Avec son inter-rang large, le maïs est une culture qui se prête bien au désherbage mécanique. Construisez votre programme selon la flore en mixant interventions phytosanitaires et mécaniques.
Le désherbage est un élément crucial pour la réussite de son maïs. Il faut agir tôt et efficacement pour limiter la concurrence des adventices sur les ressources en nutriments, en eau et en lumière. La flore adventice à endiguer et les conditions pédoclimatiques guident la stratégie de désherbage. Une action en prélevée avec des herbicides racinaires est plus adaptée face aux graminées. La post levée, avec les herbicides foliaires est plus orientée dicotylédones. Les stratégies en double passage, pré et post levée ou double passage en post, sont les plus sécurisantes.
A ces solutions phytosanitaires s’ajoute le désherbage mécanique. S’il est incontournable en agriculture biologique, le désherbage mécanique trouve de plus en plus sa place en conventionnel. «En Autriche, 27% des surfaces sont en bio, donc le désherbage mécanique est incontournable mais en conventionnel, il est rarement utilisé. En France, le désherbage mécanique est une réalité et pas que en bio, note Aloïs Gimplinger, directeur des ventes pour la France du fabricant autrichien Einböck. 30 à 40 % de nos machines sont achetées par des agriculteurs en conventionnel quand ce n’était que 10% il y a 5 ans. L’ensemble des agriculteurs français a bien compris l’intérêt du désherbage mécanique.». Il permet de réduire l’IFT et l’utilisation en général des produits phytopharmaceutiques, de trouver des alternatives face aux adventices résistantes et la fin annoncée de certaines matières actives (comme le bromoxynil dont 2021 sera la dernière campagne). Les aides à l’investissement du plan de relance devraient booster le taux d’équipement.
Les outils le plus fréquemment utilisés sont la herse étrille, qui assure un ratissage superficiel des adventices jeunes ; la houe rotative, elle aussi efficace en plein sur des adventices jeunes. Si elle peut intervenir sur des adventices plus développées et un maïs déjà bien levé, la bineuse travaille principalement sur l’inter-rang. Sur maïs, le binage est souvent le plus efficace car il déchausse les adventices et peut être fait jusqu’au stade 10 feuilles. Il se combine bien avec un premier passage en prélevée ou post levée précoce pour remplacer un passage de rattrapage.
Miser sur la complémentarité
Car, le désherbage mécanique n’est pas obligatoirement exclusif. C’est même en stratégie mixte qu’on obtient le plus d’efficacité. Pour être efficace, le désherbage mécanique doit intervenir sur des adventices jeunes. Une possibilité est de débuter par une pulvérisation en prélevée ou post levée précoce suivie de binage, à raison de 2 ou 3 passages, entre stade 4 et 8 feuilles.
On peut aussi opter pour un passage chimique sur le rang en post précoce puis un binage, avec un éventuel rattrapage.
Si la pression en graminées est forte, un passage de herse avant le semis limite les implantations.
Pour être efficace, le désherbage mécanique doit être associé avec une rotation longue, avec alternance de cultures de printemps et d’automne, une bonne destruction de l’interculture, un semis à une profondeur homogène de 4 cm et le choix d’une variété avec une bonne vigueur de démarrage. Pour anticiper les pertes de pieds à cause du passage des outils, il faudra semer plus dense de 10%.
L’efficacité du désherbage dépend du bon réglage des outils à bien calibrer selon le stade des adventices et du maïs pour concilier efficacité de désherbage mais protection des jeunes plants. Il faut aussi de bonnes conditions au niveau du sol : nivelé, rappuyé, sans trop de débris végétaux. La vitesse de travail est à adapter au stade de la culture et au type d’outil. Par exemple, la houe sera pleinement efficace contre les adventices à une vitesse optimale de 18km/h. Alors qu’avec une bineuse, la vitesse optimale est plutôt autour des 10 km/h. Autre facteur de réussite, il faut bien choisir sa fenêtre météo pour concilier stade des adventices, du maïs et conditions de ressuyage du sol.
Attention, si l’IFT est allégé par le désherbage mécanique, il n’en est pas de même pour les charges de désherbage, du fait de la multiplication des passages. De son suivi d’agriculteurs pratiquant le désherbage mécanique, la chambre d’agriculture de Bretagne a évalué le coût à 142€/Ha en agriculture biologique. La moitié des parcelles ont nécessité 4 passages, les autres 3. Sur les parcelles en conventionnel, le désherbage mécanique en prélevée a permis, en moyenne, une baisse de 20% de l’IFT. Mais une stratégie mixte revient à 28€/ha plus cher qu’une stratégie 100% pulvérisation.
Désherbage total, Valse hésitation sur le glyphosate
Herbicide non sélectif systémique, le glyphosate est utilisé depuis les années 70. Son large spectre d’efficacité, l’absence d’effet résiduel et son coût limité en ont fait une solution plébiscitée pour détruire couverts, prairies et autres repousses avant l’implantation d’une culture. Sauf qu’en 2015 le Centre international de recherche sur le cancer le classe comme cancérigène possible. Même si cet avis n’a pas été partagé par l’Autorité européenne de sécurité des aliments, la pression sociétale a poussé le gouvernement français à annoncer, en novembre 2017, son retrait. Depuis, c’est la valse des décisions. En décembre dernier, une commission parlementaire a reconnu que, d’une part, une décision francofrançaise amènerait une perte de compétitivité par rapport aux autres agriculteurs européens et que, d’autre part, des solutions alternatives n’existaient pas pour tous les usages actuels (agriculture de conservation des sols, terrains en pente ou caillouteux…). Si l’objectif d’un arrêt total en 2023 est maintenu, des dérogations se dessinent pour les deux prochaines campagnes. En grandes cultures, l’utilisation du glyphosate sera possible mais à une dose annuelle par hectare réduite de 60%. Les exploitations en agriculture de conservation de sols devraient pouvoir continuer à l’utiliser. Un crédit d’impôt de 2500 euros est prévu pour les exploitations qui se passeraient entièrement de glyphosate dès 2021.
Zea Scan, une nouvelle appli pour mieux gérer son désherbage
Ascenza vient de lancer une application mobile pour trouver facilement des informations techniques et réglementaires sur le désherbage du maïs. Baptisée Zea Scan, cette appli regroupe 30 fiches adventices pour aider à les reconnaitre à différents stades et trouver la matière active la mieux adaptée. On y trouve également des rappels sur les bonnes pratiques. Cette application est téléchargeable gratuitement sur les stores Androïd et Apple.