Une croissance exponentielle de la production, principalement destinée à l’export
En Ukraine, la consommation de blé est stable, autour de 12 Mt par an. Et pourtant, le pays continue de produire toujours plus et s’impose au fur et à mesure des années comme une grande puissance exportatrice. Il est intéressant de rappeler qu’il y a à peine 25 ans, les Ukrainiens étaient importateurs nets de plus d’un million de tonnes par an.
Figure 1 : Evolution des volumes de blé tendre produits et exportés par l’Ukraine depuis 2010 (en milliers de tonnes)
Source USDA
Grâce à de véritables fermes-entreprises, parfois gérées par des étrangers, à la pointe de la technologie et des terres très propices aux cultures, le challenge est donc réussi. Le ministère de l’Agriculture ukrainien a annoncé que la production de céréales du pays pourrait atteindre 120 Mt d’ici 2020… Cependant, il est difficile d’imaginer que la production, et donc les exportations, de blé exploseront. Les grosses fermes du pays, qui produisent la grande majorité du blé, sont souvent déjà à leur plus haut potentiel de production.
Les débouchés du blé ukrainiens de plus en plus tournés vers l’Asie
Les volumes exportés par l’Ukraine sont passés de 5 à 17 Mt en 5 ans, avec une progression moyenne de 35 % par an jusqu’en 2015/2016. Depuis, ils semblent diminuer sensiblement (figure 1). Cette progression spectaculaire a bien évidemment eu un impact important dans les destinations des exportations du blé. En 2011/2012, l’Ukraine exportait ses 5,5 Mt surtout vers l’Afrique du Nord (notamment l’Egypte), le Proche et Moyen-Orient (Israël, Liban et Syrie) et l’UE (Espagne et Italie). Donc majoritairement les clients du blé français.
L’Asie apparaît déjà sur la moyenne 2011/16, mais cette destination explose surtout cette année avec plus de 9 Mt exportées vers ce continent (figure 2).
Malgré des volumes exportés en augmentation chez nos clients en 2016/17 (2,1 Mt en Egypte et 0,9 Mt au Maroc), la part de marché de l’Afrique du Nord dans les destinations du blé ukrainien a tendance à se rétracter (-8 %).
Le scénario aurait pu être bien plus catastrophique pour les blés français si les volumes supplémentaires de ces dernières campagnes avaient suivi les mêmes destinations…
C’est principalement le Bengladesh (1,5 Mt), la Thaïlande (1,5 Mt), l’Indonésie (1,45 Mt), et la Corée du Sud (1 Mt) qui ont absorbé les volumes.
Par ailleurs, au regard de ces destinations, on peut déduire qu’une bonne partie de ces blés sont destinés à l’alimentation animale, limitant ainsi (pour le moment) leur possibilité de s’installer davantage sur nos marchés.
Figure 2 : répartition des destinations du blé ukrainien (en milliers de tonnes sous forme de bâtons, en pourcentages sous forme de camembert) pour les campagnes 2011/12 (à gauche), la moyenne 2011/16 (au centre), 2016/17 (à droite)