une réelle idée du niveau de rendement des céréales tant que les récoltes n’ont pas été faites ! Pour le maïs, il est trop tôt pour se prononcer.