carte afrique

Nourrir le monde en 2050 – Eradiquer la malnutrition, un objectif impossible à atteindre

Dans un article publié par le Demeter 2025, Marine Raffray décrit quatre scénari pour préparer lé sécurité alimentaire de demain. Aucun d’entre eux ne parviendrait à réduire à néant la malnutrition.

La FAO estime la population mondiale à 9,6 milliards d’habitants (Mds d’h) en 2050 contre 8,1 Mds d’ha actuellement. La croissance démographique serait d’abord africaine, et même subsaharienne (+1,2 Mds d’h sur les 1,5 Mds d’h au niveau mondial). Le continent serait alors peuplé de 2,6 Mds d’h, soit l’équivalent de 27 % de la population mondiale.

L’urbanisation croissante de la population modifiera les habitudes alimentaires dans les pays où le revenu de la population croîtra. Dès qu’ils en auront les moyens, les ménages dépenseront plus pour mieux se nourrir. Mais l’exode rural déportera une partie de la pauvreté des campagnes vers les villes.

A l’horizon de 2050 et même de 2100, ce scénario n’est pas immuable. Dans un article publié par Demeter 2025 « Nourrir 2050: de la fiction à la réalité »,  Marine Raffray, une des contributrices de l’ouvrage et auteure de l’article « 2050 : l’insécurité alimentaire mondiale inévitablement amplifiée ? », décrit quatre scénarios pour montrer que la sécurité alimentaire de demain peut prendre plusieurs trajectoires, pour le meilleur comme pour le pire !   

Ces scénarios reposent sur des hypothèses démographiques, climatiques, géopolitiques et agricoles propres à chacun d’eux.

Le scénario « Tendanciel » s’inscrit dans la continuité de l’évolution économique de la planète jusque-là observée. « Les progrès environnementaux sont lents, les écosystèmes s’en trouvent dégradés et le changement climatique se poursuit », précise Marine Raffay

Dans ce scénario, la population mondiale atteindra 9,7 Mds d’ha. Les deux tiers seraient urbanisés. La production agricole et les rendements progresseraient moins vite que les besoins alimentaires alors supérieurs de 50 % à 2010.

La superficie des terres cultivées augmenterait de 134 à 182 millions d’hectares et celle des pâturages de 54 à 208 millions d’hectares. La qualité de la nourriture produite se dégraderait au fil du temps, une des conséquences méconnues de l’augmentation de la concentration de CO2 de l’atmosphère.

Dans ce scénario « Tendanciel », 2,5 milliards de personnes seraient touchées par la pauvreté en 2050, soit une hausse de 39 % par rapport à la situation actuelle. Par ailleurs, 26 % de la population vivrait sous le seuil de pauvreté avec parmi elle, 600 millions de personnes au cœur des conflits appelés à se multiplier. Enfin, 11 % de la population souffrirait de sous nutrition.

Le scénario « Montée des souverainetés adverses » est « caractérisé par la montée des nationalismes et des rivalités entre puissances, décrit Marie Raffay. Les pays se donneraient comme priorité l’approvisionnement de leur marché intérieur aux dépens des échanges commerciaux et des objectifs internationaux de développement durable et en matière de changement climatique », précise l’auteure. Davantage d’hydro-carburants fossiles seraient utilisés.

La population proportionnellement moins urbanisée que dans le scénario précédent, serait toutefois plus nombreuse (10,1 milliards d’habitants). L’augmentation conséquente des températures conduirait à une hausse des surfaces agricoles dans l’hémisphère nord et à leur baisse dans les régions sud.

La répartition de la production agricole mondiale serait alors plus déséquilibrée qu’actuellement, en partie éloignée des bassins de consommation. Mais surtout, la croissance de la production agricole ne suffirait pas pour améliorer les conditions de vie des populations les plus précaires. Se nourrir couterait ainsi plus cher.

Dans ce scénario « Montée des souverainetés adverses », les conflits s’accroîtraient davantage et affecteraient 750 millions de personnes condamnées à vivre sous le seuil de pauvreté.

Au final, quatre milliards de personnes (40 % de la population mondiale) seraient pauvres, deux fois plus qu’actuellement. 16 % de la population mondiale serait victime de sous-nutrition.

Le scénario « Transition systémique » verrait «le monde s’orienter vers une trajectoire de développement durable, remettant en cause la centralité de l’économie marchande et du principe de concurrence dans le développement des Etats », explique marie Raffay.

La croissance de la population serait plus lente (8,9 milliards d’habitants) que dans les deux autres scénarios. Mais elle serait aux trois quarts urbanisée dans des villes efficaces sur l’utilisation des ressources pour mieux répondre aux enjeux environnementaux. L’ensemble de l’économie serait inscrite dans la transition écologique, conduisant à une hausse limitée des températures de l’atmosphère à 1 °C.

Dans les pays riches, moins de produits d’origine animale seraient consommés. Aussi, l’augmentation des surfaces cultivées aux dépens des pâturages permanents permettra d’accroître la production végétale disponible, et de protéagineux en particulier.

En combinant tous ces facteurs, il serait possible de réduire par deux le nombre de personnes en situation de pauvreté et la prévalence de la sous-nutrition tomberait à 4 % et l’insécurité alimentaire à 13 % ».

 Le quatrième scénario « Libéralisme et haute technologie» serait moins catastrophique que le scénario d’une montée des souverainetés adverses. Il serait une version accentuée du scénario tendanciel. Le vent de libéralisme qui soufflerait sur l’économie mondiale accroitrait pauvreté et sous-nutrition (14 % de la population mondiale de 10,1 Mds d’ha).

Ces différents scénarios dépendent des politiques agricoles (normes, mesures douanières, prix, accès au marché et aux moyens de production) qui seront conduites dans chaque pays et de leurs interactions.

2 Commentaire(s)

  1. D’une certaine façon Malthus est réhabilité (et c’est une bonne chose), on constate que l’on peut s’attendre à une hausse plus importante de la population que des ressources.
    Que ne l’avons-nous écouté au lieu de nous prosterner devant une croissance économique que nous voulions croire infinie, quand le monde, lui, est fini.

  2. L’eau qui nous manque l’été est toujours passée par chez nous l’hiver, il en est même passé 10 fois plus ! avec des calculs bidons en laboratoire on obtient des résultats complètement bidons sur le terrain : les GES ont été évalués en laboratoire à volume égal si on tient compte de la concentration dans l’atmosphère et de la chaleur latente on trouve que l’eau à 300 fois plus d’effet de serre que le CO2 … donc on vide les océans et on rase les forêts ou on prend l’effet de serre dans le bon sens en remettant les pieds sur Terre ? il ne faut PLUS mélanger énergie climat et pollution ! les accords de Paris n’ont dangereusement pas pris en compte le principal Gaz à Effet de Serre qui est la vapeur d’eau (60% des effets source GIEC, contre 26% pour le CO2). L’eau de l’atmosphère régule les températures des continents depuis des millions d’années mais cette hypothèse a été écartée dès le début en pensant que les activités humaines n’avaient pas d’impact sur l’eau , or il est maintenant prouvé que la disparition de la couverture végétale des continents (déforestation) coupe le cycle de l’eau et provoque les phénomènes climatiques actuels : inondations, sécheresses, canicules et feux ! Depuis plus de 30 ans les climatologues disent bien, qu’avec le dérèglement climatique, il n’y aura pas moins d’eau mais une dégradation de la répartition annuelle des pluies : inondations l’hiver et sécheresse l’été, exactement le scénario qui s’installe durablement en France et partout dans le monde. Une pluie même forte n’est pas un raz de marée mais elle le devient automatiquement quand on ne régule pas les ruissellements en amont des bassins versants.

Répondre à denise Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Article Précédent
Article Suivant