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Maïs grain, gérer les résidus à l’interculture quelle que soit la culture suivante

Après maïs grain, le risque sanitaire pour les cultures suivantes est proportionnel au volume de résidus laissés en surface suite à la récolte. Il est nécessaire de s’occuper des cannes restées au sol.

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Fusarium graminearum, champignon producteur de mycotixines (DON), est capable d’attaquer le blé et le maïs en se développant à partir des résidus de culture. Accélérer la dégradation des résidus par un broyage fin puis une incorporation au sol sont fortement recommandés pour réduire le risque Fusarium, mais aussi pour détruire les larves de foreurs protégées dans les résidus.

Blé de maïs : limiter le risque fusariose et garantir une bonne implantation

En semis direct, l’usage de semoirs à disques spécialement adaptés est obligatoire : présence du dégagement nécessaire pour éviter les bourrages et poids élevé pour pénétrer un sol non travaillé. Avec cette technique, il est recommandé de ne pas broyer les résidus à la récolte pour éviter au maximum de les plaquer au sol avant le semis : ils représenteraient un obstacle à un positionnement correct des semences. Semer le blé dans la foulée de la récolte permet aussi de bénéficier de résidus plus faciles à trancher que si on attend quelques jours. Le broyage des résidus après avoir semé le blé (et non avant) permet d’améliorer leur répartition à la surface du sol et facilite la lutte contre les foreurs du maïs et surtout contre Fusarium graminearum : nos essais montrent qu’en semis direct après maïs grain, la teneur du blé en DON peut être divisée par 2 environ grâce au broyage des résidus. Attention en conditions humides, tout passage d’engin après le semis peut engendrer de la compaction.



Avec un semoir adapté au semis direct, la présence importante de paille ne constitue pas une gêne à l’implantation mais entraîne un risque fusariose plus important.


Avec un semoir conventionnel, la présence importante de débris végétaux en surface et dans le lit de semences peut constituer un obstacle au semis (bourrage, dépôt de la semence dans la paille,…) et à la levée du blé. En situation où un travail superficiel est réalisé, le broyage puis l’enfouissement des résidus par un labour facilitent le fonctionnement des semoirs conventionnels ou rapides à disques et le positionnement des semences de blé. Le semis à la volée peut d’ailleurs faciliter l’implantation en supprimant les risques de bourrage ou de pianotement des éléments semeurs dans les résidus. C’est la solution proposée par le Semavator, Horsch Sem-Exact… ou plus récemment par des systèmes de semis à la volée positionnés sur des déchaumeurs à disques indépendants. Semer avec un angle de quelques degrés par rapport aux rangs de maïs peut aussi limiter les bourrages dans certaines situations.

Mieux les résidus sont broyés finement et enfouis et moins ils seront encore présents au mois de mai sous la culture de blé. Un labour précédé d’un broyage fin est donc une technique efficace.

D’autres facteurs influencent également le développement de Fusarium graminearum : le climat en premier lieu mais également le choix de la variété de blé ou encore le traitement fongicide (matière active, positionnement). Pour un blé tendre précédent maïs grain avec résidus en surface, le choix d’une variété peu sensible au risque DON est impératif (note de sensibilité > 6, comme Oregrain ou Hydrock par exemple) mais ne garantit pas l’impasse de protection en cas de pluies importantes autour de la floraison. Si les résidus sont enfouis, il est tout de même recommandé de choisir une variété moyennement à peu sensible (note > 4, comme Comilfo, Descartes, Hybiza, LG Absalon, Sy Moisson, Rubisko…). Le blé dur n’est pas adapté au semis direct après maïs grain compte tenu de sa sensibilité aux fusarioses et aux mycotoxines. Si on limite au maximum la présence de résidus par un broyage et un enfouissement grâce au labour, le risque n’est pas plus important derrière un maïs que derrière un blé sans labour qui présente d’autres inconvénients.

Dans le cas d’une succession maïs – maïs

Le broyage et l’incorporation des résidus avant labour sont aussi fortement recommandés. Soigneusement réalisés, ces opérations permettent d’atteindre plusieurs objectifs :
• Lutter contre les foreurs du maïs (pyrale et sésamie) en blessant les larves ou nymphes et en favorisant leur parasitisme. Un broyage réalisé aussitôt après la récolte procure une bonne efficacité contre les foreurs (50 à 70 % d’efficacité), qui peut être améliorée si l’action est suivie d’un travail superficiel (75 à 85 % d’efficacité) ou d’un dessouchage du collet (95 % d’efficacité) ;



Un broyeur sous coupe n’est pas toujours suffisant pour détruire les larves situées dans la base des tiges.


• Réduire le risque mycotoxines sur le maïs suivant en favorisant la décomposition des résidus, support de conservation des fusarioses (F. graminearum et F. verticillioides) ;
• Faciliter l’implantation du maïs suivant, avec des résidus moins gênants ;
• Réduire les fuites d’azote en piégeant de l’ordre de 20 à 30 kg d’azote minéral par hectare. Le rapport C/N élevé des tiges de maïs favorise la réorganisation de l’azote minéral présent dans le sol. Un bon contact entre le sol et les résidus va accélérer la dégradation des résidus par les micro-organismes du sol ;
• Limiter le développement des maladies foliaires (Helmintosporiose fusiforme et kabatiellose) dont les spores se conservent sur les résidus.

Quel matériel pour le broyage ?

On cherchera un broyage le plus fin et le plus bas possible permettant une bonne dégradation des résidus :
• Un broyeur à axe horizontal est le matériel qui réalise le meilleur travail, mais il reprend mal les tiges écrasées lors de la récolte ;
• Le broyage sous les becs de la moissonneuse peut être un compromis intéressant et peu coûteux. Cependant, cette technique qui ne permet pas un broyage très fin et très bas, peut s’avérer insuffisante, notamment pour limiter les risques de fusariose et de pyrale.

En situation à risque fort, par exemple pour un semis de blé implanté sans labour après un maïs grain, les deux types de broyages successifs peuvent être nécessaires.
 

Thibaud Deschamps, Céline Drillaud, Jean-Louis Moynier (Arvalis – Institut du végétal)

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