Deux pays voisins, deux géants mais deux stratégies opposées. En étant le premier pays importateur au monde de nombreux produits agricoles, et notamment de céréales (jusqu’à 49 millions de tonnes -Mt), la Chine (1,3 milliard d’habitants) orchestre de nombreux marchés de commodités alors que l’Inde, davantage peuplée (1,4 milliard d’habitants), est absente sur la plupart d’entre eux. Elle achète chaque année moins d’un million de tonnes de blé, d’orges et de maïs mais elle est le premier pays exportateur au monde de riz.
Elle en vend chaque année près de 22 Mt sur les 135 Mt récoltées (l’USDA estime la production de riz Paddy à 187 Mt). Ses exportations représentent 40 % des échanges mondiaux.
La Chine dispose de stocks de céréales titanesques (314 Mt), qui lui donnent les moyens de peser sur les cours mondiaux, alors que l’Inde fonctionne en flux tendu (15 Mt). Ses stocks de riz (30 Mt) sont juste suffisants pour assurer la transition entre deux campagnes alors qu’en Chine, les réserves disponibles équivalent à huit mois de consommation courante.
Le pays le plus peuplé de la planète n’est pas le premier pays producteur au monde de blé, d’orges et de maïs. Tous grains confondus sa récolte est estimée à 160 Mt dont 105 Mt de blé et 34 Mt de maïs. En fait l’essentiel de la récolte est destiné à l’alimentation humaine (117 Mt). Les filières animales monogastriques étant peu développées, elles ne consomment que 23 Mt de grains chaque année.
Certaines années, le pays exporte quelques millions de tonnes de blé mais la quasi-totalité de la céréale récoltée (95 Mt) est essentiellement consommée par les Indiens.
A contrario, l’Inde est absente sur les marchés de colza et de soja. Ses productions de graines (respectivement 11,3 Mt et 13,3 Mt) ne permettent pas de pourvoir à ses besoins. Mais comme elle achète massivement des huiles végétales (tournesol, soja, colza, palme), ses moissons d’oléagineux déterminent chaque année ses besoins d’importations, rapporte le CIC. Par exemple, 9 Mt d’huile de Palme sont importées chaque année. Le tournesol n’est quasiment pas planté.
Quant aux cultures sarclées, l’Inde est le deuxième pays au monde producteur de pommes de terre (54 Mt). Un sixième du sucre produit dans le monde est indien (34 Mt sur 180 Mt) ce qui lui a permis d’en exporter 6,5 Mt en 2022 après 11,5 Mt en 2021 quand la Chine en importe 6,25 Mt.
Le régime alimentaire très végétarien des Indiens explique pourquoi le pays est le deuxième producteur au monde de raisin de table (11 % de la production mondiale à 2 850 Mt) ou encore de tomates (22 Mt sur 189 Mt). Autant de productions réservées, là encore, à la consommation locale.
L’Inde est le deuxième pays producteur au monde de coton derrière la Chine. Sur les 6 Mt de coton récoltées, 5 Mt sont transformées par l’industrie textile. Seule 0,4 Mt est exporté.
Exportateur de viande bovine
Pour produire du lait et de la viande, l’Inde trace sa propre voie. Le pays n’est pas en concurrence avec les autres puissances agricoles.
L’Inde produit un cinquième de la production mondiale de lait (202 millions de tonnes sur 930 Mt, selon l’Institut de l’élevage qui reprend à son compte les chiffres de la FAO (Food alimentation organisation). Mais le lait produit et collecté est réservé au marché intérieur.
En produisant quatre à cinq fois moins de viande bovine que les Etats-Unis et le Brésil, l’Inde (2,6 Mt) se hisse malgré tout à la troisième place des pays exportateurs de viande (1,4 Mt), derrière les Etats-Unis (1,7 Mt) et le Brésil (2,8 Mt).
En fait, les Indiens exportent, notamment en Chine, les animaux qu’ils ne consomment pas,
Même si l’Empire du milieu produit 7,1 Mt, ses besoins ne sont pas couverts. Aussi, il en importe 3,7 Mt, ce qui le hisse en tête des pays importateurs de viande bovine.
L’Inde est absente sur les marchés de la viande ovine et porcine. Elle est le sixième pays producteur au monde de volailles (3,8 Mt) loin derrière, là encore de la Chine (24 Mt).
Toutefois, l’Empire du milieu est le premier pays importateur au monde de cette viande (1,6 Mt) alors que l’Inde est absente sur les marchés de la viande de volailles.
L’autosuffisance du pays repose en partie sur le régime alimentaire très végétarien des Indiens. Mais le pouvoir d’achat très limité d’une partie d’entre limite aussi leurs besoins et ceux du pays.
L’autosuffisance garantit la sécurité alimentaire de l’Inde alors que les marchés agricoles sont très volatils. Elle est une des clés de son essor économique. En s’enrichissant, le pays ne devra pas y renoncer. Aussi, l’agriculture indienne se doit être plus productive sans changer de cap.
Photo : auteur Kikisora
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Parfait on pourra acheter notre lait chez les indien quand les verts et les grünen allemands auront mis tellement de contraintes aux éleveurs français que les prairies seront abandonnées.