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Non, la viande brésilienne ne répond pas aux critères des consommateurs européens

Dans le cadre d’un éventuel accord de libre-échange Europe-Mercosur, une commission d’enquête du Parlement européen s’est rendue au Brésil pour constater sur place l’efficacité des mesures prises pour les produits agricoles exportés, en particulier la viande bovine. WikiAgri a recueilli les opinions de Michel Dantin et Eric Andrieu, deux des trois parlementaires français du voyage.

Pendant quatre jours de visites et d’entretiens, 11 députés européens représentant tous les groupes parlementaires du Parlement européen, dont trois français, ont essayé de déterminer si, oui ou non, le Brésil présentaient des garanties suffisantes dans sa volonté exportatrice vers l’Europe de contingents de viande bovine. Cela, dans le cadre d’un éventuel accord entre l’Europe et les pays du Mercosur (de l’Amérique latine). Les trois députés européens français présents au Brésil étaient Michel Dantin (groupe PPE, qui correspond à LR en France), le socialiste Eric Andrieu, ainsi que le FN Jacques Colombier. Malgré plusieurs tentatives variées, nous n’avons pas réussi à joindre ce dernier. Voici donc l’interview croisée des deux premiers.

« Nous avons été bien reçus, précise ainsi Michel Dantin. Tout avait été prévu pour nous donner des réponses, avec un programme de visites et de rencontres intense, sans le moindre temps mort. Et pour tout dire, les arguments donnés la majeure partie du temps étaient bons, et rassurants. Pour autant, comment dire, on nous a montré ce qu’il fallait nous montrer, nous sentions que quelque chose pouvait nous échapper. Et ce n’est finalement qu’en toute fin de séjour que nous avons obtenu une réponse qui nous permet d’affirmer la traçabilité telle qu’elle existe au Brésil ne correspond pas aux critères européens de défense des consommateurs.« 

En effet, au lieu d’une traçabilité par animal comme en Europe, celle-ci s’opère par lots. « Le problème, précise encore Michel Dantin, c’est que l’on ne parle pas des mêmes lots en entrant et en sortant de l’abattoir. En entrant, le lot correspond à une ferme, soit à quelques dizaines de bêtes. En sortant, le lot définit plusieurs fermes. » Eric Andrieu renchérit : « En fait, ce que les Brésiliens appellent le lot, c’est le résultat d’une journée d’abattage. En d’autres termes, il n’est pas possible de remonter jusqu’à la ferme où se situe le problème si problème il devait y avoir.« 

Par ailleurs, les deux eurodéputés affichent des opinions communes par rapport aux réponses sur la corruption : « Sur les trafics de viande d’il y a quelques mois, il nous a été dit que la justice poursuivait son travail« , affirment-ils l’un et l’autre, laissant entendre, chacun avec des mots différents mais la même vision au final, qu’il était finalement impossible de vérifier que ces bonnes intentions affichées correspondaient à la réalité.

Ils décrivent enfin l’un et l’autre le système agricole brésilien comme étant à deux vitesses : une agriculture familiale avec des petites exploitations (plus importantes tout de même que nos petites exploitations en France) pour fournir le pays, et une agriculture industrialisée à grande échelle pour l’export. Avec le respect du client en prime : « Ils affirment pouvoir produire OGM ou non OGM selon la demande du marché.« 

D’où une analyse propre à Eric Andrieu. « Ce que nous avons vu nous interroge sur notre propre système. Au Brésil, l’agriculture industrielle destinée à l’export n’est pas subventionnée, contrairement à l’agriculture familiale à vocation interne. Ce modèle est clair. L’agro-industrie devient compétitive par la massification : c’est l’importance de la production qui lui permet de dégager des bénéfices. Le Brésil se dit prêt à nourrir le monde… Pour ma part, je pense qu’en Europe aussi nous pourrions cesser de subventionner l’agriculture destinée à l’export…« 

En conclusion, concernant un éventuel accord de libre-échange entre l’Europe et le Mercosur, la commission d’enquête du Parlement européen partie au Brésil va rendre un rapport montrant ses grandes réserves pour le consommateur européen quant à la traçabilité de la viande bovine brésilienne. C’est en effet par rapport au consommateur que le Parlement européen va se positionner, même si derrière, par ricochet, les éleveurs de bovins viande européens sont intéressés au premier chef.
 

Notre illustration est une photo d’archives (prise plusieurs années avant le voyage cité dans l’article) montrant un atelier de découpe et d’ensachetage de viande bovine destinée à l’export au Brésil.

1 Commentaire(s)

  1. je crois qu’on le savait déjà…tant que nous n’aurons pas une harmonie au niveau mondial puisque nous évoluons vers ce gaspillage…Quand mettrons nous en priorité la réduction des échanges qui ne font qu’accentuer la pollution. tant de cinéma à la Française durant la coop 21 et nous dire que la maison brule alors que non seulement les pompiers sont absents mais les pyromanes s’activent de plus belle..

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