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Pour les producteurs de céréales, 2022 sera une année charnière selon l’AGPB

A un an de la réforme de la Pac de 2023, les céréaliers de l’AGPB attendent de savoir quelles seront les règles du jeu. L’AGPB compte les programmes de stockage de carbone organique dans le sol pour procurer des revenus complémentaires.

En 2021, la conjoncture céréalière a contribué à redresser les comptes des exploitations agricoles après huit années de crise pendant lesquelles les revenus des céréaliers étaient alors parmi les plus faibles de la profession agricole.

Mais en ce début d’année, l’avenir s’assombrit. L’effet ciseau prix-charges pénalisera de nouveau les comptes des céréaliers alors que les marchés agricoles sont très volatils.  

Outre la flambée vertigineuse des prix des fertilisants, les fabricants d’engrais et les négociants rencontrent des problèmes logistiques impressionnants.

Lors de sa première conférence de presse de l’année, Éric Thirouin président de l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB – FNSEA) et Philippe Heusèle, secrétaire général, comptent sur la filière engrais pour approvisionner en temps et en heure les exploitations agricoles. La réussite de leurs cultures en dépend.

Par ailleurs, l’Agpb renouvelle sa demande, auprès de la Commission européenne, de lever les taxes anti-dumping appliquées sur les importations d’engrais azotés en provenance de pays tiers.

Au mois d’août prochain, les céréaliers implanteront les cultures d’hiver alors qu’entrera en vigueur au début de 2023 la réforme de la Pac.

Aussi, l’AGPB souhaite savoir rapidement quels en seront les contours précis. Un des enjeux est les aides écoshèmes.

« Les agriculteurs doivent savoir quelles décisions ils devront prendre lorsqu’ils feront leur assolement au début de l’été prochain pour être éligibles à ces aides, a déclaré Eric Thirouin.  Elles représentent 25 % des aides Pac post-2023 ».

Omnibus de la réforme de la Pac 2015-2021

Or les plans stratégiques nationaux des vingt-sept pays membres viennent juste d’être remis à la Commission européenne pour être examinés.

Il revient maintenant de s’assurer qu’ils sont en phase avec le projet de réforme de la Pac et surtout, qu’ils ne génèreront pas de nouvelles distorsions entre pays céréaliers. Sur ce dernier point, l’AGPB sera très vigilente.

Avant le lancement de la réforme de la Pac de 2023, exploiter toutes les possibilités de l’Omnibus de celle de 2015-2021 est une priorité. La nouvelle loi portant sur la réforme des outils de gestion des risques climatiques en agriculture ne sera réellement une avancée que si les primes d’assurance seront subventionnées à 70 % et si le taux de franchise retenu sera de 20 %.

Ces taux devront être inscrits explicitement dans le texte de loi. Les prochains gouvernements ne seront pas ainsi tentés de faire des économies budgétaires aux dépens de la couverture assurantielle des contrats en rabotant ces taux de franchise et de subvention.

« C’est la condition nécessaire pour inciter au moins les deux tiers des agriculteurs à souscrire à ce nouveau dispositif assurantiel, affirme le président de l’AGPB. Si les taux de subvention de 65 % et de franchise de 25 % sont maintenus, la loi en cours de production ne constituera aucune avancée».

La période actuelle est propice pour porter ce discours et plus généralement, pour faire entendre les revendications des céréaliers. L’élection présidentielle de 2022 se déroule dans moins de trois mois et la France préside l’Union européenne jusqu’à 30 juin prochain.

Ainsi, l’AGPB s’inscrit en porte à faux avec le discours de décroissance défendu au niveau national par une partie de la classe politique et professionnelle pour que la France atteigne la neutralité carbone d’ici 2050.

En France, les cultures de céréales captent jusqu’à 35 millions de tonnes de carbone. La production de grains est donc une des solutions pour que l’Union européenne parvienne à la neutralité carbone d’ici 2050. C’est en produisant plus de céréales, que l’agriculture stockera plus de carbone organique, défend l’AGPB.

La reconnaissance du label bas carbone des grandes cultures ouvre la perspective de nouveaux revenus pour financer la transition écologique des exploitations agricoles.

Green deal, un pacte de décroissance

A l’échelle des Vingt-sept, l’AGPB déplore aussi que la dimension écologique de la transition climatique de l’Union européenne surplombe la dimension économique du défi à relever.

L’association spécialisée compte sur la présidence française pour démentir le scénario de décroissance dans lequel l’Union européenne pourrait être tentée de s’inscrire si le green deal (Pacte vert) devenait la politique économique suivie par les Vingt-sept membres de l’Union européenne pour tendre vers la neutralité carbone.

En effet, ce pacte vert conduirait l’Union européenne à renoncer en partie à sa souveraineté alimentaire en important une partie des produits alimentaires consommés. Or les marchés agricoles sont de plus en plus tendus. D’ici 2050, la planète devra nourrir plus 9 milliards d’individus !

Pour justifier ses positions, l’AGPB s’appuie sur les résultats d’une étude du JRC et du département de l’agriculture américaine (USDA). Pour les seules filières céréalières, Farm to Fork conduirait à une baisse de la production de grains de 10 à 15 %.

En renonçant à une partie de sa production, l’Union européenne se retirerait des marchés mondiaux alors que la souveraineté alimentaire de la planète reposera sur les productions agricoles de tous les pays, sans exception.

Par ailleurs, la présidence française de l’UE est, selon l’AGPB, l’occasion de donner un nouvel élan à la recherche afin d’inscrire la transition écologique de l’agriculture dans la double performance économique et environnementale.

L’association défend la révision de la réglementation sur les NBT  (new breeding techniques qui comprennent entre autres l’édition génomique).

La création d’un smic européen fait aussi partie des dossiers au programme de la présidence française défendu par l’AGPB.

Un non sens agronomique

Le sujet d’achoppement en ce début d’année est les zones de non traitement (ZNT). Ce sont quasiment des non-sens agronomiques et économiques. L’AGPB demande des compensations pour couvrir les pertes générées par l’absence de traitement sur les portions de parcelles où il est interdit dépendre un quelconque produit.

Par ailleurs, ces zones non traitées constituent parfois des foyers de résistance et de propagation de maladies. Et selon l’AGPB, des riverains à proximité des zones non traitées se plaignent de la propagation d’insectes dans leurs jardins.

Depuis que le Conseil d’Etat a rendu son jugement, « les agriculteurs s’attendent de nouvelles règles en espérant qu’elles soient adaptées à la réalité technique et aux innovations », insiste le président de l’AGPB. Les nouvelles buses réduisent jusqu’à 95 % les dérives. Elles sont donc bien plus performantes que les buses standards actuellement retenues par la réglementation.

Légende photo :  Philippe Heusèle et  Éric Thirouin, respectivement secrétaire général et  président de l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB – FNSEA).

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