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Perspectives européennes 2030, la viande bovine sacrifiée sur le banc des accords de libre-échange

L’élevage européen de bovins viande sera fortement concurrencé par les productions américaines et océaniennes. La Commission européenne n’entrevoit pas de mesures pour contrecarrer cette tendance. Elle anticipe tout au plus une stabilisation des prix vers 2030.

Un des chapitres de l’étude intitulée EU agricultural outlook, for markets and income 2018-2030 porte sur la filière européenne de viande bovine. Le taux de change de l’euro, la forte concurrence sud-américaine et la baisse de la demande turque (pays en crise, lire dévaluée) pèseront, durant quelques années, sur les exportations européennes de bovins vifs ou de carcasses.

Dans le même temps, la Russie pourrait de nouveau importer de la viande de bœuf en provenance de l’UE après la levée de l’embargo à la fin de l’année. Cependant, les transactions porteront sur des volumes beaucoup plus faibles qu’auparavant car la production russe de viande bovine a augmenté et les consommateurs n’ont plus le pouvoir d’achat suffisant pour consommer de la viande bovine. Toutefois, la demande des pays asiatiques, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord pourrait croître et offrir quelques opportunités. L’élimination de certaines barrières sanitaires y contribuerait. La concurrence sera vive.

Les ventes d’animaux vifs devraient atteindre 200 000 t par an en 2030, en baisse de 17% par rapport à 2018. Les éleveurs européens produiront moins d’animaux, contraints par les normes environnementales et de bien-être animal. En conséquence, les exportations de viande de boeuf devraient chuter rapidement puis se stabiliser autour de 227 000 t par an (-10% par rapport à 2018) au milieu de la période de prévision.

A contrario, les importations de l’UE suivront l’augmentation progressive des contingents tarifaires accordés aux pays tiers, comme le prévoient les accords de libres échanges conclus entre l’Union européenne et le continent américain. D’ici 2030, les importations devraient atteindre 350 000 t (+ 15 % par rapport à 2018).

En fait, la croissance du marché mondial de la viande bovine profitera essentiellement aux continents sud-américain et océanien. Le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Australie fourniront l’essentiel de l’offre supplémentaire.

La compétitivité de l’élevage brésilien sera soutenue par le real dévalué, par des coûts de production peu élevés et par un meilleur accès aux principaux pays importateurs.

Si la crise économique persiste, les Brésiliens n’auront alors plus les moyens de consommer autant de viande bovine qu’auparavant. Davantage d’animaux seront alors exportés.

En Océanie, l’Australie reconstitue son cheptel de vaches allaitantes. La production de jeunes bovins est alors appelée à croître. Abattus, les animaux seront ensuite exportés.

Et en Argentine, le taux de change du peso, combiné à une politique d’exportation favorable, incitent les producteurs à accroître les effectifs de leurs troupeaux.

Mais la production étasunienne approvisionnera le marché intérieur. La demande croît. Les exportations américaines devraient se stabiliser d’ici 2030 après avoir entre temps décliné.

« A moyen terme, une décélération de la production mondiale – engendrée par des capacités de production saturées devrait entraîner une hausse des prix mondiaux au cours de la deuxième moitié de la période de prévision 2024-2030« , analyse la Commission européenne. Mais il est légitime de se demander combien d’éleveurs seront encore en activité pour en profiter.


Ci-dessous, photo d’archives représentant des vaches de race nélore en attente d’abattage au Brésil.

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