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Malgré 55 quintaux à l’hectare, les éleveurs de La Piège perdent les aides des zones défavorisées

Les éleveurs sont toujours vent debout contre la carte des zones défavorisées. Ils se mobilisent dans les Deux-Sèvres, le Loiret… Et aussi en Occitanie. Reportage dans l’Aude où ils organisaient ce mercredi une journée morte.

Après la décision tombée il y a quelques jours (et la définition d’une nouvelle carte), on espérait au ministère de l’Agriculture que la paix reviendrait dans les campagnes. Mais en réalité il n’en est rien. La mobilisation est toujours forte dans plusieurs départements, dont le Loiret, les Deux-Sèvres, l’Aveyron, le Gers, les Pyrénées-Atlantiques (on en oublie sûrement), et l’Aude. Dans ce dernier département, précisément dans La Piège, périmètre du Pays cathare, coincé entre Carcassonne et l’Ariège, était organisée ce mercredi une journée morte. Tous les services administratifs des 24 communes du secteur avaient été déclarés inexistants, de manière à soutenir les 55 élevages qui n’appartiennent plus au nouveau zonage.

Maires et agriculteurs font cause commune

A Fanjeaux, sur les hauteurs de la commune, tous les maires et le collectif de 80 agriculteurs tout juste constitué, sont même venus enterrer symboliquement La Piège, où résident 5 000 habitants. Sur un ton humoristique mais non moins ironique, l’un des élus a procédé à une « messe », avant que des enfants ne déposent une gerbe de fleurs et que l’on entende la sonnerie aux morts.

La colère est à son comble sur ce teritoire aux terrains pentus, caillouteux et secs et dont le taux de rendement plafonne à 55 quintaux l’hectare, les meilleures années, contre 80 à 100 quintaux dans la plaine. « Alors maintenant il faut que l’on nous explique pourquoi la plaine de Castelnaudary va passer en zone défavorisée et ici, on en sort. Cherchez l’erreur ! » rage Loïc Albert, porte-parole du collectif des agriculteurs. Lesquels refusent la nouvelle carte qui les priverait de l’ICHN (indemnité compensatrice au handicap naturel) et les subventions européenne et nationale de 8 000 à 15 000 € par an pour pallier les conséquences de sols pauvres.

Faudra-t-il aller jusqu’à l’action en justice ?

Car, dans La Piège, cette subvention est un outil pour accompagner le développement d’une agriculture diversifiée, de la vente directe et de circuits courts. Voilà qui devait faire dire aux très nombreux édiles, dont le maire de Cazalrenoux, Brice Asensio, réunis ce milieu de semaine à Fanjeaux que « si notre territoire n’est plus considéré comme une zone défavorisée, la plupart des exploitations agricoles seront vite en faillite. Alors ce ne sera plus la peine de venir nous parler de ruralité, espérer entretenir les espaces naturels et continuer à préserver la biodiversité ! »

Des maires qui répètent à l’envi qu’ils ne connaissent pas les critères qui ont conduit La Piège a être exclue des zones défavorisées. « C’est l’omerta totale » tempète Serge Grillères, maire de Laurac-le-Grand. « Je propose aux techniciens qui ont élaboré le nouveau périmètre à venir faire un footing avec moi. Quand ils seront essoufflés, ils réviseront vite leur position », tacle le président PS du Conseil départemental de l’Aude, André Viola. « Nous sommes face à une injustice qui nous plonge dans l’incompréhension, mais nous ne laisserons pas faire ! » Et Serge Grillères de glisser que si La Piège n’obtient pas satisfaction une action devant les tribunaux pourrait être intentée. L’ultime recours pour la survie…
 

Une page Facebook pour défendre la cause de La Piège : https://www.facebook.com/Pour-que-VIVE-La-PIÈGE-2112061028819224


Ci-dessous, maires et agriculteurs sont venus faire cause commune en ce milieu de semaine pour sauver La Piège.

L’un des élus a célébré une messe…

… Avant que l’on entende la sonnerie aux morts.

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