La quatrième édition de la journée d’hommage aux familles d’agriculteurs suicidés initiée par Jacques Jeffredo va connaitre ce dimanche une dimension jamais atteinte : en amont, la marche citoyenne de Patrick Maurin, bien suivie médiatiquement, lance le débat depuis le 23 septembre. Avec déjà un recueil de témoignages poignants, qui va donc se poursuivre ce dimanche à Sainte-Anne d’Auray.
Depuis le 11 octobre 2015, date de la première journée d’hommage aux familles endeuillées, Jacques Jeffredo désespère que la cause soit réellement entendue. Combien de fois s’est-il interrogé sur le résultat de son action ? « Tu vois, les journalistes viennent un jour, une semaine après c’est terminé, plus personne n’en parle, et ça continue…« , glisse-t-il parfois, essayant encore et toujours de trouver le moyen de ralentir le phénomène.
Cette année, au-delà de soutiens bénévoles qui ne tiennent pas forcément à être nommés ici (et néanmoins bien réels), il reçoit un appui avant la journée. C’est la première fois qu’une opération médiatisée vient annoncer le rendez-vous de Sainte-Anne d’Auray. Patrick Maurin marche ainsi depuis le 23 septembre et Gontaud de Nogaret (près de Marmande où il est conseillé municipal) sur les routes de France, remontant de la Garonne à la Loire et de la Loire à la basilique de Sainte-Anne d’Auray. 22 étapes à pied à la rencontre de ruraux, des agriculteurs en difficulté, de tous ceux et de toutes celles qui veulent se confier sur le sujet.
Joint au téléphone, Patrick Maurin commente ainsi cette marche : « Les 10 premiers jours, je n’ai pas senti une grande motivation autour de moi, je me suis souvent retrouvé seul sur la route. Et puis, sur les 10 suivants, j’ai ressenti une ampleur extraordinaire, grâce notamment aux médias qui ont fait connaitre mon action. J’ai souvent 5, 6 personnes qui m’accompagnent pour une partie de l’étape, et même parfois pour l’étape entière. A certains moments, on se retrouve à 20. Lundi, deux tracteurs avec une bétaillère m’ont retrouvé, et 30 personnes autour. Je ressens comme une prise de conscience de l’intérêt de l’action. » Au moment où nous l’appelions, il s’apprêtait à rejoindre un « pique-nique citoyen » à Pontchâteau où, là aussi, du monde l’attendait.
Viennent à lui des agriculteurs, des familles. Des personnes qui ont perdu un proche, ou encore des paysans en détresse, qui viennent parler comme une sorte d’ultime recours parce qu’ils ne veulent pas passer à l’acte. Même des personnes extérieures au milieu agricole saluent Patrick Maurin sur son passage, témoin cette discussion avec trois gendarmes dont l’un d’entre eux lui glisse « C’est bien ce que vous faites, mes parents sont agriculteurs, c’est dur pour eux en ce moment, il faut le dire« .
Parmi les témoignages recueillis, Patrick Maurin a été particulièrement ému par celui de la veuve d’un agriculteur qui s’est suicidé en se pendant devant sa Safer. « Cette femme a eu beaucoup de mal à me raconter son histoire, c’était terrible, dit-il, et on devine ses propres sanglots ravalés au timbre de sa voix au téléphone. Son mari a cru une parole donnée, il a vendu une partie de ses terres pour en récupérer d’autres, et au dernier moment, la Safer a attribué ces dernières à quelqu’un d’autre, le laissant dans une situation dramatique. Il a réagi en allant se pendre devant la Safer. Il semblerait (une action judiciaire est en cours pour non assistance en personne en danger) qu’il y ait eu du personnel dans les bureaux de la Safer qui ne soit pas intervenu. C’est abominable !«
Il évoque également ce couple d’agriculteurs « particulièrement inquiets parce qu’après un contrôle, ils sont menacés de ne plus recevoir leurs aides européennes. Or, elles constituent l’essentiel de leur revenu. Ils ont eu des problèmes d’intempéries, du coup c’est compliqué pour eux d’apporter la preuve qu’ils ont bien semé du trèfle entre deux cultures, et le contrôle subi les y enjoint. Ils sont à bout !«
Evidemment, nous ne reprenons pas ici la liste exhaustive des conversations qu’a pu avoir Patrick Maurin, « il y aurait de quoi écrire un livre« …
La dernière étape de la marche citoyenne aura donc lieu dimanche matin, à partir de 8 heures du matin, de Plougoumelen à Sainte-Anne d’Auray (un peu moins de 9 kilomètres). Elle arrivera donc, probablement avec de très nombreux marcheurs, sur le parvis de la basilique Sainte-Anne d’Auray vers 10h30. Après l’accueil des marcheurs et autres personnalités, une messe d’hommage aux familles sera donnée en la basilique à 11 heures. L’après-midi, à partir de 14 heures (précises, pour permettre à ceux qui sont venus de loin de repartir pas trop tard), une conférence-débat donnera d’abord la parole à Patrick Maurin qui parlera de sa marche, puis présentera les conséquences du suicide pour les familles, autorisera enfin (et surtout) familles et personnalités à s’exprimer. Un appel sera lancé, « ne vous suicidez pas », sous-entendu « pensez à vos proches ». Jacques Jeffredo a déjà commencé à communiquer sur ce thème sur son compte Facebook à travers une vidéo.
Et ce dimanche 14 octobre, entre autres en vertu de la médiatisation venue de la marche citoyenne en amont, il devrait y avoir du monde pour écouter cet appel.
Ci-dessous, un couple d’agriculteurs qui sourient pour la photo avec Patrick Maurin (à droite avec le béret), mais en proie à de terribles tracas avec le risque de perdre les aides européennes. Photo issue de la page Facebook Marche citoyenne de Patrick Maurin.
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Arrêtez tous ces blablas et tous ces discours..Nos paysans sont des chefs d’entreprises et comme le magasin qui est en faillite et non rentable, il faut arrêter pour essayer de faire autres choses. C’est pareil en agriculture, il ne faut surtout pas se suicider, le jeu n’en vaut pas la chandelle, l’agriculture est en faillite et c’est voulu, alors relevez vous paysans et reconvertissez vous à temps… Et si l’entreprise n’est plus rentable, arrêtez de chercher un repreneur, NE VOUS INSTALLEZ PLUS SI C EST POUR VIVRE DANS LA MISERE..