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Marché européen de viande bovine, la Pologne va manquer de veaux

La restructuration de l’élevage laitier en Pologne conduit à une baisse continue des effectifs de vaches. La filière bovine doit revoir ses ambitions expansionnistes sur le marché européen. 225 000 veaux naîtront en moins d’ici 2020. La conversion à l’élevage allaitant n’a pas la côte.

Une pénurie de veaux et de broutards à l’horizon de 2020 en Pologne n’est pas exclue ! La baisse des effectifs de vaches laitières constatées depuis 25 ans ne sera pas compensée par des vaches allaitantes supplémentaires et les éleveurs ne pourront pas compter sur des importations massives de veaux pour remplir leurs étables, faute d’animaux.    

C’est une des conclusions inéluctables de l’étude de l’Institut de l’élevage (Idele) portant sur l’évolution des filières de viande bovine et laitière d’ici 2020 en Pologne. Le 5e pays producteur de lait de l’Union européenne, en pleine restructuration, ne suit pas la voie de la France en convertissant massivement une partie de son troupeau laitier en troupeau allaitant.

Depuis dix ans, l’essor de la filière de viande bovine et de ses exportations repose sur les ventes de génisses, sur le déstockage de vaches laitières de réforme et surtout, sur l’engraissement d’une quantité phénoménale de petits veaux issus de troupeaux laitiers peu productifs. Au lieu d’être exportés comme par le passé, ces derniers sont engraissés dans les étables ou vendus à des producteurs spécialisés. Alors que la Pologne livrait jusqu’à 700 000 veaux par an au début des années 2000, seuls 120 000 ont été vendus en 2015. Pour les broutards, les transactions ne portent plus que sur 13 000 animaux contre 72 000 15 ans plus tôt.

Diversification mais peu de conversion

L’engraissement de jeunes bovins s’est développé dans les exploitations polonaises contraintes par les quotas, à partir d’animaux nés sur la ferme. Quelques éleveurs laitiers, qui ne pouvaient pas se moderniser, se sont aussi convertis dans l’élevage de bovins viande. Tandis que des céréaliers ont construit des stabulations pour se lancer dans cette activité d’élevage pour profiter de la hausse des cours de la viande en Pologne.

Mais on ne dénombrait que 169 000 vaches allaitantes en 2015, ce qui est nettement insuffisant pour compenser la baisse des effectifs de vaches laitières : 2,2 millions en 2015 contre 3,4 millions en 1998 qui mettaient bas à quasiment autant de veaux chaque année.

Un déficit en veaux dans toute l’Europe de l’est

L’engraissement d’animaux a approvisionné une filière d’abattage et de transformation compétitive à l’export car la main-d’oeuvre est bon marché. La croissance des exportations de viande a été accentuée par les  quantités de viande bovine invendues sur le marché intérieur. Les Polonais s’en sont massivement détournés. Ils en consomment dix fois moins qu’il y a vingt ans en raison de la mauvaise qualité des morceaux vendus.

Mais la donne change. Les experts de l’Institut de l’élevage pronostiquent un retournement des ventes de viande à l’étranger dès cette année, après un pic à 500 000 tonnes équivalent carcasse (téc) en 2015. Les expéditions ne porteraient plus que sur 476 000 téc sans compter l’impact de la reprise attendue de la consommation par les Polonais. Dorénavant de meilleure qualité, la viande n’a plus de raison d’être boudée comme par le passé.

D’ici 2020, les effectifs de vaches laitières passeraient sous le seuil de deux millions pour atteindre 1,9 million, selon l’institut de l’élevage. Mais la restructuration de la filière se traduira encore par la reconversion partielle des cheptels en troupeaux de vaches allaitantes : 45 000 têtes en plus d’ici 2020 alors qu’il y aura 225 000 vaches laitières en moins. 

Des opportunités pour les éleveurs français

Les éleveurs polonais ne pourront pas compter sur leurs voisins tchèques ou hongrois pour importer les veaux produits en moins dans leur ferme. Tous les pays l’est de l’Union européenne rationalisent et restructurent leur filière laitière. D’ici 2020, ils verraient leurs effectifs de vaches diminuer de 466 000 têtes alors que seules 289 000 allaitantes seraient élevées en plus. Ainsi, près de 175 000 veaux en moins naîtront et une grande partie des broutards sont appelés à être conservés pour être engraissés dans les fermes où ils sont nés.

La faible reconversion de l’élevage laitier polonais et de l’est de l’Union européenne pourrait, au final, reconfigurer les échanges commerciaux de viandes bovines et d’animaux vifs au profit de la France si le marché européen n’est pas ouvert à la concurrence américaine (Tafta). Avec moins de viande polonaise produite, les marchés seront moins tendus.

Par ailleurs, la production de jeunes bovins en Pologne, issus de veaux ou de broutards importés, sera moins compétitive qu’actuellement. Et dans les abattoirs, un renchérissement de la main d’œuvre est attendu.

Enfin, des broutards français pourraient être exportés en Pologne, faute d’animaux suffisants. Mais ces ventes porteraient sur de faibles volumes.
 

Ci-dessous, photo issue du site Fotolia, lien direct : https://fr.fotolia.com/id/95449029. Elevage bovins dans les Piénines, montagnes en Pologne.

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