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Orages, évaluer les conséquences sur maïs

Avec les violents orages récents, accompagnés des fortes pluies, les maïs peuvent présenter des dégâts visibles actuellement. Certaines plantes vont repartir, d’autres non…

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Le pronostic sur les cultures touchées par la grêle et les fortes pluies dépend de plusieurs facteurs :
– le stade des plantes,
– la présence de vent tourbillonnant ou non,
– l’orientation des précipitations, orientation des rangs de maïs par rapport à la grêle,
– la taille des grêlons.

Attendre quelques jours après l’accident, le temps que la culture reparte, afin de mieux évaluer l’ampleur des dégâts. Il faudra alors estimer la densité de pieds restant sur la parcelle.

Sur les parcelles les moins avancées, au deçà de 5-6 feuilles, si la parcelle n’a pas été ravinée par des coulées d’eau, et si elle n’a pas séjourné de façon prolongée sous l’eau, les dégâts liés à la grêle ou aux fortes pluies seront relativement faibles : la plupart des tiges touchées par les grêlons pourront repartir car l’apex, encore bas dans la plante n’a pas été abîmé.

Sur les maïs les plus avancés, à 8 feuilles et plus, les dégâts seront plus importants. Lorsque les tiges touchées par la grêle présentent un noircissement de l’apex, qui signifie la mort probable de la plante. Dans ces situations, les densités seront fortement réduites et les pertes de rendement seront proportionnelles à la réduction de densité. Le tableau ci-après permet d’évaluer la perte de potentiel suite à la grêle en fonction du stade et de l’ampleur des dégâts constatés sur la parcelle.

Tableau 1 : incidence de la grêle sur maïs, estimation des pertes en pourcentages du potentiel de rendement en fonction du stade de la culture et des dégâts observés

source : Arvalis – Institut du végétal

Surveiller les contaminations par le charbon commun

Sur tous ces maïs blessés par la grêle, le charbon commun (Ustilago maydis) risque de s’installer sur les organes en croissance de la plante : au niveau des bourgeons de tiges, voire sur les feuilles, et plus tard sur la panicule ou l’épi. Cette maladie causée par un champignon n’a pas d’influence directe sur le rendement de la partie tige et feuilles. Elle peut cependant pénaliser le rendement grain en cas de présence importante sur épi.

Les tumeurs charbonneuses ne sont pas toxiques pour les bovins, mais diminuent l’appétence de l’ensilage. Le développement du charbon sera à suivre…


Photos 1 et 2 : exemple de plants de maïs touchés mais qui vont repartir :
– à gauche la plante refait une feuille,
– à droite : après section de la tige, on voit l’apex qui est indemne.


Photos 3 et 4 : plants touchés qui vont disparaître, à droite l’apex brunit.
Crédit photos : M. Moquet – Arvalis Institut du végétal

Cas des parcelles inondées

Le pronostic dépendra de la durée de l’ennoiement. Les parcelles les moins avancées en stade seront les plus affectées. En cas extrême, si la submersion totale (parcelles de vallée par exemple) dépasse 48 heures, les chances de reprise de la culture seront faibles.


Photos 5 et 6 : suite à l’asphyxie temporaire, les vieilles feuilles jaunissent (crédit photos : M. Moquet Arvalis Institut du végétal).

Quelle conduite tenir sur une parcelle de maïs inondée ou grêlée ?

Après ressuyage, un binage aidera à faire redémarrer la culture et préserver le potentiel

Si besoin d’intervenir pour une application herbicide, il faut attendre que le maïs refasse au moins une nouvelle feuille.

Faut-il ressemer ?

Etant donnée la date avancée actuelle et les délais de ressuyage, le resemis de maïs ne doit s’envisager que pour des parcelles dont la densité aurait été réduite de plus de 60 %, soit au-dessous de 40 000 plantes par hectare pour des variétés précoces, 30 000 plantes pour des ½ précoces. Un resemis coûte cher, le potentiel de rendement sera réduit pour des semis de fin juin, il faut aussi considérer l’offre climatique pour atteindre le stade de récolte. En cas de destruction importante du maïs, le semis d’une espèce fourragère en dérobée peut être un choix moins risqué.

Jusqu’à quand ressemer en Normandie ?
Pour un objectif de récolte à un stade acceptable pour l’ensilage (30 % MS plante entière) avant le 10 novembre, avec des variétés très précoces (début de groupe S0, indice < 220), on peut semer jusqu’à la fin de semaine prochaine (sauf nord Cotentin). Au-delà, il sera nécessaire de semer des variétés ultra précoces (indice < 180).

En cas de resemis de maïs, il faut détruire les plantes restant en place, car elles vont gêner le développement du nouveau semis. Ne pas resemer en parallèle des plantes restantes qui vont concurrencer les nouvelles levées. Compte tenu de la date, seules les variétés très précoces sont envisageables.

Bien vérifier la possibilité de ressemer sans travail du sol préalable compte tenu du désherbage appliqué – les produits à base de pendiméthaline en particulier nécessitent un labour préalable, ce qui est prohibitif.
 

Delphine Cast , Cynthia Torrecillas, Manon Verger (Arvalis – Institut du végétal)

1 Commentaire(s)

  1. une très grande hétérogénéité dans les maïs..des stades misa aussi des potentiels..Des maïs noyés, quelques grêles mais beaucoup de parcelle marquant une réelle faim d’azote car les sols n’ont pas permis pour l’instant de procéder aux apports notamment les « apports enfouis »solides ou liquides. Il semble une année comme celle ci procéder à des apports d’azote en plein (perlurée) plutôt que d’aller bidouiller sur des sols trop humides qui n’auront pour effet que de déstructurer le sol et rendre moins disponible l’azote…on assiste aussi sur certains types de sols à de l’asphyxies qui se traduit par du rougissement.. des potentiels très compromis pour les hauts niveaux de rendements que nous connaissons dans la région les bonnes années.. (> 110-120 qx)

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