Quand votre concessionnaire John Deere met en avant son JDlink, n’y voyez pas qu’un argument marketing. Grâce à un modem disposé dans la cabine, cette option permet d’échanger quantité de données au travers des réseaux GSM. Des données que l’entreprise alsacienne Diss de Landersheim (67) partage avec son concessionnaire Haag. Un tandem capable, à l’extrême, de maintenir en pleine santé un tracteur connecté qui opère, un mois durant, à plus de 200 km de l’atelier, sur un chantier de travaux publics éprouvant.
Se diversifier est le but de toute entreprise de travaux agricoles, non seulement pour fidéliser la clientèle, mais pour mieux rentabiliser des véhicules dont la vocation n’est pas de rester sous les hangars. Bernard Diss s’est attelé à cette tâche en 2003 sur les conseils de la société alsacienne Gützwiller, qui avait développé une astucieuse technique de réfection des chemins. De fil en aiguille, Bernard et Hervé se sont rapprochés de gros acteurs du BTP comme Vinci, Eiffage ou Colas pour proposer leurs services en stabilisation des sols. Il s’agit d’animer, à l’arrière d’un puissant tracteur, une fraise de plus de 5 t, capable de mélanger la terre et un liant hydraulique (chaux vive et/ou ciment). « Les grosses entreprises ont leurs machines automotrices, mais ils doivent les déplacer sur remorque porte-chars, confie Bernard Diss, alors que nous, nous nous déplaçons facilement et acceptons les petits chantiers ». Cette diversification réussie amène les Diss à prendre du travail assez loin de leur base. Récemment, un de leurs tracteurs est parti un mois complet à 200 km de Landersheim.
La chaux, matériau ancestral et naturel, possède un pouvoir de liaison qui permet d’améliorer les sols pour les rendre aptes à la réalisation de remblais et de couches de forme. 2 heures après malaxage, l’indice de portance du sol traité est 4 à 10 fois supérieur à celui du sol non traité. La circulation des engins est donc grandement facilitée. À terme, la chaux occasionne une réaction chimique de « prise » identique à celle d’un ciment. Après 3 à 6 mois, la même réaction augmente la résistance à la compression et améliore la stabilité au gel (Source CIFATP ).
« Il faut bien comprendre qu’un chantier de TP fait intervenir plusieurs machines, explique Hervé Diss, chacune ayant un rôle bien précis : épandre, mélanger, niveler, compacter… Il n’est pas question de tomber en panne sèche à une heure de la fin de la journée ». En consultant son smartphone et l’application JDLink, Hervé dispose d’informations plus sûres sur l’autonomie de son tracteur qu’en demandant au chauffeur où en est la jauge. Il est également en mesure de fournir le positionnement GPS précis du tracteur au livreur de GNR, ce qui est précieux.
Hervé Diss se remémore avoir détecté par son smartphone un problème d’alternateur sur un véhicule : « J’ai agi immédiatement en commandant la pièce, et nous n’avons pas perdu de temps ». Idem avec un bip de recul défaillant, car on ne transige pas avec la sécurité dans le TP. « Nous avons pu l’activer avec un simple téléchargement de logiciel et une reprogrammation avec le concours de Haag ; cela a évité un déplacement superflu. Les machines sont bien sûr très chères et notre but est de travailler, c’est la raison pour laquelle la connectivité me rassure sur notre fiabilité », conclut Hervé Diss.
Le supplément de prix que les acheteurs sont prêts à payer pour les matériels d’occasion présentant un historique de maintenance et d’inspection et ayant bénéficié d’une garantie
La connectivité John Deere s’appuie sur le savoir-faire des ingénieurs qui, au-delà de l’aspect de prévention des pannes, se sont attaqués à l’analyse des performances. Un excès de patinage ou de consommation, par exemple, sera transmis au propriétaire, permettant de garder le véhicule performant et en meilleur état. Une récente étude a porté sur un large échantillon de tracteurs, ensileuses et moissonneuses-batteuses John Deere ayant bénéficié d’un historique de maintenance, d’inspections ainsi que d’une garantie. Elle a fait ressortir une valeur résiduelle jusqu’à 8% supérieure par rapport aux véhicules plus standards. Et depuis peu, les machines connectées peuvent bénéficier du suivi de la maintenance proactive, en lien avec le concessionnaire John Deere.
Geoffroy Gillot
Photo : Geoffrey Gillot et Famille Diss