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Momagri crée une agence de notation du secteur agricole

Momagri, à l’origine un Think thank agricole, va passer de la cellule de réflexion à celle de l’action en créant, à l’horizon fin 2014, une agence de notation du secteur agricole.

Vous avez tous entendu parler de Standard & Poor’s, Moody’s ou Fitch, de ces fameuses agences de notation qui s’invitent jusque dans les enjeux politiques et stratégiques des pays en leur affublant une note. Ah, ce fameux triple A que la France a perdu, les médias ont insisté dessus pendant longtemps.

Les agences que je viens de citer sont spécialisées dans les finances, elles notent les efforts économiques des pays, et les possibilités que ceux-ci se donnent pour tenir leurs engagements. Or, prochainement, à échéance fin 2014, une nouvelle agence de notation verra le jour, la première mondiale à noter le secteur agricole, pris au sens large : production agricole, mais aussi agroalimentaire et alimentation. Elle devrait s’appeler Momagri, du nom du Think thank qui est à son origine.

Pierre Pagesse, président de Momagri (le Think thank pour l’instant) explique ainsi que cette agence analysera des situations le monde entier, d’abord en prenant en compte le Canada, les Etats-Unis, le Brésil, un pays africain par zone (l’Afrique du Sud, le Sénégal et l’Egypte), le Japon, et une dizaine de pays européens, tout en recherchant constamment à élargir le nombre des pays concernés. Comme pour les agences financières, on aura droit à des AAA, AA+, etc., soit en tout 55 strates permettant d’établir une hiérarchie sur des sujets clés tels que la solvabilité alimentaire des Etats.

Une analyse particulièrement fine

Les critères retenus, à la fois sélectifs et variés, prendront en compte les capacités de productions, celles de s’auto-suffire, de s’autoalimenter, de parvenir à nourrir sa population fut-ce en sachant importer, de créer une entreprise dans le pays concerné, et en particulier une entreprise agricole ou agroalimentaire… Avec suffisamment de « sous-critères » pour différencier deux pays qui obtiendraient la même note. « Par exemple, explique Pierre Pagesse, on sait que le Japon a très peu de surfaces agricoles, qu’il est réduit dans son foncier, mais en même temps qu’il sait tirer le maximum de ces surfaces, et qu’il se donne les capacités d’importer ce qui lui manque par son fonctionnement économique dynamique, ce qui fait que l’on peut accorder la même note à ce pays qu’à un autre qui sera auto-suffisant avec ses propres terres : il faut donc expliquer comment on arrive à des notes voisines avec des contextes très différents.« 

La création d’une telle agence mérite évidemment tout un maillage de recueil de données fiables. Créé en décembre 2005, le Think thank Momagri tient son nom de sa vocation première, proposer un « mouvement pour une organisation mondiale de l’agriculture » qui soit différenciée de l’OMC (organisation mondiale du commerce) en estimant que les produits agricoles ne pouvaient être échangés au même plan que ceux de l’industrie, des services ou du commerce en général. Depuis, Momagri a tissé une toile internationale pour entretenir ses propres modèles et effectuer ses propres calculs, remettant parfois en cause, par exemple, ceux de la Banque mondiale ou autres institutions célèbres en la matière. Au-delà de donner cette faculté à analyser des situations à l’échelle internationale, ce réseau mondial va donc désormais servir à alimenter cette agence de notation innovante et inédite. Pierre Pagesse, président depuis l’origine, fut aussi président de Limagrain.

Contribuer à améliorer la sécurité alimentaire dans le monde

Au-delà de la performance recherchée, les données ainsi recueillies pour autoriser les notations ont un objectif : comprendre l’évolution des agricultures et contribuer à améliorer la sécurité alimentaire dans le monde. Ainsi, sur les 9 à 10 milliards d’humains que nous devrions être en 2050, près de 3 milliards souffriraient de la faim si nous poursuivons selon nos modes de cultures et nos échanges actuels. « Alors que l’on sait, reprend Pierre Pagesse, qu’avec des rendements moyens de 50 quintaux à l’hectare partout dans le monde, on pourrait réduire considérablement ce chiffre. Mais pour y parvenir, encore faut-il bien identifier les zones géographiques, mais aussi leurs problématiques, celles posées autour…« 

Notre photo ci-dessous : Pierre Pagesse.

2 Commentaire(s)

  1. tres bien !
    je ne sais pas si c est prevu ,mais ce serait bien de prendre en compte egalement la remuneration et le respect des producteurs au niveau des industries (et coops) agroalimentaires ,car pour un meme secteur ,on y voit parfois de serieuses differences et pour la durablité ,ce critere est important !

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