De 11,5 € en 1999 sur 100 euros de valeurs ajoutées (1) de produits alimentaires achetés, la contribution des produits agricoles d’origine française est passée à 8,4 € en 2011 au profit de la grande distribution et des importations d’aliments et de produits intermédiaires. Et depuis, la tendance ne s’est pas inversée.
« Sur 100 € de valeurs ajoutées de produits alimentaires achetés (autrement dit de richesses créées) (1), l’agriculture française a reçu 8,4 €, les industries agroalimentaires 13,2 € et les autres industries 3,2 €. Le commerce, le transport et les autres services se sont partagé près de 37 €. Enfin, les importations totales (aliments et consommations intermédiaires) représentent 30°€. »
Ces propos sont extraits de l’étude intitulée « L’Euro alimentaire : nouvelles données et tendances ». Dirigée par Philippe Boyer pour FranceAgriMer et le ministère de l’Agriculture, celle-ci a été réalisée à partir des informations recueillies auprès de la comptabilité nationale entre 1999 en 2011. Et en décomposant les valeurs ajoutées de ces produits alimentaires d’origine agricole tout au long du processus de transformation et de distribution, il ressort que la part de la valeur ajoutée de l’agriculture a diminué de près de 25 % en douze ans. Elle est ainsi passée de 11,5 € environ pour 100 € de produits consommés à 8,4 €. Et depuis, les informations disponibles montrent que la tendance ne s’est pas inversée.
Ce recul traduit évidemment la baisse des prix agricoles consécutive à la diminution du soutien des marchés agricoles par l’Union européenne (partiellement remplacé par des soutiens directs au revenu) et du poids des charges des agriculteurs. Mais depuis 2008, l’augmentation des prix agricoles et leur volatilité n’ont pas freiné la baisse de la valeur ajoutée au sein de la filière agroalimentaire. Et à plus long terme, les résultats de l’étude de FranceAgriMer « reflètent l’incorporation croissante de biens et services divers dans l’offre alimentaire (publicité, contrôles sanitaires, emballages, degré d’élaboration…) ».
Par ailleurs, la part des produits alimentaires importés n’a cessé de croître. Ils représentent, en 2011, 15 % du montant des produits alimentaires consommés (+ 2 points en 12 ans) et surtout comme nous l’avions mentionné ci-dessus, 30 € des valeurs ajoutées (+ 5 €) pour 100 € de produits alimentaires consommés.
A 70 % d’origine européenne, ces importations traduisent à la fois l’intégration du secteur alimentaire français dans l’économie de l’Union, mais aussi la forte concurrence exercée par nos voisins de la zone euro pour ces produits « entrée de gamme », pour lesquels la France est moins compétitive.
Dans ces conditions, il n’est pas surprenant de constater que les contributions de l’industrie agroalimentaire et des services incorporés dans les produits consommés aient, en termes de valeurs ajoutées, diminué chacun de deux points entre 1999 et 2011.
En revanche, la distribution est la grande gagnante de ce transfert de valeur ajoutée. Ses marges ont augmenté de deux points. Elles équivalent à 21 % de la valeur ajoutée de l’ensemble de la filière agroalimentaire.
Autrement dit, la production de valeurs ajoutées au sein filière agroalimentaire s’est redéployée entre 1999 et 2011. Et depuis quatre ans, ce transfert ne s’est pas inversé. Il bénéficie aux exportateurs d’aliments et de produits intermédiaires en France et, à la distribution aux dépens des services, des industriels et des agriculteurs !
* (Note 1) La valeur ajoutée d’un produit est la différence entre son prix de vente et son prix d’achat. Dans le secteur agroalimentaire, elle est ainsi égale à la la richesse créée tout au long du processus de production, de transformation et de commercialisation des produits agricoles.
En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/la-ferme-france-a-perdu-10-milliards-de-valeur-ajoutee-en-10-ans/5879 (précédent article de WikiAgri sur la valeur ajoutée).
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