En 2002, Nicolas Lepetit décide de revenir à la ferme familiale. Son retour comme associé en Gaec s’est accompagnée de plusieurs changements, comme la création d’un laboratoire pour la vente directe. Aujourd’hui, l’exploitation de 100 hectares fait vivre trois personnes.
Salarié remplaçant agricole, puis dans des magasins de cycles et une boulangerie, Nicolas Lepetit a bourlingué avant de revenir dans l’exploitation familiale, à Arcissat, un petit hameau dans la Creuse, il y a 14 ans. Il s’est servi de toutes ses expériences professionnelles pour redynamiser sa ferme. En Gaec avec sa mère et son frère, il a eu pour premier projet de construire un laboratoire de découpe au sein de l’élevage qui comprend un cheptel de 60 mères limousines et 25 brebis charolais/texel.
L’investissement s’est avéré très lourd, un million de francs de l’époque. Les associés ont pu passer à l’action grâce au contrat territorial d’exploitation (CTE) et obtenir ainsi une subvention européenne à hauteur de 50 %. Sans cette aide, impossible de franchir le pas. Nicolas a dessiné lui-même les plans du labo. Le bâtiment est divisé en deux zones égales : une salle de travail et un espace d’accueil des clients.
En ayant travaillé dans le commerce auparavant, Nicolas Lepetit disposait d’un fichier clients qui a été précieux au démarrage du Gaec. En 3 ans seulement, les ventes directes ont atteint leur vitesse de croisière. L’exploitation a vite vendu un bovin limousin par mois. Durant l’année 2015, 23 gros bovins, 6 veaux et 14 agneaux ont été achetés par les clients sur la ferme, tout en maintenant la taille de l’exploitation à une centaine d’hectares. Actuellement, le Gaec Lepetit (dans lequel la belle-soeur est devenue associée après le départ à la retraite de la mère) écoule la moitié de sa production en vente directe, tandis que l’autre moitié entre dans le circuit traditionnel. Evidemment, les marges ne sont pas les mêmes.
A son arrivée, Nicolas Lepetit a opéré un changement de taille dans l’alimentation des animaux. Fini l’ensilage maïs, place à l’engraissement par des céréales produites sur place en conventionnel. « On a obtenu tout de suite une autre qualité de viande, moins gorgée d’eau », assure l’éleveur. Un moyen aussi de diminuer les charges. Depuis deux ans, le Gaec a décidé de ne plus investir dans du matériel en solo mais de s’unir en co-propriétaire ou par le biais d’une Cuma.
Chaque dernier samedi du mois, c’est l’effervescence au Gaec. Les clients viennent chercher leurs commandes. Deux méthodes d’achat, soit par internet à l’avance ou sur place le jour-même. « La commune n’a plus de commerces. L’objectif était aussi de créer une émulation, un lien social entre les gens. » Alors, la mère de Nicolas confectionne des gâteaux pour entretenir la convivialité propre à la campagne.
Et puis un jour, coup de téléphone. Il y a 6 ans, l’intendante du collège de Bourganeuf, situé à une dizaine de kilomètres, s’est montrée intéressée pour commander de la viande. Affaire conclue, le circuit court est mis en place. Quatre fois par an, les élèves dégustent un bourguignon (50 kilos à chaque commande) produit localement.
La viande est découpée par un boucher professionnel à la ferme et vendue dans les heures qui suivent. Il faut faire vite. Comme l’entreprise ne met pas sous vide, alors il suffisait de se rapprocher d’une conserverie(*), là encore située à quelques kilomètres seulement, pour répondre aux demandes des clients. La production a été valorisée par la réalisation de plats cuisinés mis en conserve. Boeuf bourguignon, tripes et rillettes de boeuf pour commencer. Puis, la gamme s’est étendue, avec des émincés de boeuf à la sauce tomate, du boeuf en daube aux châtaignes, tripes au vin blanc. Aujourd’hui, le poste des conserves représente entre 10 à 15% du chiffre d’affaire de l’exploitation. L’autre avantage de cette formule est le dépôt des conserves en boutiques, ou la possibilité de faire des ventes exceptionnelles comme les marchés de Noël.
Pour répondre aussi à l’attente de la clientèle en vente directe, le Gaec a acquis un hachoir d’occasion pour vendre le steak haché, très prisé… Même si Nicolas concède que ça lui fait un peu mal au coeur de broyer une viande de cette qualité.
Une formule assez originale qui permet de sortir trois salaires pour une ferme d’élevage de 100 hectares seulement. « Avec cette façon de travailler, on arrive à maîtriser les choses, à garder notre liberté, et à se libérer du temps. On a les contraintes du patron mais aussi la maîtrise de notre emploi du temps », conclut Nicolas Lepetit.
Contact : ferme d’Arcissat (Gaec Lepetit) : 05 55 64 08 21, lieu-dit Arcissat, 23400 Bosmoreau-les-Mines. e-mail : [email protected]
Ci-dessous, Nicolas Lepetit devant son élevage puis à la vente (un jour de fermeture, il n’a pas rempli le présentoir).