Il faut sauver le secteur porcin enlisé dans une crise latente depuis 2007, crise qui s’est nettement amplifiée après l’été 2015. Le plan annoncé ce lundi 22 février à Rennes par le ministre de l’Agriculture au conseil régional de Bretagne, présidé par le ministre Jean-Yves Le Drian, suffira-t-il ?
L’Etat annonce « un effort de 500 millions d’euros (…) en complément des mesures prises dès le printemps 2015 dans le cadre du plan de soutien à l’élevage ». L’Etat n’apporte pas de la monnaie sonnante et trébuchante mais anticipe la baisse de sept points de cotisations sociales des agriculteurs et l’année blanche sur les cotisations sociales 2015 des exploitants ayant dégagé un « très faible revenu ».
Des mesures que le Premier ministre Manuel Valls avait annoncé dès le 17 février. Au-delà de ces aides qui comprennent le triplement, par la Région Bretagne, de ses propres aides (subventions, prêts, garanties) à plus de 30 millions d’euros en 2016 pour accompagner la modernisation des élevages (plus de 500 visées), c’est bien un plan d’orientation que l’Etat propose.
Pour un triple objectif : « assurer une meilleure rémunération sur le marché intérieur et international » ; améliorer « la compétitivité de chaque maillon de la filière » ; « encourager au regroupement de l’offre de porc vivant ».
Sur le prix, le gouvernement indique avoir saisi le 15 février la Commission européenne sur un projet d’étiquetage obligatoire de la mention d’origine des viandes dans les produits transformés en France. Segmentation de la production, cahier des charges producteurs-distributeurs, encouragement d’une contractualisation entre les producteurs et leurs acheteurs… Tout est sur la table ou déjà en chantier.
Pour la compétitivité, l’Etat promet de convertir le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et la recherche) en baisse de charges sociales d’ici à 2018 pour permettre aux coopératives d’y accéder.
Enfin pour le regroupement de l’offre, l’Etat se félicite du projet de plateforme de commercialisation commune prévue par cinq des neuf groupements de producteurs de porcs bretons.
Pour Michel Bloc’h, président de l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (58 % de la production française avec 3 800 naisseurs engraisseurs), « ce plan traduit une prise de conscience plus importante que les fois précédentes, dit-il. La mobilisation a payé ». Il souligne en particulier l’obtention du projet de décret sur l’étiquetage lequel, même s’il ne concerne que les produits transformés en France, les distinguera de fait des produits importés. Et Michel Bloc’h ajoute que les cinq groupements de producteurs réunis pour regrouper l’offre travaillent à convaincre tous les autres autres groupements bretons.
Patrice Drillet, président de Cooperl Arc Atlantique, groupe coopératif porcin leader français considère que « ce plan va dans le bon sens (mais estime qu’il est) encore insuffisant, compte tenu de l’ampleur de la crise ». A ses yeux, il manque des mesures d’aides au grand export en accompagnement du stockage privé.
Seule la Confédération Paysanne critique de front ce plan, jugé comme « une fuite en avant inopérante et suicidaire » dans la réponse à la crise qui consiste ici « à maintenir les volumes produits et ce au coût le plus bas, grâce au développement (des éleveurs) dont on va décider qu’ils représentent l’avenir et qu’on va aider dans ce but ».
Alors, énième plan de redressement de la production porcine, ou plan décisif ? Rendez-vous dans le courant de l’année pour en voir les premiers résultats.
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