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Maïs, des attaques de géomyze d’une ampleur exceptionnelle

Après une phase de levée des maïs plutôt rapide et homogène, des dépérissements de plants sont observés depuis quelques jours. L’essentiel de ces dégâts sont imputables à la mouche géomyze.

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Avec une fréquence de parcelles touchées importante et des niveaux de dégâts parfois très élevés (plus de 50 % de plants détruits), cette attaque de géomyze est d’une ampleur inhabituelle, voire jamais observée. Voici quelques éléments d’explication sur ce phénomène et des conseils pour les parcelles les plus touchées.

Zoom sur la mouche géomyze

Cette petite mouche (3,5 mm) se caractérise par la présence de 3 points sur ses ailes (géomyza tripunctata). Favorisée par les hivers doux, elle peut également causer des dégâts sur céréales à paille courant tallage, notamment sur triticale.

A partir de 10°C de température au sol, les adultes peuvent émerger, voler et pondre sur les maïs déjà levés. La larve va s’introduire entre le coléoptile et la première feuille. Le premier symptôme – visible actuellement dans les parcelles – est le flétrissement de la dernière feuille, puis de toutes les feuilles (figure 1). La plante se dessèche et meurt rapidement.

Figure 1 : dégâts de géomyze sur maïs (observations du 25 mai 2016)

Quelles sont les situations les plus touchées ?

A ce jour, ce sont principalement les semis réalisés entre le 20 avril et les premiers jours de mai qui présentent le plus de dégâts. Pour ces situations, les cultures étaient en cours de levée (entre le 5 et le 10 mai), au moment de la brusque remontée des températures, favorables au vol de mouches.

Figure 2 : conditions climatiques rencontrées à Bignan (Morbihan) du 15 avril au 25 mai

Des températures chaudes au moment de la levée sont favorables à l’activité des mouches.

– Pour un semis au 20 avril : levée au 8 mai et stade 3 feuilles au 12 mai.
– pour un semis du 10 mai : levée vers le 20 mai et stade 3 feuilles vers le 25 mai.


En fonction des situations, les dégâts vont de 15-20 % à plus de 50 % de plantes atteintes.

Le type de protection de la semence a évidemment une importance capitale. En présence d’une protection insecticide efficace (traitement de semences Sonido), les dégâts sont fortement réduits, voire inexistants.

Tableau 1 : Incidence de la protection insecticide sur le pourcentage de dégâts dû à la mouche géomyze (comptages 25 mai 2016 sur 2 sites Arvalis, 3 répétitions, mini 3 variétés par type de protection)


Aucune intervention n’est possible à ce stade, les dégâts sont déjà faits. La seule protection efficace contre la mouche géomyze est celle utilisée au semis pour protéger la graine.

Estimer les dégâts pour resemer si nécessaire

La première chose à faire est de visiter toutes ses parcelles et d’estimer les dégâts par des comptages. Réaliser au minimum une dizaine de comptages sur 10 m² (13,3 mètres linéaire sur un rang, écartement 75 cm) dans la parcelle, à différents endroits représentatif (selon exposition, proximité d’éléments du paysage : haie ou bois…) pour avoir une estimation objective de la réalité.

Un re-semis coûte cher en semences et travaux, il faut donc vraiment juger de son utilité. En règle générale, on estime qu’un re-semis n’est intéressant que s’il ne reste dans la parcelle que moins de la moitié du peuplement prévu initialement.

Sur les plantes très espacées, on pourra observer le développement d’un deuxième épi. Mais ces épis surnuméraires ne compenseront pas entièrement le défaut de densité. La décision de ressortir le semoir dépend aussi de la régularité de répartition des plantes. 50 000 pieds bien répartis auront moins d’impact sur le rendement, et le salissement de la parcelle par les adventices, que des zones entières à faible peuplement.

Tableau 2 : densités minimales (objectif récolte) en dessous desquelles un resemis est recommandé

Les précautions à prendre en cas de re-semis

• Il est recommandé de détruire les plantes restantes, pour éviter la gêne (ombrage) occasionnée au nouveau semis.

• Variété : dans la mesure des disponibilités, resemer une variété d’indice très précoce et réduire la densité (potentiel réduit).

• Travail du sol : non labour possible en fonction de la situation. En cas de désherbage déjà réalisé en prélevée : pas de contrainte particulière, sauf si la pendimethaline a été utilisée. Faire travailler le chasse-mottes pour écarter le film de produit et éviter une phytotoxicité. On peut aussi labourer la parcelle pour diluer en profondeur le produit.

• Protection ravageur : le risque géomyze est passé, mais s’il y a un risque taupins, protéger le resemis, car les conditions peuvent encore être très favorables à l’activité de ce ravageur.

• Désherbage : à cette date, une intervention de postlevée est plus adaptée.

 

Anne-Monique Bodilis, Eric Masson, Michel Moquet, Benjamin Pointereau (Arvalis – Institut du végétal), Hélène Lagrange (Arvalis – Institut du végétal)

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